Compte-rendu de la 27e réunion du Club d’anesthésie-réanimation en ORL (Carorl)

Compte-rendu de la 27e réunion du Club d’anesthésie-réanimation en ORL (Carorl)

Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 32 (2013) 634–635 LE PETIT REPORTER Compte-rendu de la 27e réunion du Club d’anesthésieréanimation...

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Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 32 (2013) 634–635

LE PETIT REPORTER

Compte-rendu de la 27e réunion du Club d’anesthésieréanimation en ORL (Carorl)§

R. Jankowski (Nancy) remarque un parallélisme entre l’évolution phylogénétique : nez olfactif puis respiratoire de plus en plus complexe, et embryologique. Trois organes se rassemblent pour former « l’organe nasosinusien ». Cet abord permet une nouvelle compréhension des malformations faciales et des pathologies nasosinusiennes, la polypose devient ainsi une maladie du nez olfactif et non des sinus ou du nez respiratoire qui, lui, reste le siège de la rhinite allergique. Cette conception phylontogénique de la rhinologie est basée sur le concept moderne d’évo–dévo. F. de Blay (Strasbourg) a expliqué le démembrement de l’asthme, de la rhinite et de la rhinosinusite chronique en divers phénotypes associant tableau clinique et physiopathologie. La rhinosinusite sans polype serait moins inflammatoire (Th1) que celle avec polypes (Th2) dans laquelle semblent intervenir également les IgE antistaphylococciques. Dans l’asthme, différents phénotypes permettraient des thérapeutiques plus précises. P. Gallet (Nancy) a souligné la diversité des interventions de chirurgie nasale : chirurgie esthétique, tumorale, fonctionnelle, traitant de pathologies inflammatoires, infectieuses ou vasculaires. Les nouvelles technologies ont sécurisé le geste, mais, malgré une bonne et indispensable collaboration entre chirurgien et anesthésiste, le risque persiste et les complications peuvent être invalidantes. F. Taron (Nancy) a précisé le rôle de la consultation d’anesthésie, qui n’est pas spécifique : choisir la technique la plus adaptée au patient et éclairer son consentement. L’interrogatoire doit être précis, l’examen approfondi, les traitements adaptés à la période périopératoire. L’avis du pneumologue, de l’allergologue, du cardiologue peut être sollicité pour améliorer cette prise en charge. C. Mouton-Faivre (Nancy) a évoqué le but de la consultation d’allergologie. Avant l’intervention, elle recherche les facteurs de risque de survenue d’une réaction d’hypersensibilité

immédiate et dépiste une éventuelle rhinite ou un asthme allergiques qui favoriseraient la survenue d’un bronchospasme peropératoire. En postopératoire, elle réalise le bilan étiologique de cette réaction d’hypersensibilité immédiate par des tests cutanés. Une réaction immédiate non allergique ne contre-indique pas le médicament en revanche, lorsqu’elle est IgE-dépendante, il faut également rechercher une sensibilité croisée qui contre-indiquera les médicaments en cause. Un médicament n’entraînant pas de réaction cutanée reste autorisé. La consultation de pneumologie a été traitée par J. Derelle (Nancy). Elle détecte une défense respiratoire défectueuse qu’elle soit due à une réponse inflammatoire excessive à éosinophiles (asthme) ou à neutrophiles (BCPO), à une altération du couple mucociliaire ou à des déficits immunitaires. L’anesthésie doit être envisagée quand l’asthme est contrôlé. En cas de mucoviscidose, l’anesthésiste doit connaître les organes atteints et le traitement du patient. Il faut éviter les surinfections (isolement respiratoire. . .), prescrire éventuellement un traitement antibiotique associé à une kinésithérapie respiratoire biquotidienne. L’hydratation doit être abondante et l’apport sodé suffisant, l’apport calorique augmenté. Une préparation antibiotique associée à une kinésithérapie respiratoire suffisent souvent en cas de dyskinésie ciliaire. Si le déficit immunitaire primitif est cellulaire, un traitement antiinfectieux probabiliste est conseillé (antibiotiques, antifongiques), s’il est humoral, une immuno-globulinothérapie peut s’imposer. Les conditions opératoires sont très améliorées par l’anesthésie locale, en tamponnement comme en infiltration, a confirmé J. Pascal (Saint-Étienne), mais la lidocaïne naphazolinée remplace maintenant la cocaïne, longtemps anesthésique local de référence. L’utilisation d’anesthésiques locaux de longue durée permet d’associer une analgésie postopératoire. L’adrénaline, de préférence ajoutée extemporanément, doit être utilisée en

§ La 27e Réunion du Carorl organisée par Nancy a eu lieu à l’Abbaye-des-Prémontrés de Pont-à-Mousson, le 24 mai 2013, regroupant diverses spécialités autour de son thème : « le nez dans tous ses états ».

0750-7658/$ see front matter http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2013.07.791

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solution la moins concentrée possible. L’utilisation d’une anesthésie locale seule est possible, mais trop inconfortable pour le patient comme pour le chirurgien. Le risque de surdosage doit toujours rester présent à l’esprit en raison de la riche vascularisation de la face. L’anesthésie générale doit également induire une réduction du saignement a poursuivi D. Boisson-Bertrand (Nancy). Elle peut être obtenue, depuis Enderby, en associant la vasodilatation des agents anesthésiques à une position proclive. Le choix judicieux de l’analgésique, sélectionné sur la bradycardie induite, et du mode ventilatoire, complète cette action, mais malgré un remplissage vasculaire préopératoire, la vigilance s’impose chez un certain nombre de sujets, particulièrement sensibles. Certaines pathologies préexistantes peuvent aussi être responsables de saignement. M. Borsik (Paris) a rappelé les particularités de la maladie de Rendu-Osler, angiomatose héréditaire de transmission autosomique dominante pour laquelle il existe des centres de référence. Elle associe des épistaxis invalidantes, des télangiectasies et des fistules artérioveineuses qui en font toute la gravité (critères de Curaçao). Elle est liée à une anomalie de la signalisation cellulaire du transforming growth factor beta dans la cellule endothéliale. La forme HHT1 liée à une anomalie du gène de l’englodine (ENG), la forme HHT2 à celle du gène ALK1 sont les principales. Le traitement médical peut comporter des molécules antiangiogenèse : bévacizumad ou anti-TGFbêta : thalidomide. Il existe également des traitements chirurgicaux, méchages, sondes, injections sclérosantes, colles, embolisations, lambeaux excluant les fosses nasales. . . sans oublier le traitement des complications. L’épistaxis est aussi, avec l’obstruction nasale, l’apanage du fibrome nasopharyngien, tumeur bénigne, mais localement agressive de l’adolescent, a montré V. Patron (Caen). Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale, précédée dans les 72 heures d’une embolisation. La plupart des tumeurs sont accessibles par voie endonasale, mais parfois un abord par voie paralatéro-nasale, endobuccale (degloving), voie de la fosse

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infratemporale ou combinée (neurochirurgicale) peut être nécessaire selon l’extension. La neuronavigation permet un geste plus précis. Une stratégie transfusionnelle doit être envisagée surtout si le sinus caverneux ou la carotide interne sont envahis. « Faut-il encore intuber par le nez ? », s’est demandé D. Péan (Nantes). Aux risques de l’intubation orotrachéale, l’intubation nasale ajoute ses complications spécifiques (traumatisme nasopharyngé, brèche ostéoméningée, nécrose du cartilage alaire) qui justifient le respect des contre-indications (coagulopathies, malformation nasale, fracture de la base du crâne, écoulement nasal de LCR) et la pratique d’une technique rigoureuse : préparation narinaire (AL + VC), sonde petite et souple, insertion perpendiculaire et pointe du biseau le long du septum, rotation horaire et antihoraire, flexion–extension cervicale pour faciliter la progression. Les indications doivent être sélectionnées : chirurgie carcinologique intrabuccale, chirurgie orthognathique et traumatique maxillo-faciale. M. Binczak (Villejuif) a proposé quelques recommandations pour l’extubation. Identifier le patient à risque d’extubation difficile, optimiser les conditions de réveil : éviter une sédation prolongée, monitorer (et antagoniser la curarisation), anticiper l’analgésie, extuber le patient dans un environnement sécurisé, monitorer le transport et la période postopératoire et terminer par des transmissions claires et écrites devrait permettre de diminuer la morbidité de cette période instable et potentiellement dangereuse. La chirurgie nasale n’échappe pas aux recommandations de la Société française d’anesthésie-réanimation préconisées par L. Jouffroy (Strasbourg). D.Boisson-Bertrand Service d’anesthésie réanimation chirurgicale, CHU de Nancy, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, CO no 34, 54035 Nancy cedex, France Adresse e-mail : [email protected]