Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France

Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France

Actualités pharmaceutiques Ř n° 487 Ř Juillet-Août 2009 actualités 4 Entretien Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de Fran...

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Actualités pharmaceutiques Ř n° 487 Ř Juillet-Août 2009

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Entretien

Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France Détention du capital des officines, création du statut de pharmacien correspondant... autant d’actualités professionnelles auxquelles le président de l’Union nationale des pharmacies de France a accepté de réagir. Actualités pharmaceutiques :

Comment accueillez-vous les récents arrêts de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE), se positionnant en faveur de la libre appréciation des États membres dans la détermination du régime de propriété des officines ? Claude Japhet : Nous ne pouvons être que satisfaits de cette décision car elle est conforme à ce que l’Union nationale des pharmacies de France (Unpf) demandait. Nous avions envisagé tous les cas de figure, au cas où l’ouverture du capital aurait été possible, afin que ce dernier reste entre les mains des pharmaciens d’officine de façon très large. Il me paraît intéressant que chacun des États membres puisse décider de l’organisation du système de santé et, en particulier, de celle de la pharmacie d’officine. AP : Faut-il pour autant péren-

niser la situation actuelle ? CJ : Une réorganisation est nécessaire. Le métier a beaucoup changé et il va encore évoluer avec l’application de la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Le pharmacien va devoir

externaliser de plus en plus ses compétences, sortir de son officine pour proposer des services. Il va aussi être amené à intervenir dans la coordination des soins et dans les soins de premier recours, mais aussi à s’intégrer à l’hospitalisation à domicile (HAD) et dans les établissements hospitaliers pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Seules les officines qui pourront employer plusieurs pharmaciens pourront répondre à ces nouvelles exigences. Il faudra aussi être plus performant sur les prix et les services. Là encore, seules les structures les plus importantes ou capables d’établir des synergies entre pharmacies pourront s’adapter. Les pouvoirs publics doivent aussi donner les moyens en terme de capital, notamment par la mise en place des sociétés de participation financière des professions libérales (SPF-PL), afin d’optimiser le coût de ces structures. Les groupements ont permis de faire des progrès au niveau des achats, mais les marges des médicaments déclinant, il est nécessaire de baisser les charges, ce qui passe par des restructurations techniques, la mise en commun de matériels et la globalisation de la masse salariale. AP : Que pensez-vous de faire

entrer les adjoints dans le capital pour aider les jeunes à s’installer ? CJ : Nous l’envisageons depuis longtemps. AP : Comment voyez-vous

l’avenir du réseau officinal ? CJ : La réorganisation, qui a déjà

commencé, va simplement s’accélérer. Aujourd’hui, il n’y a plus de création, mais en revanche beau-

coup de transferts. Des regroupements commencent à s’opérer, phénomène qui va s’amplifier, notamment si la fiscalité l’encourage. Je pense que des systèmes collaboratifs, de mini-réseaux devraient voir le jour afin d’améliorer les achats et optimiser les charges. On devrait donc assister à une légère concentration des officines sur les communes où elles sont en surnombre. Ailleurs, la création de “mini-holdings” devrait permettre d’optimiser les coûts et les services. À terme, la diminution du nombre d’officines devrait être marginale, alors que la population va augmenter. En revanche, se posera la question du vieillissement des pharmaciens, de leur départ en retraite et des difficultés pour céder les fonds qui ne trouveront pas de repreneur. AP : Le pharmacien de coordination est devenu pharmacien correspondant. Un simple changement de terminologie ? CJ : Oui, le nom avait une importance pour certains, mais l’esprit du texte reste le même. Je ne sais pas quel terme restera en usage : pharmacien prescripteur, référent, de coordination ou correspondant... L’essentiel est simplement qu’il soit un élément de la coordination, voire coordinateur de la chaîne de santé. En effet, ce n’est pas forcément au médecin d’être le coordinateur. Il en a le savoir, bien sûr, mais n’est pas en capacité de remplir ce rôle partout. Les patients exigeront des coordinateurs au centre de leurs besoins : ce pourra être, dans certains cas, l’infirmière, dans d’autres cas, le pharmacien... Cela nécessite un changement profond dans l’ensemble du système. Finalement, je retiens dans la loi la reconnais-

sance du pharmacien comme premier recours par son conseil pharmaceutique et la reconnaissance des différents actes réalisés à l’officine (santé publique, accompagnement du patient, services au patient...). AP : Ces nouvelles missions appellent de nouvelles rémunérations... CJ : Elles devront être rémunérées sous une forme ou sous une autre. Actuellement, la rémunération globale du pharmacien, uniquement marchande, est en baisse. Il est probable que demain, elle ne soit plus exclusivement commerciale, mais que la part des services augmente, notamment avec le vieillissement de la population. Nous avons une vingtaine d’années pour développer ces services et restructurer le système. Il me paraît important que le changement du mode de rémunération se fasse naturellement, sans cassure, car cela pourrait générer des distorsions entre les pharmacies. AP : Avez-vous des regrets

concernant ce texte ? CJ : Non. Nous aurions peut-être

pu aller encore plus loin. C’est une première étape dans le sens du changement. Les regrets viendront si les textes ne sont pas transposés dans la pratique. AP : Que pensez-vous du partenariat signé entre AGFAllianz et le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), permettant la réalisation de “consultations” pharmaceutiques rémunérées 5 euros dans la limite de quatre par an ? CJ : Sur le principe, je salue cet accord. Cependant, j’émets de

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Ř Claude Japhet.

vives réserves quant à son cadre général. Il est d’usage que ce soit les syndicats, représentatifs de la profession, qui négocient avec les tiers comme les pouvoirs publics, les assurances... La mutuelle en question n’a pas souhaité entrer dans ce cadre. Je crains que cet accord soit mal élaboré et qu’il y ait autant de contrats et de méthodologies que d’assurances, ce qui risque de créer un système très lourd. Je considère qu’un groupement n’a pas compétence pour

lier l’ensemble de la profession directement ou indirectement. Au contraire, les syndicats ont compétence pour représenter l’ensemble de la profession, au sein d’un cadre organisé et protecteur, tout en laissant les complémentaires libres de leur niveau de prise en charge. Le contrat actuel sera étendu aux officinaux n’appartenant pas aux groupements en question, mais qui les soutiendra en cas de difficultés ? AP : Faut-il y voir les prémisses

d’une rémunération à l’acte ou d’un accroissement du poids des mutuelles ? CJ : Il ne s’agit pas d’une simple rémunération à l’acte, mais

d’un revenu supplémentaire par rapport à la partie marchande habituelle. Jusqu’à présent, les actes complémentaires à l’officine comme le conseil, l’écoute, etc., n’étaient ni rémunérés ni quantifiables ni lisibles. La perte de marge de l’ordre d’un tiers sur les vingt dernières années fait que le pharmacien ne peut plus assumer l’ensemble des services qu’il peut offrir de manière gratuite, comme son intervention en cas de pandémie ou d’accident nucléaire, le tiers payant, la gestion des déchets... L’accroissement du rôle des mutuelles se fera obligatoirement. Plus les déremboursement seront nombreux, et en particulier s’ils

concernent des classes thérapeutiques complètes, plus leurs interventions seront pertinentes. AP : Jean Parrot a annoncé

qu’il quittait la présidence du Conseil national de l’Ordre. Une réaction ? CJ : C’est une sage décision après autant d’années à la présidence. Il aura marqué la profession et partira avec les honneurs au moment où celleci se voit confier de nouvelles missions.  Propos recueillis par

Sébastien Faure Maître de conférences des Universités, Faculté de pharmacie, Angers (49) [email protected]

Conseil

Messages de prévention tous azimuts contre les aléas de l’été

Canicule, UV et henné... L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) rappelle ainsi, comme chaque année, les précautions qu’il est nécessaire de prendre pour pallier les effets des fortes chaleurs. Si chacun d’entre nous doit veiller à boire suffisamment et régulièrement, les personnes âgées constituent une population particulièrement à risque de déshydratation. Aussi faut-il veiller à ce qu’elles privilégient les endroits frais, voire climatisés, qu’elles se rafraîchissent régulièrement (un vaporisateur d’eau peut être utile) et, surtout, qu’elles s’astreignent à boire environ 1,5 L d’eau par jour tout en continuant à s’alimenter correctement. Enfin, la posologie des médicaments doit être adaptée à ces circonstances. Les premiers signes de déshydratation sont repérables : faiblesse, céphalées, vertiges, nau-

sées, vomissements, diarrhée, crampes, température élevée...1 De son côté, l’Académie de médecine met en garde contre la quête du bronzage. Malgré ses recommandations2, la fréquentation des salons à bronzer ne fait que croître. Or, en France, le mélanome est l’une des tumeurs dont l’incidence a le plus augmenté avec une fréquence multipliée par quatre chez les hommes et trois chez les femmes en vingt ans. L’Académie déplore que les pouvoirs publics ne modifient pas la législation et qu’ils tolèrent que la promotion de cette pratique via des messages publicitaires puissent se faire sans qu’un avis défavorable du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) soit émis. L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) pointe, quant à elle, du doigt les tatouages éphémères noirs à base de henné. L’ajout de colorants noirs au henné peut, en effet, être à l’origine d’effets indésirables graves dont le nombre rapporté a fortement augmenté en 2008 : eczéma allergique de contact, limité à la zone tatouée ou étendu, parfois à tout le corps. Ces réactions peuvent nécessiter une hospitalisa-

tion, voire induire une polysensibilisation irréversible3.

Le pharmacien, acteur de prévention Ces messages, comme d’autres, doivent être relayés au comptoir, lieu privilégié de la délivrance des conseils préventifs. Giropharm, par exemple, seconde le pharmacien en proposant l’opération “1ers soins – 1ers secours” : chaque client demandant un conseil pour la constitution d’une trousse de secours de premiers soins se voit remettre une mallette, ainsi qu’un “passeport” rappelant, pour chaque type de destination (mer, montagne...), les conseils de base. À noter, par ailleurs, que les Recommandations sanitaires pour les voyageurs 2009, bien utiles aux professionnels de santé, Élisa Derrien sont parues4. N

Notes 1. Numéro vert Canicule Info Service (0 800 06 66 66) et site www.sante.gouv.fr/canicule.

© BSIP/Lemoine

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romesse de journées, a priori, ensoleillées mais aussi, pour ceux qui peuvent se le permettre, de départs pour de plus ou moins lointaines destinations, l’été est également propice aux accidents, incidents et conduites à risque en tous genres.

2. “La prévention des effets nocifs des rayons ultraviolets”, rapport adopté le 2 décembre 1997. 3. Une affichette est disponible sur www.afssaps.fr. 4. BEH du 2 juin 2009, n° 23-24.