Méthodes de sélection des données du PMSI pour l’analyse des victimes de traumatismes : brûlures et lésions cérébrales traumatiques

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ScienceDirect www.sciencedirect.com Revue d’E´pide´miologie et de Sante´ Publique xxx (2017) xxx–xxx

Re´seau REDSIAM

Me´thodes de se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de traumatismes : bruˆlures et le´sions ce´re´brales traumatiques Methods of data selection from the French medical information system program for trauma patient’s analysis: Burns and traumatic brain injuries L.-M. Paget *, A. Dupont, G. Pe´drono, L. Lasbeur, B. The´lot Unite´ traumatismes, direction des maladies non transmissibles et des traumatismes, Sante´ publique France, 12, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Maurice, France Rec¸u le 21 octobre 2016 ; accepte´ le 11 janvier 2017

Abstract Background. – Data from the French medical information system program in medicine, surgery, obstetrics and dentistry can be adapted in some cases and under certain conditions, to account for hospitalizations for injuries. Two areas have been explored: burn and traumatic brain injury victims. Methods. – An algorithm selecting data from the Medical information system program was established and implemented for several years for the study of burn victims. The methods of selection of stays for traumatic brain injuries, which are the subject of a more recent exploration, are described. Results. – Production of results in routine on the hospitalization for burns. Expected production of results on the hospitalization for traumatic brain injuries. Conclusion. – In both cases, the knowledge obtained from these utilizations of the Medical information system program contributes to epidemiological surveillance and prevention and are useful for health care organization. # 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: Burns; Traumatic brain injury; Hospitalization; MISP; Epidemiological surveillance; Prevention

Re´sume´ Position du proble`me. – Les donne´es du Programme de me´dicalisation des syste`mes l’information en me´decine, chirurgie, obste´trique et odontologie peuvent eˆtre adapte´es, dans certains cas et sous certaines conditions, pour rendre compte des hospitalisations pour traumatismes. Deux domaines ont e´te´ explore´s : les victimes de bruˆlures et les victimes de le´sions ce´re´brales traumatiques. Me´thode. – Un algorithme de se´lection des donne´es du Programme de me´dicalisation des syste`mes d’information a e´te´ e´tabli et mis en œuvre depuis plusieurs anne´es pour l’e´tude des victimes de bruˆlures. Les me´thodes de se´lection des se´jours pour le´sions traumatiques ce´re´brales, qui font l’objet d’une exploration plus re´cente, sont de´crites. Re´sultats. – Production en routine de re´sultats sur les hospitalisations pour bruˆlures. Production a` venir de re´sultats sur les hospitalisations pour le´sions ce´re´brales traumatiques. Conclusion. – Dans les deux cas, les connaissances tire´es de ces exploitations du Programme de me´dicalisation des syste`mes d’information contribuent a` la surveillance e´pide´miologique et a` la pre´vention, et sont utiles pour l’organisation des soins. # 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Mots cle´s : Bruˆlure ; Le´sion ce´re´brale traumatique ; Hospitalisation ; PMSI ; Surveillance e´pide´miologique ; Pre´vention

* Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (L.M. Paget). http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2017.01.116 0398-7620/# 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.

Pour citer cet article : Paget L-M, et al. Me´thodes de se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de traumatismes : bruˆlures et le´sions ce´re´brales traumatiques. Rev Epidemiol Sante Publique (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2017.01.116

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1. Introduction Selon l’Organisation mondiale de la sante´ (OMS), un traumatisme est « une blessure cause´e par l’exposition aigue¨ a` des agents physiques comme l’e´nergie me´canique, la chaleur, l’e´lectricite´, les produits chimiques et les rayonnements ionisants qui interagissent avec le corps dans des proportions ou a` une vitesse qui de´passent le seuil de tole´rance humaine. Dans certains cas (noyades et gelures), les traumatismes re´sultent de la privation subite d’un agent essentiel comme l’oxyge`ne ou la chaleur » [1]. Les traumatismes correspondent a` une grande varie´te´ de troubles pour la sante´. Ils peuvent eˆtre subdivise´s en traumatismes intentionnels (suicides et tentatives de suicides, agressions et violences, faits de guerre) et non intentionnels, qui sont les accidents a` proprement parler : accidents de la circulation, accidents du travail ou accidents de la vie courante (AcVC). Pour la sante´ publique, les accidents sont analyse´s comme re´sultant de forces qui s’exercent a` l’interface de trois entite´s : le sujet, l’e´le´ment en cause (l’agent, le produit, le ve´hicule) et l’environnement (physique, culturel) [2]. La surveillance e´pide´miologique des traumatismes, et plus particulie`rement des AcVC, ne´cessite la mise en place ou l’exploitation de nombreuses sources de donne´es et de syste`mes d’information [3]. La mortalite´ est analyse´e surtout a` partir des bases des certificats de de´ce`s : les AcVC causent plus de 20 000 de´ce`s par an (sur environ 37 000 de´ce`s par traumatisme et 600 000 de´ce`s toutes causes) [4,5]. Les AcVC repre´sentent 40 % de l’activite´ des urgences, soit pre`s de cinq millions de recours par an, qui sont connus par l’Enqueˆte permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC) [6]. Les enqueˆtes transversales de sante´ en population ge´ne´rale contiennent des modules sur les AcVC (Barome`tres sante´, enqueˆtes Sante´ et protection sociale, enqueˆtes en milieu scolaire, etc.). Les syste`mes de surveillance syndromique (Oscour-Sursaud), les cohortes (Elfe), les enqueˆtes the´matiques (noyades, de´fenestrations, morsures de chiens, etc.), le suivi de volontaires sur Internet (MAVIE), etc. contribuent aussi a` la surveillance des AcVC [7]. Dans ce contexte, les donne´es du PMSI (Programme de me´dicalisation des syste`mes d’information) constituent une source irremplac¸able pour l’e´tude des hospitalisations pour AcVC (ou pour traumatismes en ge´ne´ral). Pourtant, tre`s peu d’e´quipes se sont inte´resse´es a` ce sujet en France. L’analyse des fractures du col du fe´mur a fait l’objet de publications par la Direction de la recherche, des e´tudes, de l’e´valuation et des statistiques (Drees) [8]. Les deux domaines, objet du pre´sent article, les bruˆlures et les le´sions ce´re´brales traumatiques (LCT) dans le PMSI, ont fait l’objet de travaux mene´s par le groupe de travail « Traumatologie » du re´seau Redsiam. On estime que plus de 500 personnes perdent la vie chaque anne´e pour cause de bruˆlures, dont la moitie´ environ en cours d’hospitalisation [9] ; et ce sont probablement plus de 7000 personnes qui de´ce`dent d’un traumatisme craˆnien, toutes causes confondues. Les me´thodes de se´lection des hospitalisations pour bruˆlures dans le PMSI ont fait l’objet de travaux depuis plusieurs anne´es a` l’institut de veille sanitaire (InVS, devenu Sante´ publique

France). Elles sont valide´es et stabilise´es. Un algorithme de se´lection a e´te´ retenu qui permet la production en routine par Sante´ publique France de re´sultats, par anne´e, en France me´tropolitaine et par re´gion. Ceux-ci contribuent non seulement a` la surveillance e´pide´miologique et a` la pre´vention, mais aussi a` la planification et a` l’organisation des soins. Les me´thodes de se´lection des hospitalisations de victimes de LCT ont e´te´ e´tudie´es plus re´cemment a` Sante´ publique France. Elles ont e´te´ pre´sente´es a` plusieurs congre`s et ont conduit a` retenir un algorithme de se´lection qui permettra la production de re´sultats en 2017.

2. Se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de bruˆlures 2.1. Me´thode ` l’e´tranger, quelques e´tudes ont e´te´ retrouve´es, qui avaient A pour objet l’analyse des prises en charge hospitalie`res pour bruˆlure a` partir de bases de donne´es me´dicoadministratives semblables au PMSI. Dans ces travaux, les listes de codes CIM10 utilise´s diffe`rent et ne sont jamais clairement justifie´es. Une premie`re e´tude se´lectionne l’ensemble des se´jours avec, uniquement en diagnostic principal (DP), un code entre T20 et T32, ou un code du chapitre XX (causes externes de morbidite´ et de mortalite´) renvoyant a` une bruˆlure (X00-09, X10-19, etc.) [10]. Une e´tude se´lectionne tous les se´jours avec un code entre T20 et T31, aussi bien en DP qu’en diagnostic associe´ (DA) [11]. Dans une autre e´tude, la se´lection porte sur les codes T20 a` T25 et T29 a` T31 ; cette se´lection exclut en outre les codes a` quatre caracte`res correspondant a` des corrosions (Txx.4 a` Txx.7 pour les codes T20 a` T25, T29, T30) [12]. Enfin, un dernier travail se´lectionne uniquement les se´jours avec un code entre T20 et T30, a` la fois en DP et en DA ; les codes T31 et T32, qui permettent de classer les bruˆlures (T31) et les le´sions par corrosion (T32) selon l’e´tendue de la Tableau 1 Liste des codes CIM-10 de « bruˆlures et corrosions ». Codes CIM-10

Libelle´

T20 T21 T22

Bruˆlures et corrosions de la teˆte et du cou Bruˆlures et corrosions du tronc Bruˆlures et corrosions de l’e´paule et du membre supe´rieur, sauf poignet et main Bruˆlures et corrosions du poignet et de la main Bruˆlures et corrosions de la hanche et du membre infe´rieur, sauf cheville et pied Bruˆlures et corrosions de la cheville et du pied Bruˆlures et corrosions limite´es a` l’œil et ses annexes Bruˆlures et corrosions des voies respiratoires Bruˆlures et corrosions d’autres organes internes Bruˆlures et corrosions de parties multiples du corps Bruˆlures et corrosions, partie du corps non pre´cise´e Bruˆlures classe´es selon l’e´tendue de la surface du corps atteinte Corrosions classe´es selon l’e´tendue de la surface du corps atteinte

T23 T24 T25 T26 T27 T28 T29 T30 T31 T32

Pour citer cet article : Paget L-M, et al. Me´thodes de se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de traumatismes : bruˆlures et le´sions ce´re´brales traumatiques. Rev Epidemiol Sante Publique (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2017.01.116

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surface du corps atteinte, ne sont pas utilise´s dans cet algorithme [13]. Dans le PMSI, chaque hospitalisation ou se´jour hospitalier (en abre´ge´, se´jour) donne lieu a` la production d’un re´sume´ de sortie standardise´ (RSS), qui, anonymise´, devient un re´sume´ de sortie anonyme (RSA). Les donne´es exploite´es sont donc celles de la base PMSI (court se´jour) des RSA. La CIM-10 contient les codes T20 a` T32, spe´cifiques aux bruˆlures, qui sont liste´s dans le Tableau 1. Aucun autre code de la CIM-10 ne concerne les bruˆlures en phase aigue¨. Les se´jours hospitaliers pour lesquels un code de la liste T20 a` T32 e´tait pre´sent en DP ont donc e´te´ se´lectionne´s. En retenant cette se´lection, il a e´te´ conside´re´ que si une personne e´tait hospitalise´e pour bruˆlure, elle avait ne´cessairement un code bruˆlure T20 a` T32 dans son RSA en tant que DP. Inversement, un RSA ayant un DP code´ dans cette liste signifie que la personne hospitalise´e a e´te´ victime d’une bruˆlure. Cet algorithme a permis l’exploitation en routine des se´jours pour bruˆlures ainsi de´finis, anne´e apre`s anne´e, a` partir de 2008. Par ailleurs, des re´sultats ont e´te´ e´tablis sur les personnes hospitalise´es au moins une fois dans l’anne´e pour bruˆlure, par chaıˆnage de ses diffe´rents se´jours. Pour un individu ayant effectue´ plusieurs se´jours hospitaliers pour bruˆlures dans l’anne´e, c’est le premier se´jour qui a e´te´ retenu, en faisant l’hypothe`se que le motif de prise en charge pour bruˆlures des se´jours suivants e´tait lie´ a` celui du premier se´jour. Les re´sultats pre´sente´s pour la France me´tropolitaine concernent les personnes re´sidantes et hospitalise´es en France me´tropolitaine. Les bruˆlures graves sont de´finies par consensus d’experts comme les bruˆlures remplissant l’une des trois conditions suivantes :  bruˆlures couvrant au moins 20 % de la surface du corps chez les enfants aˆge´s de moins de 5 ans ;  bruˆlures couvrant au moins 30 % de la surface du corps chez les personnes aˆge´es de 5 ans et plus ;  pre´sence de bruˆlures au niveau des voies respiratoires. Certains codes de la CIM-10 permettent de rendre compte de la gravite´ des bruˆlures : T27, T31, T32. Le degre´ de gravite´ des bruˆlures est renseigne´ en quatrie`me caracte`re, dans les codes T31.x et T32.x, ou` x repre´sente le pourcentage de surface de corps atteinte. Le code T27 rend compte d’atteinte des voies respiratoires. La pre´sence de ces codes en DP ou en DA permet donc de caracte´riser, selon la de´finition ci-dessus, une bruˆlure grave. En 2011, le codage des causes de bruˆlures a e´te´ rendu possible a` partir d’un the´saurus re´alise´ par l’agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH), InVS et la Socie´te´ franc¸aise d’e´tude et de traitement des bruˆlures (SFETB). En 2013, 56 % des se´jours en centres de traitement des bruˆle´s e´taient pourvus d’une cause et 35 % des se´jours dans les autres services. Ces pourcentages devraient augmenter dans les anne´es a` venir. Les analyses des victimes de bruˆlures a` partir des donne´es du PMSI ont fait l’objet d’une publication [14]. D’autres re´sultats sont e´galement disponibles sur le site Internet de Sante´ publique France [15].

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2.2. Discussion L’analyse des hospitalisations pour bruˆlures a ne´cessite´ de faire plusieurs choix me´thodologiques qu’il convient de discuter. Il a e´te´ de´cide´ de se limiter aux DP pour se´lectionner les se´jours pour bruˆlure, ce qui garantit que les hospitalisations analyse´es ont e´te´ directement et principalement motive´es par une bruˆlure. Cependant, dans les cas ou` les motifs d’hospitalisation sont multiples (bruˆlure accompagne´e d’autres traumatismes par exemple), un DP doit eˆtre choisi, et la bruˆlure peut eˆtre code´e en DA ou en diagnostic relie´ (DR) en cas de se´quelles. En se´lectionnant tous les se´jours dont les re´sume´s de sortie comportent un code T20 a` T32 en DP, en DA ou en DR, il y avait 15 169 hospitalisations pour bruˆlures en 2011 en France me´tropolitaine, pour les re´sidents en France me´tropolitaine, au lieu de 11 651 avec le seul DP. L’incidence de personnes hospitalise´es pour bruˆlures passe ainsi de 13,7 pour 100 000 habitants a` 17,6, soit une augmentation de 28 %. Parmi les patients dont les se´jours mentionnaient un code de bruˆlure en DA ou en DR, les plus de 50 ans, plus souvent pris en charge pour plusieurs pathologies, sont surrepre´sente´s (47 % contre 25 % avec le seul DP). Comme indique´ plus haut, la litte´rature montre qu’il n’y a pas de consensus sur le fait qu’il faille prendre seulement le DP, ou le DP et les DA (voire les DR) pour se´lectionner les se´jours hospitaliers pour bruˆlures [10–13]. Dans ces e´tudes, la quantification de l’apport des se´jours se´lectionne´s en DA par rapport a` la se´lection sur les seuls DP n’est pas pre´cise´e. Un travail, comme il a e´te´ mentionne´ pre´ce´demment, exclut les diagnostics de corrosion [12]. Sur les donne´es du PMSI 2011, il apparaıˆt que la proportion de se´jours ayant un code de corrosion en DP e´tait marginale (3,6 % des se´jours). Enfin, il a e´te´ choisi de re´aliser les exploitations du PMSI sur des pe´riodes annuelles. Or, la mesure de l’incidence peut eˆtre affecte´e par le pas de temps choisi, puisque certains patients hospitalise´s une anne´e peuvent aussi avoir e´te´ hospitalise´s l’anne´e pre´ce´dente. Des analyses comple´mentaires ont confirme´ que le nombre de patients obtenu par chaıˆnage des se´jours sur deux anne´es e´tait infe´rieur a` la somme des patients de la premie`re et de la deuxie`me anne´e. Cependant, cet e´cart e´tait faible : seulement 150 patients hospitalise´s en 2011 l’ont e´te´ en 2010, soit 1,7 % du total, ce qui affecte peu les re´sultats sur les taux d’incidence [14]. 3. Se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de le´sions ce´re´brales traumatiques 3.1. Me´thode ` l’e´tranger, quelques e´tudes ont e´te´ retrouve´es, qui avaient A pour objet d’analyser les prises en charge hospitalie`res pour « traumatismes craˆniens » (TC) a` partir de bases de donne´es me´dicoadministratives semblables au PMSI. Deux revues de la litte´rature rendent compte des publications sur ce sujet [16,17]. Il ressort globalement que les codes CIM-10 retenus sont d’une grande he´te´roge´ne´ite´ et qu’ils font rarement l’objet de justification ou de validation e´pide´miologiques. Dans ces

Pour citer cet article : Paget L-M, et al. Me´thodes de se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de traumatismes : bruˆlures et le´sions ce´re´brales traumatiques. Rev Epidemiol Sante Publique (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2017.01.116

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e´tudes, les de´finitions des TC, lorsqu’elles sont explicite´es, sont he´te´roge`nes. Certains travaux donnent une de´finition tre`s large du TC et utilisent le terme « head injury », d’autres, utilisent le terme a priori plus restrictif de « traumatic brain injury » (TBI). Ne´anmoins, le concept de TBI recouvre des acceptions diffe´rentes en anglais, et ses diffe´rentes traductions en franc¸ais sont discutables. Une e´tude portant sur la mortalite´ par TC au sens de « head injury » utilise l’ensemble des codes de le´sions traumatiques a` la teˆte (codes S00 a` S09). D’autres travaux au contraire utilisent des listes de codes tre`s restreintes. Ainsi, Larsson et al. [18] retiennent uniquement les codes S06.2 et S06.3 mais leur e´tude est tre`s spe´cifique et a pour objectif de de´terminer les facteurs associe´s aux arreˆts maladie de longue dure´e apre`s un TC. Peloso et al. [19], quant a` eux, retiennent uniquement le code S06.0 mais leur e´tude porte spe´cifiquement sur les TC le´gers. En revanche, il y a un consensus pour inclure syste´matiquement les codes S06 dans les se´lections. Les de´finitions cliniques du TC sont nombreuses. Cependant, il y a un consensus pour conside´rer que dans un TC, ce qui le plus pre´occupant est la pre´sence ou non d’une le´sion ce´re´brale traumatique (LCT), davantage que les le´sions de la boıˆte craˆnienne, plaies ou fractures. Un TC, ou des le´sions de la boıˆte craˆnienne, ne sont pas toujours accompagne´s de le´sions ce´re´brales. Inversement, des le´sions ce´re´brales peuvent survenir sans le´sion de la boıˆte craˆnienne. Le choix a donc e´te´ fait de se baser sur la de´finition propose´e par le « common data element group » [20], qui de´finit les TC comme e´tant une alte´ration du fonctionnement ce´re´bral due a` une force exte´rieure. Le « TC » est alors en re´alite´ une LCT, notion plus proche du TBI, dans une de ses acceptions. On de´crit dans ce qui suit la me´thode de se´lection retenue pour rendre compte des hospitalisations pour LCT dans le PMSI. ` partir des codes CIM-10 utilise´s dans la litte´rature pour A ´ selectionner les LCT, trois algorithmes de se´lection ont e´te´ retenus (Tableau 2) :  un algorithme utilisant les codes syste´matiquement retenus (codes SYR) dans la litte´rature pour se´lectionner les LCT : algorithme A ;  un algorithme utilisant les codes de l’algorithme A et d’autres codes souvent retenus (codes SR) dans la litte´rature pour se´lectionner les LCT : algorithme B ;  un algorithme utilisant les codes de l’algorithme B et d’autres codes rarement retenus (codes RR) dans la litte´rature pour se´lectionner les LCT : algorithme C. La se´lection des se´jours a e´te´ effectue´e sur le DP et les DA dans le PMSI (court se´jour). Une analyse des donne´es de l’anne´e 2013 a e´te´ mene´e pour rendre compte de la qualite´ des diffe´rentes se´lections possibles (spe´cificite´, sensibilite´). Les re´sultats sont pre´sente´s ci-dessous (Tableau 3) :  en 2013, en France me´tropolitaine, selon l’algorithme retenu, le nombre d’hospitalisations (se´jours) pour LCT oscille entre 142 981 et 155 741 ;  le nombre de se´jours augmente de 3,5 % lorsqu’on passe de l’algorithme A a` l’algorithme B ;

Tableau 2 Liste des codes CIM-10 des diffe´rents algorithmes, en diagnostic principal et diagnostics associe´s. Algorithmes

Codes syste´matiquement retenus (SYR) S06. . . Le´sions traumatiques intracraˆnienne Codes souvent retenus (SR) S02.0 Fracture de la vouˆte du craˆne S02.1 Fracture de la base du craˆne S02.41 Fracture ouverte des os malaires et maxillaires S02.7 Fractures multiples du craˆne et des os de la face S02.8 Fractures d’autres os du craˆne et de la face S04.0 Le´sion traumatique du nerf et des voies optiques S07.1 E´crasement du craˆne Codes rarement retenus (RR) S02.3 Fracture du plancher de l’orbite S02.4 (hors S024.1) Fracture des os malaires et maxillaires S02.9 Fracture du craˆne et des os de la face, partie non pre´cise´e S07.0 E´crasement de la face S07.8 E´crasement d’autres parties de la teˆte S07.9 E´crasement de la teˆte, partie non pre´cise´e S09.7 Le´sions traumatiques multiples de la teˆte

A

B

C

&

&

&

& & & & & & &

& & & & & & & & & & & & & &

Tableau 3 Re´partition du nombre de se´jours par algorithme de se´lection de codes en DP et/ ou en DA, PMSI, France me´tropolitaine, 2013. Algorithmes

Total Codes SYR Codes SR Codes RR

A n (%)

B n (%)

C n (%)

142 981 (100 %) 142 981 (100 %)

148 212 (100 %) 142 981 (96,5 %) 5231 (3,5 %)

155 741 (100 %) 142 981 (92,7 %) 5231 (3,4 %) 6079 (3,9 %)

 le nombre de se´jours augmente de 9 % lorsqu’on passe de l’algorithme A a` l’algorithme C. Entre les algorithmes B et C, l’e´cart est de 3,9 %. Au vu de ces re´sultats, on retient que 142,981 se´jours, se´lectionne´s par l’algorithme A, sont dus a` des LCT. Parmi les codes RR, les S02.3 (fracture du plancher de l’orbite) et S02.4 (fracture des os malaires et maxillaires) sont les plus souvent utilise´s, en DP et/ou DA, parmi les se´jours qui ne comportent pas, par ailleurs, de code S06. Le libelle´ de ces codes ne suppose pas que les personnes atteintes aient e´te´ victimes d’une le´sion ce´re´brale. Autrement dit, dans la majorite´ de ces cas, il est sans doute justifie´ de ne pas trouver de code S06. Les 6079 se´jours supple´mentaires de l’algorithme C par rapport a` l’algorithme B sont vraisemblablement en grande majorite´ des vrais ne´gatifs. Les codes SR, selon leurs libelle´s (Tableau 2), sont plus e´vocateurs d’une le´sion ce´re´brale associe´e, qu’il s’agisse par

Pour citer cet article : Paget L-M, et al. Me´thodes de se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de traumatismes : bruˆlures et le´sions ce´re´brales traumatiques. Rev Epidemiol Sante Publique (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2017.01.116

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exemple d’une fracture de la vouˆte ou de la base du craˆne. C’est ce que l’on retrouve dans la litte´rature et ce qui est confirme´ par l’avis de cliniciens : une LCT est tre`s souvent associe´e aux fractures de la vouˆte du craˆne (S02.0) ou de sa base (S02.1), ainsi qu’aux e´crasements du craˆne (S07.1) et de la face (S07.0). L’association avec les fractures du plancher de l’orbite (S02.3) fait de´bat. Dans ces conditions, on peut conside´rer que dans certains cas le code S06 manque a` juste titre, et que dans d’autres cas, il aurait duˆ eˆtre utilise´. Mais il est impossible, hors recours aux dossiers me´dicaux, de quantifier l’impre´cision du codage. Sous re´serve d’autres investigations a` mener, ces e´le´ments conduisent a` estimer que l’algorithme A permet de se´lectionner de l’ordre de 96 % des se´jours pour LCT.

3.2. Discussion Guide´s par les enseignements de la litte´rature (on a vu plus haut que les codes S06 sont syste´matiquement retenus pour se´lectionner les se´jours pour TC [16,17]), les e´changes avec des cliniciens et l’exploration des donne´es du PMSI de 2013, nous avons choisi de nous restreindre aux codes S06 pour se´lectionner les se´jours pour LCT dans le PMSI. Ces codes S06 sont les seuls codes de la CIM-10 spe´cifiques aux le´sions ce´re´brales d’origine traumatique aigue¨. En analysant les donne´es du PMSI de 2013 se´lectionne´es avec les codes S06 en DP ou en DA, il y avait 142 981 se´jours, repre´sentant 92,7 % de l’ensemble des se´jours obtenus en retenant les codes S06 et tous les codes de le´sion traumatique de la teˆte potentiellement associe´s a` une LCT. En re´alite´, la prise en compte du libelle´ des codes, des re´sultats de la litte´rature et d’avis de cliniciens a conduit a` e´carter de la se´lection les codes autres que S06, ce qui assure une se´lection de l’ordre de 96 % des se´jours pour LCT. Des analyses de dossiers me´dicaux ont e´te´ mene´es dans trois centres hospitaliers, a` Annecy, Tours et Verdun, sur des listes de codes qui comprenaient le S06 et/ou d’autres codes. Ces analyses ont montre´ qu’au minimum 89 % des se´jours se´lectionne´s avec les codes S06 e´taient des LCT. Les discussions avec les cliniciens ont confirme´ que le terme TC e´tait d’un emploi tre`s large et ne renvoyait pas ne´cessairement a` une LCT. Si, actuellement, la se´lection des se´jours a` partir des codes S06 conduit a` exclure moins de 5 % de se´jours pour LCT, des recommandations concernant le codage des TC au sens de LCT permettraient de diminuer cette proportion de fauxne´gatifs. La se´lection des se´jours a e´te´ effectue´e sur le DP et les DA dans le cadre de ces analyses exploratoires. En effet, en cas d’atteinte multiple, le code signifiant la pre´sence d’une LCT peut eˆtre utilise´ en DA, et non en DP, et cette situation est fre´quente chez les polytraumatise´s. Se limiter aux seuls DP ge´ne´rerait de nombreux faux-ne´gatifs. En revanche, il a e´te´ choisi de ne pas retenir les DR pour la se´lection car on cherche a` analyser les patients hospitalise´s en phase aigue¨ et non pour des se´quelles.

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4. Conclusion Les donne´es du PMSI permettent de quantifier avec exhaustivite´ les hospitalisations pour bruˆlure dans la mesure ou` les codes relatifs aux bruˆlures sont peu nombreux et clairement de´finis dans la CIM-10. L’analyse des hospitalisations pour bruˆlure a conduit a` faire plusieurs choix me´thodologiques. En particulier, afin de garantir que les hospitalisations e´taient directement et principalement motive´es par une bruˆlure, il a e´te´ de´cide´ de se´lectionner les se´jours uniquement sur le DP. Ainsi, les analyses des donne´es du PMSI sur les victimes de bruˆlures, depuis 2008, ont contribue´ a` la surveillance e´pide´miologique et a` l’organisation des soins hospitaliers. Concernant les hospitalisations pour LCT, plusieurs arguments justifient le choix de retenir uniquement les codes S06 pour leur analyse dans le PMSI. Si des investigations comple´mentaires peuvent s’ave´rer ne´cessaires pour confirmer ce choix, cette se´lection permet de´ja` d’assurer la surveillance e´pide´miologique des patients hospitalise´s pour LCT et de produire les indicateurs correspondants : incidence hospitalie`re, re´partitions par aˆge, dure´es de se´jour, gravite´, etc., selon les anne´es et les territoires (re´gions, de´partements. . .). Les appariements avec d’autres bases (EPAC, Sniiram, etc.) permettront de rendre compte des causes des LCT et de leur devenir. De´claration de liens d’inte´reˆts Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts. Remerciements H. Kouadio, J. Maheut-Lourmie`re, E. Rusch, CHU de Tours ; C. Jourdan, CHU de Montpellier ; X. Courtois, M.A. Destrez, F.-X. Ageron, centre hospitalier Annecy-Genevois ; N. Petit, centre hospitalier de Verdun; M. Herida, Sante´ publique France, pour sa relecture du manuscrit. Re´fe´rences [1] Baker SP. The injury fact book. 2nd ed, USA: Oxford University Press; 1992, 368 p. [2] Haddon Jr W. A logical framework for categorizing highway safety phenomena and activity. J Trauma Acute Care Surg 1972;12(3):193–207. [3] McClure R, Stevenson M, Mc Evoy S. Scientific basis of injury prevention and control. Melbourne: IP Communications; 2004, 398 p. [4] Site de Sante´ publique France, Mortalite´ par traumatismes en France me´tropolitaine [En ligne]. [modifie´ le 21/04/2016; cite´ le 07/11/2016]. Disponible : http://invs.santepubliquefrance.fr//display/?doc=applications/mortalite_traumatismes/index.htm. [5] Barry Y, Lasbeur L, The´lot B. Mortalite´ par accident de la vie courante en France me´tropolitaine, 2000-2008. Bull Epidemiol Hebd 2011;(29– 30):328–32. [6] Pedrono G, Bouilly M, The´lot B. Enqueˆte permanente sur les accidents de la vie courante (EPAC). Re´sultats 2010 en France me´tropolitaine. SaintMaurice: Institut de veille sanitaire; 2016, 100 p. [7] Site de Sante´ publique France, Traumatismes [En ligne]. [modifie´ le 08/06/ 2016 ; cite´ le 7/11/2016]. Disponible : http://invs.santepubliquefrance.fr/ Dossiers-thematiques/Maladies-chroniques-et-traumatismes/Traumatismes. [8] Oberlin P, Mouquet M. Quel risque de de´ce`s un an apre`s une fracture du col du fe´mur ? Etudes Result 2016;948. Drees.

Pour citer cet article : Paget L-M, et al. Me´thodes de se´lection des donne´es du PMSI pour l’analyse des victimes de traumatismes : bruˆlures et le´sions ce´re´brales traumatiques. Rev Epidemiol Sante Publique (2017), http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2017.01.116

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