Évolution des modes d'allaitement et situation de l'allaitement maternel en France

Évolution des modes d'allaitement et situation de l'allaitement maternel en France

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COMITE NATIONAL DE L'ENFANCE

allaitement maternel volution des modes d'allaitement et situation de I'allaitement maternel en France J S~n~cal Institut de la m~re et de I'enfant, Rennes

L a pratique et la conduite de l'allaitement sont caract~ristiques d'une soci&d et de sa culture et varient avec l'dvolution de Cette soci&& L'allaitement est habituel dans toutes les soci&ds anciennes et c'est m~me encore une n6cessitd pour limiter la mortalit6 des jeunes enfants dans les pays sous-dquip&. Chez les Hdbreux, la dur& obligatoire de l'allaitement &ait d'au moins 24 mois. Dans l'ancienne ]~gypte, l'allaitemerit maternel &ait la r~gle, y compris pour les d&sses, et les pri~res fi la d&sse Isis, nourrice d'Horus, en facilitaient la pratique qui se poursuivait pendant 3 ans. I1 en a dt6 lie m~me dans la Grace antique et ~l Sparte la loi rendait l'allaitement obligatoire. ~ Rome, la m~re se devait d'allaiter pour &re consid6r& et respect&. Cependant, dans ces soci&&, l'enrichissement de la population, l'dl&ation du niveau de vie introduisirent l'usage des nourrices dans les familles aisdes. Le recours ~t un lait d'animal &ait exceptionnel mais cependant n'oublions pas la l~gende de Romulus et R~mus allait~s par une louve. Au Moyen-Age, allaiter &ait un devoir et les nombreuses repr& sentations de ia vierge fi l'enfant la repr& sentent souvent donnant le sein. Toutefois, comme dans l'Antiquitd, avec l'dvolution de la soci&~, l'usage des nourrices gagna d'abord la classe ais&, puis au XVIIIe et X3Xe si&le, s'&endit ~ toutes les classes sociales. La mortalit~ chez les enfants en nourrice &ait considerable fi tel

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point que l'Etat a dfi rdglementer cette pratique. La loi Roussel du 4 d&embre 1874 impose la surveillance des nourrices mercenaires ainsi que la surveillance des enfants et l'enregistrement de la mortalitd infantile. C'est la premiere loi en France concernant la PMI et son application se heurtera ~ide nombreux prdjug& (peser le nourrisson porte malheur...) ainsi qu'~ des ndgligences (certificats mddicaux de complaisance...).

croient sin&rement que le lait de vache vaut le lait de femme et que son usage &iterait fi la m~re une fatigue suppl& mentaire. De plus, une vache donne 20 ~t~30 litres de lait par jour et ce lair peut &re conserve

Les d&ouvertes pasteuriennes sur la st&ilisation (1863) vont permettre d'y rem~dier mais le nettoyage et la st~rilisation des r&ipients sont difficiles surtout s'il s'agit d'un <
Tr~s vite, les soci&ds commerciales s'aper~oivent qu'en conservant le lait entier, on stocke en fait 90 % d'eau. Pour r~duire les cofits de transport et de stockage, on concentre ou on condense le lait puis, allant jusqu'an bout de cette logique commerciale, on &apore route l'eau et le lair est rdduit en poudre. Cette &olution a des effets secondaires dont on ne parle pas suffisamment. Pour reconstituer le lait, il faut mettre une mesure de poudre dans 30 g d'eau. La mesurette doit &re remplie jusqu'an bord mais le surplus dlimin~, aras& Or, plusieurs enqu&es, surtout anglo-saxonnes d'ailleurs, ont montrd que les m~res et m~mes les infirmi&es et les sages-femmes ne tenaient pas compte de cette recommandation. O n n'dlimine pas l'exc& dent, on tasse un peu la poudre et m~me parfois on rajoute une mesurette pensant que ce sera b6n~fique pour l'enfant.

La d&ouverte par un Franqais, Apert, de la possibilitd de mettre les aliments en conserve, est une &ape importante dans l'alimentation du jeune enfant. Aux fltats-Unis, l'id& de mettre le lait en conserve se fait jour et se d&eloppe. Les pddiatres am6ricains sont de bonne foi comme l'a racont~ le Professeur Holt qui a v&u cette p~riode. Ces pddiatres

Les enqu&es ont aussi montrd qu'en moyenne l'enfant subissait une augmentation de sa ration calorique de plus de 30 % atteignant parfois 80 %. Cette suralimentation chez le jeune enfant entralne une multiplication des cellules graisseuses, des adipocytes qui, par la suite, demandent fi &re utilis6es d'oh ob~sit6 et tousles risques pour l'avenir

S i m u l t a n d m e n t , la crdation des <, pour lutter contre la malnutrition favorise l'utilisation du lait de vache. Les risques d'infection sont grands et le choldra infantile est la principale cause de mort du jeune enfant cette dpoque.

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flash-informal:ions COMITE NATIONAL DE L'ENFANCE de voir se ddvelopper ath~rome et maladies cardiovasculaires. Les anndes 1920-1930 constituent une nouvelle dtape. Les recherches en alimentation et nutrition se ddveloppent. Une meilleure connaissance des besoins nutritionnels et une meilleure connaissance de la composition des aliments font que la spdcificitd du lair de femme pour le petit homme s'affirme peu ~i peu. Simultandment, les psychologues ddmontrent le r61e de l'allaitement au sein dans le d~veloppement des relations m~re-enfant et son impact favorable sur le ddveloppement de l'enfant. Le mouvement ~cologique est en faveur de cette alimentation naturelle. La situation de l'allaitement maternel en France n'est pas brillante et le pourcentage de femmes qui allaitent a mSme

baissd ldg~rement ces derni~res anndes de 50 % ~ 43 %. I1 existe d'ailleurs de grandes differences entre les d~partements de 17 % (Creuse) fi 70 % (Rh6ne-Alpes) et les bons r~sultats obtenus dans certains sont la preuve qu'on peut faire mieux ailleurs. Cette situation s'est cependant am~liorde puisque ~ la veille de la guerre de 1914, 7,5 % seulement des enfants ~taient nourris au sein. O n retrouve cette situation en Bretagne en 1974 : Ille-et-Vilaine : 12,50 % ; Finist~re : 8,47 % ; M o r b i h a n : 7,26 % ; C6tes d'Armor : 6,87 % (d'apr~s le 1er certificat de sant~). L'enqu~te de l'Inserm en 1972 rdv~le ddj~t de grandes in~galit~s de rdpartition : Bretagne : 14 % ; Basse-Normandie : 15 % ; Paris : 5 1 % ;Alsace : 43 % ; Rh6ne-Alpes : 48 %.

Devant ces tr~s faibles taux, une campagne d'information a ~t~ entreprise en Ille-et-Vilaine et le taux d'allaitement est passd 15 % (1975) ~t 35 % (1985) mais il demeure pratiquement stationnaire depuis. Cette campagne avait ~t~ basde sur trois enqu~tes effectudes ~t Rennes, Dinan et Foug~res permettant de prdciser la plupart des facteurs d'acceptation ou de refus de l'allaitement maternel. L'enqu~te ~tcette ~poque n'avait pu ~tudier la durde de l'allaitement. C'est une notion int~ressante sur laquelle nous avons peu de renseignements prdcis et d'autant plus importante que les organisations internationales (OMS, FAO) viennent d'insister non settlement sur la valeur nutritionnelle et psychologique de l'allaitement mais sur la n~cessitd d'un allaitement au sein jusqu'~ 6 mois.

du nouveau sur la physiologie de I'allaitement M Thirion Solidarilait-Formation

'allaitement est l'une des fonctions du corps les plus mdconnues. La plupart des prescriptions ~,m~dicales ,, dans l'accompagnement des jeunes m~res ne sont que le reflet de croyance ou connaissances empiriques, souvent tr~s anciennes, transmises de femmes fi femmes dans toutes les socidt~s, y compris dans nos maternitds modernes. Pourtant, un certain nombre d'dtudes scientifiques nouvelles permettent d'apporter des dldments extrSmement utiles ~ la comprehension de l'allaitement, sa mise en route et les moyens optimaux de rdussite, les causes principales d'dchec, de ~, manque de lait ,,. Nous envisagerons successivement les points suivants.

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• Les ¢tudes sur la dynamique du flux dFjection, son profil chez la femme : le sein est non seulement une glande fabriquant le lait mais aussi une v~ritable ,~ ~ponge ,~ de mati~res premieres. Pour qu'il y air lactation, cet ensemble tissulaire doit se mettre en fonction, au moment des tdtdes. Le r61e des soignants est

JOURNAL DE PE~DIATRIE ET DE PUraRICULTURE n ° 1 - 1996

de permettre aux jeunes parents de repdrer les signes de mise en route : rythmicitd du processus, sensibilit~ prdcise dans les seins ou/et l'utdrus, ~coute des ddglutitions de l'enfant, apaisement secondaire de la m~re. Tous ces signes, lids directement aux ddcharges hormonales dans le corps de la m~re, sont les meilleurs tdmoins des flux de lait. I1 est dgalement essentiel de comprendre l'importance des dmotions maternelles dans le blocage dventuel de ce phdnom~ne, tr~s profond, inconscient, involontaire. • La techniquespecifiquesucci°n-ddglutition du nauveau-nd : route une s~rie d'~tudes de ces 20 derni~res ann~es ont permis de prdciser la technique permettant de stimuler, de mettre en route une glande mammaire. Absolument l'inverse de ce qu'il faut faire sur un biberon (ouvrir les trous en appuyant verticalement sur la tdtine et aspirer), la tdt~e au sein signifie pour 8tre efflcace : ouvrir tr~s grand la bouche et sortir la langue ; en prendre <~plein la bouche ,, ;

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- actionner cette langue d'avant en arri~re, horizontalement avec un mouvement complexe d'ondulation ; - d~glutir ~ ~t la r~galade ,,, c'est-~-dire langue sortie, les jets de lait qui surviennent. Pour cela l'enfant ne doit pas ~tre g~nd par une position inconfortable (le mettre bien face ~tsa m~re). I1 suffira de repdrer discr~tement la position de ses l~vres sur le sein. • Les compitences du nouveau-n~ et l'importance d'un apprentissage prlcoce actif: la tdtde au sein fait partie du code gdn~tique de tousles petits mammif~res et est prate ~i£onctionner d~s la naissance chez tous les bdbds ~t terme en bonne santd. De nombreuses ~tudes, essentiellement scandinaves, nous ont permis de ddmontrer que la mise en route de l'allaitement est d'autant plus rapide, d'autant plus efficace que le b~bd fait luim~me le travail de d~couvrir le sein et ce qu'il doit y faire plut6t que d'etre ~, aidd ,, par des interventions intempes-

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