Rec¸u le : 2 mars 2009 Accepte´ le : 31 mai 2009 Disponible en ligne 7 juillet 2009
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
Mise au point High-dose intravenous immunoglobulin therapy and neonatal jaundice due to red blood cell alloimmunization F. Monpoux, C. Dageville*, A.-M. Maillotte, S. De Smet, F. Casagrande, P. Boutte´ Service de me´decine ne´onatale, hoˆpital de l’Archet-II, CHU de Nice,
Immunoglobulines polyvalentes intraveineuses et icte`re ne´onatal par allo-immunisation e´rythrocytaire
151, route de Saint-Antoine-de-Ginestie`re, 06202 Nice cedex 3, France
Summary
Re´sume´
Neonatal jaundice resulting from immunological hemolysis is not uncommon. While it is possible to prevent a large number of Rhisoimmune hemolytic diseases by administration of specific anti-D immunoglobulins to the mother, the prevention of incompatibility in the ABO groups is not feasible. In spite of advances made in the use of phototherapy, and in order to avoid kernicterus, the treatment of these jaundices can require one or several exchange transfusions (ET), a therapy which is not devoid of risk. For some time now, the data concerning the efficiency of high-dose intravenous immunoglobulin therapy (HDIIT) in the treatment of these jaundices have been increasing. A review of the literature shows that, if used as soon as possible in newborn infants over 32 weeks of gestation age, afflicted with Rh or ABO hemolytic disease, the HDIIT brings about, with no undesirable side effects, a significant decrease in the ET number as well as a significant reduction in the length of phototherapy and hospitalization. The data suggesting that HDIIT could increase the risk of late transfusion is open to controversy. ß 2009 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Les icte`res he´molytiques ne´onatals par allo-immunisation fœtomaternelle (AFM) dans le syste`me Rhe´sus, ABO ou autre ne sont pas rares. S’il est possible de pre´venir un grand nombre des alloimmunisations Rhe´sus par l’administration a` la me`re d’immunoglobulines spe´cifiques anti-D, la prophylaxie de l’incompatibilite´ dans les autres groupes, notamment ABO, n’est pas possible. Malgre´ les progre`s re´alise´s dans l’utilisation de la photothe´rapie afin d’e´viter l’icte`re nucle´aire, le traitement de ces icte`res peut ne´cessiter le recours a` une ou plusieurs exsanguinotransfusions (EST), the´rapeutique non de´nue´e de risques. Depuis quelques anne´es les donne´es validant l’utilisation des immunoglobulines polyvalentes intraveineuses (IgIV) dans le traitement de ces incompatibilite´s s’accumulent. La revue de la litte´rature montre que leur utilisation pre´coce chez les nouveau-ne´s atteints d’icte`re par allo-immunisation e´rythrocytaire permet, sans effet inde´sirable, une diminution significative du nombre d’EST ainsi qu’une re´duction significative de la dure´e de la photothe´rapie et de l’hospitalisation. Les donne´es concernant l’augmentation du risque de transfusion tardive qu’elles occasionneraient sont controverse´es. ß 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. Mots cle´s : Icte`re, Nouveau-ne´, Incompatibilite´ Rhe´sus, Incompatibilite´ ABO, Immunoglobulines intraveineuses
1. Introduction La survenue d’un icte`re est fre´quente en me´decine ne´onatale. Pre`s de 6 nouveau-ne´s sur 10 sont concerne´s. Il s’agit le plus souvent d’une situation physiologique lie´e a` l’immaturite´ des * Auteur correspondant. e-mail :
[email protected]
fonctions he´patiques de conjugaison de la bilirubine [1,2]. Parfois, l’icte`re re´ve`le une pathologie constitutionnelle du globule rouge a` expression ne´onatale (a-thalasse´mie, microsphe´rocytose he´re´ditaire [3], de´ficit en glucose 6-phosphatedeshydroge´nase, de´ficit en pyruvate kinase pour les plus fre´quents) ou une anomalie conge´nitale du me´tabolisme de la bilirubine comme la maladie de Gilbert [1,2]. Plus rarement ces icte`res sont secondaires a` une pathologie he´patobiliaire 1289
0929-693X/$ - see front matter ß 2009 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s. 10.1016/j.arcped.2009.05.015 Archives de Pe´diatrie 2009;16:1289-1294
F. Monpoux et al.
(icte`re a` bilirubine conjugue´e des atre´sies ou malformations des voies biliaires). Les icte`res secondaires, le plus souvent mixtes, sont lie´s a` une pathologie infectieuse ou a` un dysfonctionnement thyroı¨dien. L’icte`re au lait de me`re est un diagnostic d’e´limination [1]. Les icte`res en rapport avec une he´molyse immunologique sont e´galement fre´quents [4,5]. Ils sont lie´s a` l’existence d’un conflit entre un ou plusieurs antige`nes e´rythrocytaires de l’enfant he´rite´s du pe`re et le syste`me immunitaire de la me`re. La prophylaxie syste´matique par injection d’immunoglobulines spe´cifiques anti-D a permis une re´duction notable de la fre´quence des allo-immunisations fœtomaternelles (AFM) vis-a`-vis de l’antige`ne Rhe´sus [2,4]. En revanche, la prophylaxie des incompatibilite´s dans le syste`me ABO n’est pas re´alisable. Aussi, les icte`res ne´onatals lie´s a` ce type de conflit immunologique, ge´ne´ralement moins se´ve`res, demeurent fre´quents. Le traitement de l’icte`re ne´onatal passe en premier lieu par la prise en charge de sa cause (infection, hypothyroı¨die etc.). Les icte`res par immaturite´ re´pondent favorablement a` la photothe´rapie (Pt) [1]. Des progre`s substantiels re´alise´s ces dernie`res anne´es dans la connaissance et l’utilisation optimise´e de cette the´rapeutique ont permis de re´duire notablement les taux de bilirubine observe´s au de´cours de la plupart des icte`res [1,2,4,5]. La ne´cessite´ du recours a` l’exsanguinotransfusion (EST) est ainsi devenue rare en ne´onatalogie [2,4,5,7], mais ce traitement reste la re´fe´rence pour les icte`res se´ve`res du nouveau-ne´. Ces icte`res sont souvent lie´s a` un phe´nome`ne he´molytique pour lesquels le risque d’icte`re nucle´aire est particulie`rement e´leve´ et l’efficacite´ de la « lumie`re bleue » souvent insuffisante [1]. L’EST n’est cependant pas de´nue´e de risques associe´s, d’une part, a` la mobilisation de la vole´mie chez le nouveau-ne´ et, d’autre part, a` l’utilisation de produits sanguins labiles [4,5,7]. Ainsi, une
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thrombope´nie ou une hypocalce´mie touchent plus d’un tiers des enfants ayant subi une EST. L’EST a e´galement e´te´ rendue responsable de convulsions, de bradycardies, d’apne´es ou de thromboses vasculaires [7].
2. Les immunoglobulines polyvalentes comme traitement de l’icte`re he´molytique immun du nouveau-ne´ Depuis quelques anne´es les donne´es rapportant l’efficacite´ de l’utilisation des immunoglobulines polyvalentes par voie intraveineuse (IgIV) dans la prise en charge de l’icte`re ne´onatal par incompatibilite´ ABO ou Rhe´sus s’accumulent (tableau I) [6,8–19]. Leurs me´canismes d’action sont mal connus. Hammerman et al ont montre´ par la mesure simultane´e du taux de bilirubine et de carboxyhe´moglobine qui est un marqueur d’he´molyse, que les immunoglobulines entraıˆnaient une de´croissance paralle`le des taux de ces 2 mole´cules te´moignant ainsi de l’inhibition de l’he´molyse. L’hypothe`se d’une saturation des re´cepteurs Fc macrophagiques par les IgIV a e´te´ e´voque´e (figure.1) [19]. L’efficacite´ clinique des IgIV a e´te´ de´montre´e dans une me´taanalyse [6] dont nous avons comple´te´, actualise´ et corrobore´ les re´sultats graˆce a` des e´tudes plus re´cemment publie´es (tableau I et II)). Selon ce travail paru en 2003, 4 e´tudes randomise´es contre placebo concernant l’administration d’IgIV chez des nouveau-ne´s pre´sentant un icte`re par incompatibilite´ ABO ou Rhe´sus ont mis en e´vidence : une re´duction significative du nombre d’enfants justifiant d’une ou de plusieurs EST dans le groupe IgIV + Pt versus le groupe placebo + Pt (risque relatif [RR] 0,18 a` 0,36) ; une re´duction significative de la dure´e d’hospitalisation dans ce meˆme groupe IgIV + Pt ;
Figure 1. Hypothe`se de me´canisme d’action des immunoglobulines ; a : phagocytose d’une he´matie sensibilise´e par des anticorps anti-Rh ou anti-A ou B ; b : en pre´sence d’une grande quantite´ d’immunoglobulines les re´cepteurs Fc du macrophage sont sature´s, limitant la phagocytose des he´maties sensibilise´es.
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Tableau I
Immunoglobulines dans les icte`res par incompatibilite´ Rhe´sus et/ou ABO. E´tude de la litte´rature (re´fe´rences [8–19]). Type d’e´tude (n patients)
Indication(s)
Modalite´s administration posologie
Type de photothe´rapie associe´e
Re´sultats
Effets inde´sirables
Sato et al. (1991) [15]
Observation (3)
Incomp Rh, O/B, E + c
1 g/kg
Simple
« Bonne re´ponse »
Aucun
Ru ¨bo et al., (1992) [16]
Randomise´e (32)
Incomp Rh
0,5 g/kg
Intense continue
11 EST sur 16 dans le groupe te´moin 2 EST sur 16 dans le groupe IgIV
Control : 1 sepsis IgIV : Aucun
Voto et al. (1995) [14]
Randomise´e (37)
Incomp Rh
0,8 g/kg – 3 j
Simple
Dure´e hospitalisation en jours : Groupe te´moin : 14 10 Groupe IgIV : 8 3
Aucun
Dagoglu et al. (1995) [17]
Randomise´e (31)
Incomp Rh
0,5 g/kg
Simple
15 EST sur 19 dans le groupe te´moin (dont 5 EST multiples) 4 EST sur 22 dans le groupe IgIV
Aucun
Hammerman et al. (1996) [19]
Comparativea (36)
Incomp ABO
Non de´taille´
Simple
0 EST dans le groupe de re´pondeurs aux Ig 4 EST sur 5 dans le groupe des non re´pondeurs 0 EST dans le groupe te´moin
NP
Alpay et al. (1999) [18]
Randomise´e (116)
Incomp ABO Incomp Rh ABO + Rh
1 g/kg
Intense continue
29 EST chez 22 patients parmi les 58 du groupe te´moin 11 EST chez 8 patients parmi les 58 du groupe Ig dure´e photothe´rapie et dure´e d’hospitalisation plus courtes groupe IgIV
Aucun
Miqdad et al. (2004) [13]
Randomise´e (112)
Incomp ABO
0,5 g/kg
Intense continue
16 EST sur 56 dans le groupe te´moin 4 EST sur 56 dans le groupe IgIV
Aucun
Nasseri et al. (2006) [12]
Randomise´e (34)
Incomp ABO, Rh
0,5 g/kg/12 h – 3 cures
Intense continue
Dure´es photothe´rapie et d‘hospitalisation + courte dans le groupe IgIVb
NP
Girish et al. (2008) [9]
Randomise´e (38)
Incomp Rh
IgIV 0,5 g/kg IgIV 1 g/kg
Simple
Dure´es de photothe´rapie, hospitalisation et pourcentage d’EST (21 %) identiques dans les 2 groupes
Aucun
Huizing et al. (2008) [8]
Observation (176)
Incomp ABO Incomp Rh
IgIV 0,5 g/kg renouvelable (selon Ru ¨bo et al.)
Simple
Risque relatif d’EST : 0,11 (IC 95 % : 0,046–0,26) groupe te´moin compare´ au groupe IgIV
NP
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Incomp : incompatibilite´ ; Rh : Rhe´sus ; IgIV : immunoglobulines intraveineuses ; NP : non pre´cise´ ; EST : exsanguinotransfusion ; IC 95 % : intervalle de confiance au risque de 95 %. a Perfusion d’IgIV si la bilirubine´mie est supe´rieure a` 222 mmol/L avant la fin des 24 premie`res heures de vie ou si la bilirubine´mie est supe´rieure a` 274 mmol/L au-dela` de la 24e heure de vie. b Diffe´rences significatives pour les incompatibilite´s Rh non pour les incompatibilite´s ABO.
Immunoglobulines polyvalentes intraveineuses et icte`re ne´onatal
Auteur (anne´e)
F. Monpoux et al.
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Tableau II
Immunoglobulines dans les icte`res par incompatibilite´ Rhe´sus ou ABO. E´tude de la litte´rature. Auteur (Anne´e)
Indication(s) (n patients)
Transfusions tardives
Complications autres
Ru ¨bo et al. (1992) [16]
Incomp Rh
3 transfusions pour 2 enfants groupe IgIV
Groupe EST : 1 septice´mie bacte´rienne
Alpay et al. (1999) [18]
Incomp ABO (93) Incomp Rh (16) ABO + Rh (7)
5 transfusions dans le groupe IgIV
Groupe EST : hypoglyce´mie (1), hypocalce´mie (1)
Miqdad et al. (2004) [13]
Incomp ABO (112)
Non
NP
Huizing et al. (2008) [8]
Incomp ABO Incomp Rh 176 enfants
Incomp Rh vs Incomp ABO : Risque Relatif = 7,3 Historique Vs IgIV : NS
NP
Nasseri et al. (2006) [12]
Incomp ABO, Rh 17 control/17 IgIV
11,8 % pour le groupe IgIV 0 % pour le groupe te´moin
NP
Incomp : incompatibilite´ ; Rh : Rhe´sus ; IgIV : immunoglobulines intraveineuses ; NP : non pre´cise´ ; EST : exsanguinotransfusion ; NS : (diffe´rence) non significative.
une re´duction significative de la dure´e de Pt dans le groupe IgIV + Pt versus placebo + Pt. A contrario, et comme attendu, le nombre d’enfants ne´cessitant une transfusion tardive (« late transfusion » des anglosaxons) dans le mois suivant la prise en charge de l’icte`re e´tait plus e´leve´ dans le groupe IgIV + Pt (tableau II). Les auteurs de cette me´ta-analyse signalaient cependant que l’intervalle de confiance (IC) du RR rapporte´ (RR : 8 ; IC 95 % : 1,03–62) ne permettait pas de tirer de conclusions de´finitives [6]. Les e´tudes e´valuant l’inte´reˆt de l’administration d’e´rythropoı¨e´tine chez ces patients sont actuellement en cours. Il semble logique de penser que l’utilisation de ce facteur de croissance devrait permettre une re´duction significative de la ne´cessite´ de ces transfusions tardives comme cela a e´te´ de´montre´ dans la prise en charge de l’ane´mie du pre´mature´. Les diffe´rentes modalite´s d’administration de ces IgIV chez le nouveau-ne´ ont e´galement e´te´ e´tudie´es. Bien que la « clef » du succe`s re´side dans l’administration la plus pre´coce possible apre`s la naissance, ce qui semble logique, aucune e´tude randomise´e ne l’a de´montre´ formellement [2,5,6]. Concernant la dose a` prescrire, les e´tudes publie´es ont rapporte´ des doses allant de 0,5 ou 0,8 g/kg en dose unique a` 0,5 g/kg toutes les 12 h durant 36 h [5,6,8–19]. Nous n’avons trouve´ qu’une seule e´tude randomise´e comparant 0,5 g/kg a` 1 g/kg d’IgIV. Aucune diffe´rence significative n’e´tait constate´e en termes de dure´e de Pt, d’hospitalisation et dans le recours a` l’EST (21 % des cas dans les 2 groupes). Les auteurs de cette me´ta-analyse pre´conisaient e´galement l’utilisation d’une dose unique de 0,5 g/kg [6]. Les quelques e´tudes ayant analyse´ la tole´rance n’ont rapporte´ aucun effet inde´sirable dans les groupes ayant rec¸u des IgIV avec ou sans Pt (tableau I) [9,13–15,17,18]. En fait, les connaissances
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concernant la tole´rance a` l’administration d’ IgIV chez l’enfant reposent essentiellement sur les publications concernant des enfants plus aˆge´s atteints de purpura thrombope´nique idiopathique [20], de de´ficit immunitaire [21] ou de maladie de Kawasaki [22]. La majorite´ des auteurs concluent e´galement a` la rarete´ des manifestations inde´sirables se´ve`res. Concernant les risques de transmission virale, la crainte n’est que the´orique : elle est lie´e a` l’utilisation de plasma humain pour la production des immunoglobulines. Les processus de purification (fractionnement e´thanolique, filtration, chromatographie) et d’inactivation virale (pasteurisation, nanofiltration) utilise´s par l’industrie pharmaceutique permettent d’e´liminer actuellement tout risque de transmission d’agent infectieux connu [23]. Depuis 2004, l’Acade´mie ame´ricaine de pe´diatrie (AAP) recommande l’utilisation des IgIV a` la dose de 0,5 g/kg (e´ventuellement renouvelable dans les 12 h en cas de ne´cessite´) dans les icte`res he´molytiques du nouveau-ne´ par incompatibilite´ ABO ou Rhe´sus non controˆle´s par une Pt intensive [2]. Aucune recommandation n’est fournie pour les incompatibilite´s anti-C ou anti-E pourtant particulie`rement he´molysantes. Plus re´cemment, des recommandations israe´liennes ont e´te´ publie´es [5]. L’utilisation des IgIV y est propose´e sans de´lai pour les icte`res he´molytiques par incompatibilite´ ABO ou Rhe´sus biologiquement prouve´s et menac¸ants (test de Coombs positif, he´molyse rapide). Dans le cas des icte`res immunologiques pour lesquels le test de Coombs est ne´gatif, principalement dans l’incompatibilite´ ABO, et apre`s une pe´riode « probatoire » de 4 h de Pt intensive les IgIV peuvent eˆtre utilise´es. Cette pe´riode est re´duite en cas d’incompatibilite´ anti-C ou anti-E. La dose sugge´re´e est de 0,5 a` 1 g/kg en perfusion unique de 3 h [5]. Pour la France,
Immunoglobulines polyvalentes intraveineuses et icte`re ne´onatal
aucune recommandation n’existe a` l’heure actuelle. Les re´centes recommandations du Comite´ d’e´valuation et de diffusion des innovations technologiques (CEDIT) ne font aucune mention de cette indication [24]. La grande majorite´ des e´tudes publie´es concernent des enfants a` terme et excluent les « grand pre´mature´s ». Le seuil en termes d’aˆge gestationnel autorisant l’utilisation des IgIV est de 32 semaines d’ame´norrhe´es (SA) pour Girish et al. [9], 36 SA pour Dagoglu et al. [17]. Les recommandations ame´ricaines s’adressent quant a` elles a` des enfants de plus de 35 SA [2]. Sur le plan e´conomique Gottstein et Cooke concluaient dans leur me´ta-analyse que le couˆt de l’utilisation des IgIV e´tait largement compense´ par une re´duction de la dure´e d’hospitalisation et de la ne´cessite´ d’EST. Ils estimaient a` 2,7 (IC 95 % : 2–3,8) le « number needed to treat » soit le nombre d’enfants ne´cessitant une perfusion d’IgIV pour e´viter 1 EST [6]. Aux E´tats-Unis, la fre´quence du recours a` l’EST de´cline re´gulie`rement [7]. Pour Steiner et al., l’utilisation des IgIV dans la prise en charge des icte`res he´molytiques interviendrait en partie dans la re´duction des indications d’EST (associe´e aux autres recommandations de prise en charge de l’AAP) [7].
3. Conclusions Les IgIV conjugue´es a` la Pt sont efficaces dans la prise en charge des icte`res se´ve`res du nouveau-ne´ lie´s a` une incompatibilite´ e´rythrocytaire. Leur tole´rance est excellente. Plusieurs travaux ont montre´ qu’elles re´duisaient la ne´cessite´ du recours a` l’EST, la dure´e de Pt et d’hospitalisation. Les donne´es concernant l’accroissement du risque ne´cessaire de transfusion tardive qu’elles engendreraient sont controverse´es. Ce travail n’avait pas vocation a` fournir des recommandations pre´cises. Ne´anmoins, il nous a paru inte´ressant de fournir une base scientifique argumente´e en sachant que les populations e´tudie´es dans les diffe´rentes publications analyse´es ne refle`tent pas force´ment le quotidien de nos unite´s de ne´onatalogie.
4. Conflits d’inte´reˆts Aucun.
Remerciements Au Professeur Etienne Be´rard d’avoir accepter de relire et corriger ce travail.
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