Nutrition clinique et métabolisme 18 (2004) 1
Éditorial
La lettre des Présidents Vous trouverez ci-dessous la « Lettre des Présidents » et non la « Lettre du Président » comme à l’accoutumée, car face à une réforme du 1er cycle des études de santé insuffisamment réfléchie, la situation de nos amis Diététiciens exige une réponse unitaire. Les diététiciens exclus des professions de santé ? Les ministres de l’éducation nationale et de la santé souhaitent à juste titre une réforme des études des métiers de la santé reposant sur une année commune de formation. Le diététicien est actuellement en marge de cette réforme. À l’heure où la prévention, et plus particulièrement la nutrition (Programme national nutrition santé), deviennent des axes prioritaires de l’organisation de santé, cette exclusion nous interpelle ! Le diététicien est le seul professionnel de santé spécialisé dans l’application pratique des bases scientifiques de la nutrition. Les champs d’exercice, du métier de diététicien, se retrouvent naturellement dans les établissements de santé (publics et privés), dans les lieux de distribution des repas en restauration collective, dans les lieux d’éducation (écoles, lycées...), dans les soins de ville (exercice en libéral), dans la recherche clinique et épidémiologique, dans l’industrie agroalimentaire, dans la communication. Sur le terrain, les diététiciens doivent être formés à : • aider les individus à modifier leurs habitudes alimentaires, dans le cadre de la prévention primaire, secondaire, tertiaire, et de la thérapeutique conformément aux impératifs de santé publique ; • informer et former des groupes de population, de professionnels dans le domaine de l’alimentation–nutrition et la santé ; • créer des outils adaptés à des situations de soins diverses ; • intégrer des connaissances scientifiques, techniques, psychosociologiques, et réaliser une synthèse pour assurer l’exécution des actes de formation nutritionnelle individualisée, aider à la conception de nouveaux produits ; • maintenir le lien indispensable entre la nutrition et le « plaisir de la table ».
doi:10.1016/j.nupar.2004.01.001
Le diététicien en établissement de santé et en exercice libéral, travaille principalement dans le cadre d’actions thérapeutiques sous la responsabilité d’un médecin. Il transcrit la prescription médicale thérapeutique en conseils concrets adaptés à chaque individu. Il met alors en œuvre les stratégies diététiques nécessaires pour accompagner les patients vers leur autonomie. Le diététicien, expert en alimentation–nutrition, est l’un des partenaires des services logistiques chargés de la prestation alimentaire, et du secteur industriel chargé de proposer de nouveaux produits alimentaires. Le diététicien est clairement un professionnel paramédical. La formation actuelle des diététiciens ne répond plus aux exigences de ce métier. Elle est trop courte : deux années sont insuffisantes pour acquérir des connaissances qui vont de la physiologie à la technologie culinaire en passant par la psychologie, l’épidémiologie, l’éducation thérapeutique et l’éducation à la santé. Elle se fait hors du secteur santé puisque les deux voies de formation actuelles sont soit les Instituts universitaires de technologie (IUT) de génie biologique, soit les lycées professionnels. Les diététiciens réclament depuis plusieurs années un allongement de leurs études. Il est logique, à l’heure où tous les professionnels de santé vont bénéficier de profils de formation semblables, d’inscrire la réforme des études de diététiciens dans cette optique pour qu’ils intègrent dès le départ le cursus européen : licence, master, doctorat. Les professionnels de la nutrition et toutes les sociétés de nutrition s’associent dans cette demande de réforme répondant au contexte européen de formation universitaire, dans lequel toutes les professions médicales et paramédicales doivent être incluses. Jean-Louis Bresson, SFN Dominique Combret, ADLF Luc Cynober, SFNEP Michel Krempf, CEN Monique Romon, la rédaction des cahiers Reçu le 17 septembre 2003