Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population française

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ARTICLE IN PRESS

CND-262; No. of Pages 10

Cahiers de nutrition et de diététique (2015) xxx, xxx—xxx

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ALIMENTS

Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise A 7-day food intake survey shows low consumption of whole grains in the French population France Bellisle a,∗, Pascale Hébel b, Justine Colin b, Béatrice Reyé c, Sinead Hopkins c a

UMR U557 Inserm, U1125 INRA, CNAM, épidémiologie nutritionnelle, université Paris 13, CRNH-IdF, 93017 Bobigny, France b CREDOC (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), 142, rue du Chevaleret, 75013 Paris, France c Cereal Partners Worldwide, Lausanne, Suisse Rec ¸u le 20 novembre 2014 ; accepté le 6 janvier 2015

MOTS CLÉS Céréales complètes ; Enquête alimentaire ; Population franc ¸aise

KEYWORDS Wholegrain; Dietary survey; French population



Résumé La consommation de céréales complètes (CC) en France a été étudiée à partir d’une enquête alimentaire de sept jours dans un échantillon représentatif d’enfants, adolescents et adultes. Une attention particulière a été apportée à l’identification de tous les apports en CC. Chez plus de la moitié des participants, aucune consommation de CC n’a été déclarée. Chez les autres participants, les niveaux de consommation sont bas (environ 9,1 g/j chez les enfants, 14,4 g/j chez les adultes). Les sources principales de CC sont les céréales de petit-déjeuner et le pain. Les consommateurs de CC ont une alimentation plus riche en fibres et en certains minéraux et vitamines. Chez les adultes mais pas chez les enfants, la probabilité d’être obèse ou en surpoids est d’autant plus faible que la consommation de CC est élevée. © 2015 Publi´ e par Elsevier Masson SAS pour la Société française de nutrition.

Summary The present study examines wholegrain intake in France on the basis of a 7-day dietary survey in a representative sample of children, adolescents, and adults. Special care was employed to identify all wholegrain consumption. Over half of the respondents did not report any intake of wholegrain. In participants who did, consumption levels were very low (about 9.1 g day in children, and 14.4 g in adults). Main food sources of wholegrain were

Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Bellisle).

http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005 0007-9960/© 2015 Publi´ e par Elsevier Masson SAS pour la Société française de nutrition.

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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F. Bellisle et al. breakfast cereals and bread. Consumers of wholegrain had higher daily intakes of fibre and several vitamins and minerals than non-consumers. In adults but not in children, the odds ratio for overweight/obesity decreased significantly as the level of wholegrain consumption increased. © 2015 Published by Elsevier Masson SAS on behalf of Société française de nutrition.

Introduction L’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise l’augmentation de la consommation de céréales complètes (CC) afin de diminuer l’obésité, les maladies cardiovasculaires et le diabète [1]. En France, le Plan national nutrition santé (PNNS) recommande de consommer des féculents à chaque repas (dont des produits céréaliers) et de choisir de préférence les « aliments complets » [2]. L’objectif de la présente étude était de quantifier la consommation de CC chez les enfants et adultes franc ¸ais. Les associations entre consommation de CC, apports nutritionnels et statut pondéral ont été examinées. Les données sont issues de l’étude comportements et consommations alimentaires en France (CCAF) réalisée en 2009—2010 par le centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC).

Matériel et méthodes Population L’enquête a été réalisée conformément à la méthodologie du CREDOC [3] entre octobre 2009 et juillet 2010 auprès de 1222 ménages franc ¸ais, sur tous les individus du foyer âgés de 3 ans et plus. Afin d’avoir suffisamment d’individus âgés de 3 à 19 ans, un sur-échantillon de 828 jeunes a été interrogé. Le recrutement a été assuré par la méthode de stratification géographique (région et taille d’agglomération) et des quotas (âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle et taille du ménage). Pour l’analyse présentée ici, l’échantillon a été subdivisé en trois tranches d’âge : enfants (3—12 ans, n = 855), adolescents (13—17 ans, n = 316) et adultes (18 ans et plus, n = 1389). L’enquête comportait une interview en face-à-face et un semainier alimentaire. Au cours de l’interview, les participants ont déclaré leurs poids et taille, le temps consacré à diverses activités physiques et le temps passé devant un écran. Les participants ont ensuite rempli un carnet de consommation sur 7 jours consécutifs. Les consommations des enfants de moins de 9 ans ont été déclarées par les parents ; les enfants de 9 ans et plus ont rempli eux-mêmes le semainier. Ont été exclus de l’étude les adultes déclarant des apports énergétiques inférieurs à 1,05 fois le métabolisme basal selon l’équation de Schofield [4]. Parmi les participants exclus, la proportion de personnes en surcharge pondérale ou obèse (Indice de masse corporelle [IMC] > 25 kg/m2 ) était plus élevée que parmi les participants inclus (Chi2 ; p < 0,05) mais le sexe et le niveau d’éducation n’étaient pas significativement différents.

Quantification de la consommation de CC (quantités et fréquence) La table de composition des aliments du CREDOC contient 38 groupes d’aliments. La présence d’aliments contenant des CC (blé, avoine, orge, riz, maïs, sarrasin, quinoa, boulgour, millet, épeautre et amarante) a été recherchée dans ces groupes d’aliments. Tous les aliments contenant des CC, sans limite minimale, ont été inclus dans le calcul. La présence de CC a été identifiée dans sept groupes : « biscuits », « céréales de petit-déjeuner », « pain-biscottes », « pâtes », « plats composés », « riz et semoule », « produits sucrés » (incluant les barres de céréales et le pop-corn). Au sein du groupe « sandwiches », seuls quelques aliments consommés contenaient des CC. Dans ces rares cas (n = 12), la consommation de CC a été ajoutée aux apports de « painbiscottes ». La teneur en CC des aliments a été obtenue à partir des déclarations quantitatives d’ingrédients (QUID) présentées sur l’étiquetage (52 % de tous les aliments consommés). Lorsque la marque ou le QUID n’étaient pas disponibles, la teneur en CC a été estimée à partir de la composition de produits semblables : produits de même marque disposant d’un QUID (14 % des aliments consommés), liste d’ingrédients semblable, ou appellation/description du produit semblable (34 % des aliments). La consommation totale de CC a été calculée en quantité (grammes par jour) et en fréquence (nombre de consommations par semaine) pour la population totale et chez les seuls consommateurs. Les consommateurs sont les participants ayant déclaré au moins une consommation de CC pendant la semaine d’enquête.

Statut pondéral Chez l’adulte, les valeurs d’IMC comprises entre 18,5 et 25 kg/m2 ont été considérées comme normales. La surcharge pondérale est définie par des valeurs d’IMC entre 25 et 30 kg/m2 et l’obésité par un IMC supérieur à 30 kg/m2 . Chez l’enfant, le statut pondéral a été défini à partir des courbes de croissance et des valeurs limites pour tous les âges publiées par Cole et al. [5].

Statistiques Le logiciel SAS 9.2 a été utilisé pour les analyses statistiques (SAS Institute Inc., Cary, NY, États-Unis). Les moyennes et erreurs standard de la consommation de CC ont été calculées en fonction du sexe, du groupe d’âge, du niveau d’éducation, du type de consommation, du lieu, et du jour de la semaine dans la population totale et chez les

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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Tableau 1 Analyse descriptive de la consommation de CC (g/j) chez les enfants (+ adolescents) franc ¸ais (population totale et seuls consommateurs) (nombre d’enfants + adolescents et pourcentages, moyennes, erreurs standard, médianes et 95e percentiles). Population totale (n = 1171) n 1171 Tous les enfants (3—17 ans) Âge 3—6 ans 354 7—12 ans 501 316 13—17 ans Sexe Garc ¸ons 596 Filles 575 Niveau d’éducation Inférieur au 622 baccalauréat 549 Baccalauréat et supérieur Région Région 188 parisienne Nord 588 395 Sud Semaine versus weekend 1171 Jours de semaine Weekend 1171

Consommateurs (n = 532 ; 45 %)

%

Moyenne esm médiane p95



4,1

0,3

0,0

20,5

30 % 3,0 43 % 3,7 27 % 5,3

0,3 0,4 0,6

0,0 0,0 0,0

14,4 17,9 25,9

51 % 4,1 49 % 4,0

0,3 0,4

0,0 0,0

20,6 19,1

p

n 532

%

Moyenne esm médiane p95 9,0

0,5

5,4

26,4

0,077

p

0,001 164 239 129

31 % 6,4a 45 % 8,0a 24 % 12,9b

0,5 0,7 1,3

4,5 5,0 7,5

19,1 22,5 39,6

273 259

51 % 9,1 49 % 9,0

0,6 0,8

5,4 5,4

25,9 26,5

0,767

0,614

0,006

0,068

53 % 3,4a

0,3

0,0

18,3

262

49 % 8,3

0,7

4,6

23,9

47 % 4,7b

0,4

0,0

22,2

270

51 % 9,5

0,7

5,8

26,5

16 % 2,5a

0,4

0,0

13,3

65

12 % 7,1

1,0

4,4

22,2

50 % 3,7a 34 % 5,4b

0,3 0,6

0,0 0,0

20,6 21,4

275 192

52 % 8,0a 36 % 11,1b

0,5 1,1

5,6 5,4

23,8 39,6

0,000

0,004

0,209

0,003

3,9

0,2

0,0

20,7

464

87 % 10,0a

0,5

6,3

30,0

4,4

0,4

0,0

20,6

312

59 % 16,0b

1,3 10,3

45,3

ANCOVA, ajustée sur les apports énergétiques—test post-hoc de Bonferroni. Le niveau d’éducation est le diplôme le plus élevé obtenu par la personne de référence du foyer. a,b Les moyennes avec des exposants différents sont significativement différentes.

seuls consommateurs. Les différences de proportions ont été testées avec le Chi2 . Les différences quantitatives ont été testées avec le modèle linéaire généralisé (PROC GLM) ajusté sur la ration énergétique (ANCOVA) ou sur l’âge et le sexe (MANCOVA). Une analyse en tertiles de consommation de CC a aussi été réalisée. La correction de Bonferroni a été appliquée pour les comparaisons multiples. Une régression logistique a été réalisée afin d’explorer les associations existant entre la consommation de CC et le statut pondéral. La prévalence de l’obésité chez les participants étant trop faible pour permettre une régression logistique, l’obésité a été agrégée à la surcharge pondérale dans l’analyse. Le rapport des cotes (Odds Ratio, OR) et son intervalle de confiance (IC) associés au risque de surcharge pondérale/obésité ont été calculés pour chaque niveau de consommation de CC à l’aide de régressions logistiques, ajustées sur l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, la région d’habitation, le niveau d’activité physique (chez l’adulte seulement à cause de données manquantes chez les enfants), le statut tabagique (adultes seulement) et la ration énergétique. Les moyennes, erreurs standard et/ou les médianes et percentiles sont présentés dans le texte, les tableaux et figures. Le niveau de significativité a été fixé à p < 0,05.

Résultats Consommation de CC Les Tableaux 1 et 2 présentent les consommations journalières de CC (g/j) chez les enfants (incluant les adolescents) et les adultes, respectivement. Une majorité d’enfants + adolescents (55 %) et d’adultes (68 %) n’a déclaré aucune consommation de CC. Chez les consommateurs de CC, la consommation moyenne varie selon l’âge. Les adolescents de 13—17 ans en consomment plus (12,9 ± 1,3 g/j) que les 3—6 ans (6,4 ± 0,5 g/j) ou les 7—12 ans (8,0 ± 0,7 g/j) (p < 0,001). Chez les adultes, la consommation augmente non significativement avec l’âge avec une moyenne de 11,2 ± 0,9 g/j chez les 24—34 ans et de 17,6 ± 4,3 g/j chez les 75 ans et plus (p = 0,054). Parmi les consommateurs de CC, le sexe n’influence pas significativement la consommation. Les quantités de CC consommées sont significativement plus élevées au Sud qu’au Nord de la France (11,1 ± 1,1 versus 8,0 ± 0,5 g/j chez les enfants + adolescents et 17,0 ± 1,5 versus 11,6 ± 1,1 g/j chez les adultes). Dans l’échantillon total, les enfants + adolescents de parents plus diplômés (baccalauréat et supérieur)

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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F. Bellisle et al. Tableau 2 Analyse descriptive de la consommation de CC (g/j) chez les adultes franc ¸ais (population totale et seuls consommateurs) (nombre d’adultes et pourcentages, moyennes, erreurs standard, médianes et 95e percentiles). Population (n = 1389) n Tous les 1389 adultes (18 ans+) Âge 24—34 ans 449 35—54 ans 497 55—74 ans 372 75 ans + 71 Sexe Hommes 588 801 Femmes Niveau d’éducation Inférieur au 717 baccalauréat 672 Baccalauréat et supérieur Région Région 222 parisienne Nord 646 521 Sud Semaine versus weekend 1389 Jours de semaine 1389 Weekend

Consommateurs (n = 460 ; 32 %)

%

moy

esm médiane p95



4,7

0,3

0,0

26,4

32 % 36 % 27 % 5%

4,5 5,2 4,3 4,0

0,5 0,7 0,6 1,3

0,0 0,0 0,0 0,0

25,2 30,0 26,4 23,2

0,5 0,5

0,0 0,0

25,4 27,3

p

%

moy

esm médiane p95

460



14,4

0,8

8,1

51,8

184 162 97 17

40 % 35 % 21 % 4%

11,2 15,6 16,4 17,6

0,9 6,6 1,7 7,8 1,8 9,9 4,3 13,7

33,1 57,0 50,7 82,0

165 295

36 % 64 %

13,8 14,8

1,3 1,1

51,8 53,3

0,684

0,267 7,7 8,3

0,033

0,169

52 % 4,0a

0,4

0,0

22,6

185

40 %

15,9

1,5

8,6

56,6

48 % 5,4b

0,5

0,0

30,0

275

60 %

13,4

1,0

7,5

49,5

16 % 5,0a,b

0,8

0,0

27,0

79

17 % 14,2a,b

1,9

6,9

49,5

47 % 3,1a 38 % 6,5b

0,4 0,7

0,0 0,0

17,4 39,6

185 196

40 % 11,6a 43 % 17,0b

1,1 1,5

7,5 9,7

40,3 56,6

0,000

0,016

0,001

0,347

5,0a

0,4

0,0

27,8

410

17,2

1,1

9,7

62,5

3,9b

0,3

0,0

29,0

256

21,4

1,2 15,0

62,3

consomment plus de CC que les autres (4,7 ± 0,4 versus 3,4 ± 0,3 g/j, respectivement, p = 0,006) mais cette différence n’est plus significative chez les seuls enfants + adolescents consommateurs de CC (9,5 ± 0,7 versus 8,3 ± 0,7 g/j, respectivement) (p = 0,068). Parallèlement,

p

0,054

0,001 42 % 3,9a 58 % 5,4b

ANCOVA, ajustée sur les apports énergétiques—test post-hoc de Bonferroni. significativement différentes.

Figure 1.

n

a,b

Les moyennes avec des exposants différents sont

dans l’échantillon total d’adultes, la consommation de CC est plus élevée chez les participants les plus diplômés (5,4 ± 0,5 versus 4,0 ± 0,4 g/j, p = 0,033), différence qui ne se retrouve pas de fac ¸on significative chez les seuls consommateurs de CC (13,4 ± 1,0 versus 15,9 ± 1,5 g/j

Percentiles de la consommation de CC chez les enfants (+ adolescents) et les adultes franc ¸ais (consommateurs seulement).

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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Figure 2. Contribution (%) des différents groupes d’aliments aux apports totaux de CC chez les enfants, adolescents et adultes (seuls consommateurs).

respectivement chez les participants ayant ou n’ayant pas obtenu le baccalauréat, p = 0,169). Chez les enfants + adolescents, la consommation moyenne de CC est plus élevée durant le week-end (16,0 ± 1,3 g/j) que pendant la semaine (10,0 ± 0,5 g/j) (p = 0,003) mais cette différence ne se retrouve pas chez les adultes (21,4 ± 1,2 versus 17,2 ± 1,1 g/j, respectivement, p = 0,347). L’activité physique, le temps passé devant les écrans et le statut tabagique n’ont aucun impact sur les consommations de CC (résultats non présentés). La Fig. 1 présente les percentiles de consommation de CC chez les enfants + adolescents et chez les adultes consommateurs. Plus de la moitié des consommateurs de CC ont des apports inférieurs à 10 g/j. Le 95e percentile atteint 26 g/j et 52 g/j chez les enfants + adolescents et les adultes respectivement. Dans la population totale, la fréquence moyenne des consommations de CC est de 1,6 prise par

semaine chez les enfants et chez les adolescents et 1,2 chez les adultes. Dans l’échantillon des seuls consommateurs, ces fréquences augmentent jusqu’à 3,3, 3,8 et 3,6 prises par semaine, respectivement. La consommation de CC se produit principalement au domicile (87 % chez les enfants + adolescents et 91 % chez les adultes). Chez les enfants + adolescents plus de la moitié des apports en CC (60 %) est consommée au petit-déjeuner et 17 % au dîner. Les apports au déjeuner (9 %) et au goûter (12 %) sont plus faibles. Chez les adultes, la plus grande partie des apports quotidiens en CC est consommée au petit-déjeuner (47 %) et le reste se distribue entre le déjeuner (20 %) et le dîner (26 %). La Fig. 2 montre les sources alimentaires de CC. Les céréales de petit-déjeuner représentent la moitié des apports chez les enfants et les adolescents alors que le pain et les biscottes sont la source principale de CC chez les adultes (55 %). La Fig. 3

Figure 3. Apports de CC (g/j) par groupe d’aliments chez les enfants + adolescents et chez les adultes (seuls consommateurs de chaque groupe d’aliments). Les pourcentages d’enfants et d’adultes qui consomment chaque groupe d’aliments sont indiqués sous chaque barre. Les données recueillies chez les adolescents sont regroupées avec celles des enfants à cause d’effectifs trop faibles dans certaines catégories d’aliments.

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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montre les consommations de CC provenant de différents groupes d’aliments chez les seuls consommateurs de ces groupes d’aliments. Le pain et les biscottes contribuent le plus aux apports totaux en CC (14 g/j chez les 16 % d’enfants + adolescents consommateurs de pain et biscottes à base de CC, et 18 g/j chez les 43 % d’adultes consommateurs). Les biscuits pour leur part n’apportent que 3 et 4 g/j chez les enfants + adolescents (24 %) et les adultes (15 %) consommateurs respectivement. Le blé est la source principale de CC, représentant 72 %, 76 % et 64 % des apports chez les enfants, les adolescents et les adultes respectivement. L’avoine représente 8—15 % et le sarrasin 7—9 %.

L’alimentation des consommateurs et non-consommateurs de CC Le Tableau 3 présente les apports en énergie et nutriments chez les enfants (incluant les adolescents) et les adultes en fonction du niveau de consommation de CC. Les apports énergétiques ne varient pas entre niveaux de consommation de CC mais des différences existent pour plusieurs nutriments. Chez les enfants (incluant les adolescents) et les adultes, les apports moyens en fibres, en vitamines B1, B2, B3, B5, B6, B9, et C, en calcium, fer, magnésium et manganèse augmentent en fonction du niveau de consommation de CC. Chez les adultes seulement, les apports moyens en bêta-carotène, potassium et cuivre augmentent significativement avec le niveau de consommation de CC. Chez les enfants + adolescents et chez les adultes, les apports en sucres simples sont plus élevés chez les consommateurs de CC mais il n’existe pas de différence d’apports en lipides. Les choix d’aliments sont aussi différents entre consommateurs et non-consommateurs de CC. Les enfants, adolescents et adultes consommateurs de CC ingèrent significativement plus de produits laitiers et de légumes. Les adultes consommateurs de CC ingèrent aussi plus de fruits et de poisson mais moins de viande que les non-consommateurs (données non présentées).

IMC et consommation de CC Le Tableau 4 présente la prévalence combinée de la surcharge pondérale et de l’obésité chez les nonconsommateurs et consommateurs de CC enfants (incluant les adolescents) et adultes. La probabilité d’être obèse ou en surcharge pondérale chez les adultes non consommateurs de CC est de 1,7 (IC 95 % 1,1 ≤ OR ≤ 2,5 ; p = 0,044) comparée à celle des adultes dans le tertile supérieur de consommation de CC. Des ajustements additionnels sur les apports en fruits, légumes et produits laitiers ne modifient pas ces effets. Le résultat n’est pas significatif chez les enfants + adolescents.

La consommation de CC et les recommandations Le nombre de portions journalières de féculents (produits céréaliers, pommes de terre, légumes secs) consommées par les enfants, les adolescents et les adultes est de 2,6, 3,5 et 3,7 respectivement. Ces chiffres correspondent à la fréquence recommandée par le PNNS. Cependant, la fréquence de consommation de produits à base de CC est faible pour le pain et les biscottes, les pâtes, le riz et la semoule (environ 2—4 % de toutes les portions). Seules les céréales

de petit-déjeuner consommées par les enfants, les adolescents et les adultes contiennent plus souvent des CC (34 %, 46 % et 61 % des occasions, respectivement).

Discussion L’étude nationale CCAF 2010 montre que les enfants, adolescents et adultes franc ¸ais consomment des quantités très faibles de CC. Moins de la moitié des répondants, dans toutes les tranches d’âge, a consommé des CC sur les sept jours de l’enquête. Chez les personnes qui en consomment, les apports quotidiens sont de 6—8 g chez les enfants, 13 g chez les adolescents et 14 g chez les adultes, répartis sur 3 ou 4 occasions de consommation par semaine. Nos observations concordent avec l’Étude nationale nutrition santé [6], publiée en 2006, qui montre que la plupart des consommateurs franc ¸ais ingèrent un ou plusieurs féculents à chaque repas (en moyenne 3,7 portions par jour chez les adultes) mais que 55 % des adultes et 62 % des enfants ne déclarent aucune consommation d’aliments à base de CC pendant trois jours de suivi. L’étude en ligne Nutrinet-Santé recueille des données concernant la consommation alimentaire de 148 962 volontaires [7]. En 2011, seulement 16 % des répondants consommaient au moins un aliment complet par jour sur les trois portions recommandées de féculents (Nutrinet, communiqué de presse, 11 novembre 2001, www.etude-nutrinet-sante.fr). Des données cohérentes issues de plusieurs enquêtes confirment donc que les Franc ¸ais de tous les âges suivent la recommandation du PNNS de consommer au moins trois féculents par jour, mais que cette adhésion n’entraîne qu’une consommation minime de CC. Les apports déclarés dans l’étude CCAF 2010 sont inférieurs aux recommandations quantitatives proposées dans certains pays (75 g par jour au Danemark [8], 48 g aux ÉtatsUnis [9], par exemple). Ils sont aussi inférieurs aux apports rapportés dans d’autres populations. Les apports moyens chez les enfants américains atteignent 9,4—14,4 g par jour [10,11]. En Irlande, au Royaume-Uni et en Allemagne, les apports moyens des enfants sont de 13,0 g, 18,6 g et 24,3 g par jour respectivement [12—14]. Chez les adultes américains, les apports moyens se situent autour de 10—12 g par jour [15] alors qu’ils atteignent 23 g au Royaume-Uni [16], 25—33 g en Irlande [17], 41—48 g en Suède [18] et 37—55 g au Danemark [18,19]. Dans ces pays, les principales sources de CC sont le pain et les céréales de petit-déjeuner. Les causes de la faible consommation de CC en France ne sont pas connues. Aux États-Unis et en Irlande, les freins identifiés à la consommation de CC incluent le goût, la méconnaissance des bénéfices santé ou des recommandations, le manque de savoir-faire culinaire, le coût et les réticences familiales en particulier dans les foyers avec de jeunes enfants [20,21]. Des facteurs identiques pourraient ¸ais. affecter les consommateurs franc Au Danemark, la consommation de CC a augmenté depuis quelques années, passant de 32 g par jour en 2000—2004 à 55 g en 2011—2012 [19]. Ce changement fait suite à une campagne nationale mettant en œuvre plusieurs stratégies : augmenter le contenu en CC dans les aliments du commerce, campagne de communication pour améliorer les connaissances des CC et de leurs bénéfices sur la santé, utilisation d’un logo apposé sur des aliments à forte teneur en CC (≥ 60 % de leur poids sec) et à teneurs limitées en sucres totaux (≤ 13 %), en lipides (≤ 7 %) et en sodium (≤ 500 mg/100 g)

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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Une enquête alimentaire révèle une faible consommation de céréales complètes

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Tableau 3 Apport énergétique total incluant l’alcool (MJ), apports en macro- (% des apports énergétiques sans alcool AESA) et en micronutriments (g, mg, ou ␮g/10 MJ AESA) chez les enfants (+ adolescents) et adultes non consommateurs de CC et chez les consommateurs en fonction des tertiles de consommation de CC. Niveau de consommation de céréales complètes (g/j) Enfants (3—17 ans) (n = 1171)

Énergie (MJ) Glucides (%g/AESA) Sucres simples (%g/AESA) Protéines (%g/AESA) Lipides (%g/AESA) AGS (%g/AESA) AGMI (%g/AESA) AGPI (%g/AESA) Fibres (g/10 MJ) Cholestérol (mg/10 MJ) Vitamine A (ug/10 MJ) Bêta-carotène (ug/10 MJ) Rétinol (ug/10 MJ) Vitamine B1 (mg/10 MJ) Vitamine B2 (mg/10 MJ) Vitamine B3 (mg/10 MJ) Vitamine B5 (mg/10 MJ) Vitamine B6 (mg/10 MJ) Vitamine B9 (ug/10 MJ) Vitamine B12 (ug/10 MJ) Vitamine C (mg/10 MJ) Vitamine D (ug/10 MJ) Vitamine E (mg/10 MJ) Calcium (mg/10 MJ) Fer (mg/10 MJ) Zinc (mg/10 MJ) Sodium (mg/10 MJ) Iode (ug/10 MJ) Magnésium (mg/10 MJ) Manganèse (mg/10 MJ) Phosphore (mg/10 MJ) Potassium (mg/10 MJ) Sélénium (ug/10 MJ) Cuivre (mg/10 MJ)

CC = 0 (n = 639)

0 < CC < 3 (n = 186)

3 ≤ CC < 8,9 (n = 190)

CC ≥ 8,9 (n = 156)

p

7,6 60,3 28,6a 20,9 18,8 8,1 6,6 2,3 18,5a 390,7 1046,6 2976,6 550,5 1,6a 2,2a 20,4a 6,7a 2,2a 310,8a 5,8 109,2a 2,5 9,0a 1138,8a 14,8a 10,8 3176,5a 141,9 303,8a 2,6a 1610,0 3393,3 58,0 1,6

7,2 60,9 31,4b 20,1 19,0 8,3 6,5 2,4 18,1a 372,6 1040,8 2795,2 574,9 1,6a 2,3a 19,5a 6,6a 2,2a 324,8a 6,0 117,8a,b 2,6 10,1b 1205,1a 14,8a 10,6 3021,5b 146,5 304,4a,b 2,7a,b 1569,7 3398,2 55,1 1,6

7,5 60,5 30,6b 20,6 18,9 8,4 6,5 2,3 18,3a,b 383,9 1054,5 2798,3 588,1 1,6a 2,3a 20,2a 6,7a 2,2a 327,7a 5,4 125,3b 2,5 9,2a,b 1191,0a,b 15,0a 10,7 3033,9b 141,3 304,5a,b 2,7a,b 1582,7 3368,1 58,3 1,6

8,1 61,1 30,4b 20,6 18,3 8,0 6,3 2,3 19,5b 385,0 1161,7 3151,2 636,5 1,9b 2,6b 24,2b 8,1b 2,6b 365,4b 6,4 124,0b 2,4 9,7b 1267,9b 16,7b 11,0 3068,8a,b 148,2 315,2b 2,8b 1618,5 3473,6 57,7 1,7

NS NS *** NS NS NS NS NS ** NS NS NS NS *** *** *** *** *** *** NS ** NS *** *** *** NS * NS ** *** NS NS NS NS

Niveau de consommation de céréales complètes (g/j) Adultes (18 ans et plus) (n = 1389)

Énergie (MJ) Glucides (%g/AESA) Sucres simples (%g/AESA) Protéines (%g/AESA) Lipides (%g/AESA) AGS (%g/AESA) AGMI (%g/AESA) AGPI (%g/AESA) Fibres (g/10 MJ) Cholestérol (mg/10 MJ) Vitamine A (ug/10 MJ) Bêta-carotène (ug/10 MJ) Rétinol (ug/10 MJ) Vitamine B1 (mg/10 MJ) Vitamine B2 (mg/10 MJ) Vitamine B3 (mg/10 MJ)

CC = 0 (n = 929)

0 < CC < 4,4 (n = 157)

4,4 ≤CC < 13,3 (n = 158)

CC ≥ 13,3 (n = 145)

p

8,9 56,9a 22,1a 22,8a 20,3 8,6 7,0 2,9 19,4a 416,1a 1487,4 3663,6a 876,8 1,4a 2,1a 20,9a

9,0 58,9b 26,1b 21,1b 20,0 8,3 7,0 2,9 19,7a,b 397,1a,b 1388,0 4248,7a,b 679,9 1,5b 2,2a 20,5a

9,3 58,2a,b 24,9b 21,9a,b 19,9 8,5 6,8 2,9 21,4b 412,1a,b 1479,1 3991,9a,b 813,8 1,5b 2,1a 20,8a

9,4 58,1a,b 25,5b 21,6b 20,3 8,6 7,1 3,0 23,8c 377,1b 1468,9 4123,9b 781,6 1,7c 2,3b 23,2b

NS ** *** *** NS NS NS NS *** ** NS *** NS *** *** ***

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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F. Bellisle et al. Tableau 3

(Suite ) Niveau de consommation de céréales complètes (g/j) Adultes (18 ans et plus) (n = 1389)

Vitamine B5 (mg/10 MJ) Vitamine B6 (mg/10 MJ) Vitamine B9 (ug/10 MJ) Vitamine B12 (ug/10 MJ) Vitamine C (mg/10 MJ) Vitamine D (ug/10 MJ) Vitamine E (mg/10 MJ) Calcium (mg/10 MJ) Fer (mg/10 MJ) Zinc (mg/10 MJ) Sodium (mg/10 MJ) Iode (ug/10 MJ) Magnésium (mg/10 MJ) Manganèse (mg/10 MJ) Phosphore (mg/10 MJ) Potassium (mg/10 MJ) Sélénium (ug/10 MJ) Cuivre (mg/10 MJ)

CC = 0 (n = 929)

0 < CC < 4,4 (n = 157)

4,4 ≤CC < 13,3 (n = 158)

CC ≥ 13,3 (n = 145)

p

6,2a 2,2a 309,0a 7,3 95,9a 2,8 9,1a 980,2a 15,0a 11,5 3649,9 133,6 313,4a 2,9a 1527,2 3325,4a 62,1 1,6a

6,3a 2,2a 330,6b 6,6 117,4b,c 2,6 10,0a,b 1009,0a,b 15,1a 10,9 3460,6 137,9 316,1a 3,3b 1488,0 3374,6a 60,1 1,6a

6,4a 2,3a 343,9b 6,8 111,3b 2,9 10,0b 1059,9b 15,0a 11,3 3556,2 141,5 323,7a 3,3b 1528,7 3447,1a,b 63,8 1,7a,b

7,0b 2,5b 379,7c 7,0 131,3c 3,1 10,8b 1071,4b 17,5b 11,3 3480,4 139,7 357,4b 4,1c 1553,9 3591,4b 64,2 2,0b

*** *** *** NS *** NS *** *** *** NS NS NS *** *** NS *** NS ***

AESA : apports énergétiques sans alcool ; CC : céréales complètes. Moyennes significativement différentes : * p < 0,05 ; ** p < 0,01 ; *** p < 0,001 ; NS : p ≥ 0,05. a,b,c : Les moyennes avec des exposants différents sont significativement différentes. MANCOVA, ajustée sur l’âge et le sexe—test post-hoc de Bonferroni.

[22]. De telles stratégies pourraient être préconisées en France. Malgré le très bas niveau des apports, l’étude CCAF 2010 indique une alimentation de meilleure qualité chez les consommateurs de CC. Ces observations sont cohérentes avec celles d’études américaines et européennes [12,23—25] qui rapportent cependant des apports en CC considérablement plus élevés que ceux de la population

franc ¸aise. Dans l’étude CCAF, les aliments à base de CC représentaient 7—10 % des apports journaliers en ¸ais et 12 % fibres. Alors que seulement 22 % des Franc des Franc ¸aises atteignent les apports recommandés en fibres (25 g par jour) (communiqué de presse, 22 novembre 2012 ; www.etude-nutrinet-sante.fr), il pourrait être possible d’améliorer cette situation par la consommation de CC. La farine de blé complet, par exemple, contient plus

Tableau 4 Prévalence, rapport des cotes (odds ratio, OR) et intervalle de confiance (IC) 95 % pour la surcharge pondérale et l’obésité chez les non-consommateurs de CC et chez les consommateurs en fonction des tertiles de consommation. Niveau de consommation de céréales complètes (g/j) Enfants (3—17 ans) (n = 1171)

Adultes (18 ans et plus) (n = 1389)

CC = 0 0 < CC < 3,2 3,2 ≤ CC CC ≥ 9,9 (n = 639) (n = 186) < 9,9 (n = 156) (n = 190)

p

CC = 0 0 < CC < 4,9 4,9 ≤ CC (n = 929) (n = 157) < 15,6 (n = 158)

CC ≥ 15,6 p (n = 145)

Surcharge pondérale/ obésité 121

26

30

26

420

50

55

45

18 %

14 %

16 %

15 %

47 %

34 %

38 %

33 %

1,1 0,7 ;1,8

0,8 0,4 ;1,5

0,9 0,5 ;1,6

1,0 réf

1,7 1,1 ;2,5

1,4 0,8 ;2,3

1,3 0,8 ;2,1

1,0 réf

Prévalence (n) Prévalence (%) OR 95 % IC

0,3969

0,0439

CC : céréales complètes. Régression logistique sur « être obese ou en surcharge pondérale » — référence 3e tertile — ajustée sur l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, la région, l’activité physique (adultes seulement), le statut tabagique (adultes seulement) et les apports énergétiques. Chez les adultes, la différence demeure significative après ajustements additionnels sur les apports en fruits, légumes et produits laitiers.

Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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Une enquête alimentaire révèle une faible consommation de céréales complètes de fibres (11 versus 3,5 g/100 g) que la farine de blé raffinée [26]. Dans l’étude CCAF 2010, les consommateurs de CC ingèrent plus de sucres simples que les non-consommateurs, en dépit d’apports énergétiques non différents. Puisque les céréales de petit-déjeuner sont la source principale de CC chez les enfants et adolescents, il se pourrait que ces apports élevés soient dus au sucre contenu dans ces céréales. L’examen des sources de sucres simples dans l’alimentation des enfants + adolescents consommateurs de CC infirme cette hypothèse : les boissons fournissent 28 % des apports quotidiens en sucres, les produits laitiers 21 %, alors que les aliments à base de CC (incluant les céréales de petit-déjeuner) n’y contribuent que pour 5 %. Chez les adultes consommateurs de CC, les apports élevés en sucres simples pourraient s’expliquer par la consommation significativement plus élevée de plusieurs aliments : fruits frais, fruits secs et produits laitiers. La prévalence de la surcharge pondérale et de l’obésité dans l’étude CCAF est conforme à celle que rapportent des études dans lesquelles le poids et la taille des participants sont mesurés plutôt que déclarés [27,28]. À cause du petit nombre d’enfants et d’adultes obèses, nous avons regroupé les cas d’obésité avec ceux de surcharge pondérale dans une analyse de régression logistique. Une tendance significative est apparue chez les adultes, mais pas chez les enfants + adolescents, indiquant que la probabilité d’être en surcharge pondérale ou obèse diminue avec l’élévation de la ration en CC. L’absence d’effet significatif chez les enfants + adolescents peut être due au très faible niveau d’apports en CC et/ou à la plus courte durée d’exposition à ce facteur nutritionnel chez les enfants que chez les adultes. Notre étude transversale ne permet pas d’identifier des relations causales mais la tendance observée chez les adultes suggère que la consommation de CC pourrait être un facteur, ou du moins un marqueur d’un style de vie favorable au contrôle pondéral. Cette hypothèse est conforme aux résultats d’études épidémiologiques chez les enfants et chez les adultes [15,23,29]. En conclusion, une très faible consommation de CC est observée dans toutes les tranches d’âges de la population franc ¸aise. Cependant, la consommation de CC est associée à des apports plus élevés en fibres et plusieurs vitamines et minéraux. Le risque de surcharge pondérale et d’obésité est moindre chez les adultes consommateurs de CC. Conformément aux recommandations de l’OMS, il semble que l’augmentation des apports en CC pourrait contribuer à l’amélioration de l’état nutritionnel des Franc ¸ais de tous les âges.

Remerciements Le contenu de cet article a été publié en anglais dans le British Journal of Nutrition (2014 ; doi : 10.1017/ S0007114514002670). Les auteurs remercient le BJN d’avoir permis la publication d’une version de l’article en langue franc ¸aise.

Déclaration d’intérêts BR et SH sont employées par CPW. JC et PH sont employées par le CREDOC, qui a rec ¸u un financement spécifique pour le présent travail. FB a participé au travail en tant que

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consultante scientifique et a rec ¸u des honoraires de la part de CPW pour sa participation. Financement : L’enquête CCAF 2010 a été réalisée par le CREDOC. La présente exploitation des données concernant les consommations de CC a été financée par Cereal Partners Worldwide (CPW) SA, Suisse.

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Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005

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Pour citer cet article : Bellisle F, et al. Une enquête alimentaire de sept jours révèle une faible consommation de céréales complètes dans la population franc ¸aise. Cahiers de nutrition et de diététique (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.cnd.2015.01.005