© Masson, Paris, 2005.
Rev Epidemiol Sante Publique, 2005, 53 : 525-534
Média et santé publique : l’exemple de la canicule pendant l’été 2003 en France Media and public health: example of heat wave during summer 2003 L. BOYER, S. ROBITAIL, D. DEBENSASON, P. AUQUIER, J.-L. SAN MARCO Laboratoire de Santé publique, Faculté de Médecine Timone, 27, boulevard Jean-Moulin, 13005 Marseille. Email :
[email protected] (Tirés à part : L. Boyer)
Background: The summer of 2003 was the hottest for France in the last 50 years with record day and nighttime temperatures. INSERM statistics estimated that 14,802 heat-related deaths occurred during August 2003 heat wave in France. In the aftermath of this crisis, we thought that it was useful to analyze how the French media dealt with public health during the period from June 1 to August 31, 2003. The objective was to analyze French coverage of public health information during the August 2003 heat wave. Methods: Manual and computerized analysis of newspaper and radio reports published from June 1 to August 31, 2003. Articles were obtained by searching the EUROPRESS database. Text analysis was performed using the ALCESTE software package. Results: A total of 1,599 articles were analyzed. Few articles contained warnings about heat exposure and preventive measures. Public health policy was relegated to third place after business and ecology themes. The special problems of the high-risk populations were not mentioned until after the rising death toll was known and emphasis was placed on the implications of the crisis in the political process. The findings of this study show the poor performance of public health policy in France and that media must be given guidance to fulfil its role in providing public health information. Conclusion: This crisis discloses the absence of public health culture in France and involves the “social exclusion” related to a breakdown of social cohesion. More cooperation is needed between the media and public health professionals to avoid future heat-wave and other public health crises. France must develop a public health culture to promote involvement of both the community and individuals in public health issues. Media. Communication. Heat wave. Public Health.
Position du problème : L’été 2003 est le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années tant pour les températures nocturnes que diurnes. Selon l’INSERM, la vague de chaleur qui a sévi en France au mois d’août a fait 14 802 morts. L’objectif de ce travail est de déterminer comment un problème aigu de santé publique est traité par les médias en France à travers l’exemple de « la canicule » pendant l’été 2003. Méthodes : Analyse manuelle et automatisée de la presse écrite et radiophonique française du 1er juin au 31 août 2003. L’analyse a été réalisée pour chaque semaine et pour l’ensemble de la période d’étude, nous permettant d’explorer les thèmes développés dans les médias associés à « la canicule ». L’analyse automatisée des articles a été réalisée à l’aide du logiciel d’analyse textuelle Alceste. La Classification Descendante Hiérarchique est la méthode utilisée, permettant la génération Texte reçu le 29 juillet 2004. Acceptation définitive le 9 mars 2005.
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L. BOYER ET COLLABORATEURS
de classes sémantiques. Une représentation géométrique des classes, des semaines et des journaux dans l’espace est réalisée sur les axes décrits dans l’analyse factorielle. Résultats : Au total, 1 599 articles ont été sélectionnés puis analysés. Peu d’articles portent sur la prévention des coups de chaleur et l’impact de la chaleur sur la santé des groupes à risque. Avant le week-end du 9-11 août, le mot « canicule » est associé le plus souvent à des thèmes d’ordre économique et écologique. L’impact de la chaleur sur la santé est peu développé et concerne principalement les sportifs, les travailleurs et les animaux. Après cette période, la santé des personnes âgées est abordée par les médias mais c’est la polémique politique qui fait, le plus souvent, la « une » des journaux. Conclusion : Cette crise stigmatise l’absence de « culture de santé publique » et plus gravement une destruction du lien social en France. Deux défis majeurs sont à relever : les médias doivent être des partenaires à part entière des professionnels de santé publique qui doivent les guider et les citoyens doivent devenir des acteurs de leur santé. Médias. Communication. Canicule. Santé publique.
INTRODUCTION
La surmortalité liée aux vagues de chaleur estivale touche principalement certaines populations à risque. Il a été établi que les personnes les plus exposées aux conséquences potentiellement mortelles des fortes chaleurs sont celles âgées de plus de 65 ans, sédentaires et vivant seules en milieu urbain [1-11]. Des expériences nord-américaines et dans le Sud de la France ont montré une certaine efficacité de la mise en place de programmes de prévention [12-15]. Pendant l’été 2003 par exemple, la mortalité infantile en France a été faible [3], pouvant résulter en partie de l’acquisition de comportements de prévention. L’été 2003 est le plus chaud que la France ait connu ces cinquante dernières années tant pour les températures nocturnes que diurnes. Dès le mois de juin, les températures dépassaient les normales saisonnières de 5 à 7 °C en moyenne (Source Météo-France). Mais ce que l’on a appelé « La canicule » a duré 9 jours à partir du 4 août. Cette vague de chaleur, annoncée dès le 1er août par Météo-France, a fait 14 802 morts en France (Source INSERM [3]). Comme dans de nombreuses situations de crise, les médias peuvent représenter un outil de communication majeur pour alerter et informer la population, particulièrement certains groupes à risque, des mesures de prévention nécessaires pour éviter la survenue de complications médicales liées à la chaleur. La « canicule » de l’été 2003 peut constituer un exemple du traitement par les médias d’un problème aigu de santé publique. L’objectif de ce
travail est d’appréhender le rôle des médias dans cette crise, ainsi que la manière dont a été traitée l’information relative à ces évènements. Nous essaierons de savoir comment les messages de prévention ont été diffusés et si des dispositions ont été initiées en termes de communication entre les professionnels de santé et les médias. MÉTHODOLOGIE
SOURCES Afin d’étudier les effets combinés de la radio et de la presse durant la période concernée, c’est à dire du 1er juin (dès que les températures ont dépassé les normales saisonnières) au 31 août 2003, nous avons consulté une banque de données d’archives de presse dédiée aux missions de veille et de recherche documentaire : Europresse (http://www.europresse.com). Les mots-clés ont été les suivants : « canicule » ou « coup de chaleur ». Les sources ont été retenues selon l’importance de leur diffusion. Une revue exhaustive des reportages diffusés sur RTL et des articles parus dans huit journaux importants (La Croix, Les Échos, L’Équipe, Le Figaro, L’Humanité, Libération, Le Monde et La Tribune) a permis de sélectionner les émissions et articles qui se rapportaient à la vague de chaleur. Le Monde (475 800 exemplaires) a été inclus parce qu’il s’agit du premier quotidien de référence. RTL est le leader radiophonique en France ; les transcriptions comprennent ici un suivi quotidien de l’actualité française et internationale, plusieurs chroniques quotidiennes en plus d’émissions hebdomadaires ou mensuelles dont le « Grand Jury » et le « Grand Débat ». Le choix de Libération (170 000 exemplaires), L’Humanité (52 000 exemplaires) et Le Figaro (492 000 exemplaires) permet de représenter les principaux courants politiques. Plusieurs journaux spécialisés ont également été pris en compte : Les Échos (110 000 exemplaires) et La Tribune (90 000 exemplaires) pour la presse économique, La Croix
MÉDIAS ET SANTÉ PUBLIQUE
(90 934 exemplaires) quotidien catholique (513 258 exemplaires) quotidien sportif.
et
L’Équipe
Les journaux télévisés n’ont pas été inclus dans notre analyse ; les communiqués n’étaient pas accessibles au moment de cette étude.
ANALYSE DES DONNÉES Le contenu des articles a été analysé à la fois manuellement et de façon informatisée. L’analyse manuelle a consisté en une lecture minutieuse du contenu des articles afin d’identifier les principaux thèmes associés à la canicule. L’analyse informatisée permet de valider les résultats de l’analyse manuelle. Pour chaque article étaient notés le nom de la source, la date et la semaine des publications. L’analyse automatisée textuelle a été réalisée avec le logiciel Alceste [16], qui permet de quantifier un texte pour en extraire les structures signifiantes les plus fortes, afin de dégager l’information essentielle contenue dans les données textuelles. Nous avons exploré les différents thèmes développés par les médias associés à la « canicule ». Cette analyse a porté dans un premier temps sur l’ensemble de la période étudiée, nous permettant d’avoir une vision globale et chronologique sur la façon dont les médias ont traité l’information. Puis elle a été réalisée pour chaque semaine pour avoir des résultats détaillés par semaine avec les mots les plus fréquemment retrouvés. Une attention particulière a été portée aux problèmes médicaux liés à la chaleur et aux conseils énoncés envers les personnes âgées. L’analyse du texte débute avec son « nettoyage ». La normalisation des données consiste à enlever les caractères spéciaux et à standardiser le texte : majuscules, minuscules, guillemets, points… Chaque article est divisé en Unités de Contexte Élémentaire (UCE) d’une longueur standardisée d’environ trois lignes afin de rendre comparables les probabilités d’occurrence dans chaque partition textuelle. L’UCE correspond habituellement à une phrase. Cette analyse prend en compte les noms, les adjectifs, les verbes et les adverbes. Après avoir analysé le vocabulaire et procédé au découpage du texte, ALCESTE opère une classification. Les mots sont réduits à leur racine puis regroupés. La similarité des UCE est basée sur le nombre de mots en commun. La Classification Descendante Hiérarchique est la méthode utilisée par Alceste. Cette méthode procède par fractionnements successifs du texte, utilisant le premier axe de l’analyse factorielle. Elle repère les oppositions les plus fortes entre les mots du texte et extrait ensuite des classes d’énoncés représentatifs que nous appellerons classes sémantiques. En d’autres termes, le logiciel calcule les liens entre ces UCE, c’est-à-dire qu’il relie celles qui ont des mots en commun. Alceste forme des classes à partir des « phrases » qui contiennent le même mot. Le pourcentage de variance est présenté pour chaque classe sémantique et permet d’avoir une représentation du poids de chaque classe. Pour interpréter ces classes, le vocabulaire spécifique a été analysé et un nom a été attribué à chaque classe. Deux des auteurs travaillant de façon indépendante ont défini les thèmes sur la base des mots retrouvés dans chaque classe. Une confrontation des deux classifications a été réalisée afin de donner un nom commun à chaque classe sémantique. Le
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choix du thème a été discuté par les deux auteurs. Lorsque les deux auteurs ne s’accordaient pas sur la dénomination d’une classe, un troisième auteur a été consulté. Après que ces classes aient été déterminées, une représentation dans l’espace des classes et mots a été réalisée, basée sur les axes décrits par l’analyse factorielle. Les coordonnées des classes, des journaux et des semaines ont été utilisées pour obtenir la représentation graphique.
RÉSULTATS
Un total de 1 599 articles a été analysé, incluant 272 articles du Monde (17 %), 58 de RTL (5 %), 240 de Libération (15 %), 212 de L’Humanité (13 %), 404 du Figaro (25 %), 85 de La Tribune (5 %), 135 des Échos (8 %), 123 de La Croix (8 %), et 70 de L’Équipe (4 %). ANALYSE GLOBALE PORTANT SUR L’ENSEMBLE DE LA PÉRIODE
L’analyse textuelle a permis d’identifier 8 classes sémantiques, expliquant entre 7,5 % et 19,0 % de la variance totale (tableau I). Les deux principales classes sont relatives au divertissement (nombre d’UCE = 1 433, pourcentage de variance expliquée = 19 %) et à l’économie (nombre d’UCE = 1 132, pourcentage de variance expliquée = 15 %). Une illustration de la manière dont la canicule est citée dans la classe divertissement est la suivante : « le festival des musiques […] fête ses dix ans dans la canicule ». Les autres classes sont citées par ordre décroissant de pourcentage de variance expliquée : santé publique (14 %), écologie (13 %), controverse politique (13 %), politique (9 %), sports (8 %) et faits divers (7 %). « Une vitre […] est involontairement brisée. Des pétards de fête […] sont jetés dans la cour, suivis par quelques jets d’eau presque apaisants en ces temps de canicule » est un des exemples retenus dans la classe « faits divers ». La carte factorielle (fig. 1) montre que l’axe F1 est principalement déterminé par les semaines et explique 26 % de la variance des UCE. Il oppose les semaines 2 à 11 aux semaines 12 et 13. L’axe F2 semble essentiellement déterminé par les journaux et explique 20 % de la variance des UCE. Il oppose le journal Le Monde au journal L’Équipe. Les variables proches du centre sont difficilement interprétables. Les variables fortement corrélées entre elles sont entourées par des ellipses.
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L. BOYER ET COLLABORATEURS
F2 (20,0 %) +
+
* Le Monde *S11 # Écologie
* La tribune * Les Échos *S 12
# Économie
* La Croix # Controverse politique
* S10
* Figaro
+
Santé publique # *RTL *S13 Politique # * Libération* L'Humanité
+ F1 (26,0 %)
S1
01/06-08/06
S2
09/06-15/06
S3
16/06-22/06
S4
22/06-28/06
S5
29/06-05/07
S6
06/07-12/07
S7
13/07-19/07
S8
20/07-26/07
S9
27/07-03/08
S10 04/08-10/08
# Faits divers *S03
*S09
S11 11/08-17/08 S12 18/08-24/08
*S04
* L'Équipe
S13 25/08-31/08
*S07 # Divertissement *S08 # Sports *S06
*S01 S05 S02
+
+
S : semaine
FIG. 1. — Analyse globale de l’ensemble de la période. Projection des classes sémantiques, semaines, journaux et radio.
La figure 1 permet de constater que les neufs premières semaines (de début juin au 3 août) sont proches entre elles et se trouvent dans le même
cadran inférieur droit. Elles sont positionnées près des classes « divertissement », « sport », et du journal L’Équipe. Les semaines 10 et 11 (du 4
TABLEAU I. — Analyse complète. Classes sémantiques. Classes sémantiques
Variance expliquée
Nombre d’UCEa
Divertissement
19,04 %
1 433
Principaux mots retrouvés Art, films, costumes, musique, pièce de théâtre, télévision
Économie
15,04 %
1 132
Production nucléaire et électrique, producteurs, agriculture, bourse
Santé publique
13,91 %
1 047
Personnes âgées, décès liés à la chaleur, maladie, docteur, maison, hôpital
Écologie
13,32 %
1 002
Eau, forêt, ressources gaspillées, effet de serre, couche d’ozone, qualité de l’air, sécheresse
Controverse politique
13,34 %
1 004
Alerte, meurtrier, démission, ministre, controverse politique
Politique
9,38 %
706
Meeting politique, écologiste, communisme, Assemblée nationale
Sports
8,43 %
634
Finale, champion, club, cyclistes, Tour de France
Faits divers
7,53 %
567
Solidarité, sécurité, taxes, intermittents du spectacle
a
Unité de contexte élémentaire.
MÉDIAS ET SANTÉ PUBLIQUE
au 17 août) forment un groupe proche des thèmes « économie » et « écologie », et des journaux La Tribune, Les Échos, Le Figaro et Le Monde (cadran supérieur droit). Enfin les deux dernières semaines (du 18 au 31 août) constituent un troisième groupe proche des thèmes « santé publique », « controverse politique », et des journaux La Croix et RTL (cadrans supérieur et inférieur gauches). Les sujets de politique générale et les faits divers sont situés au centre du graphique et sont proches des journaux Libération et L’Humanité.
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Peu d’articles abordent les problèmes de santé et ils se limitent le plus souvent à la santé des cyclistes du Tour de France et des travailleurs. Seuls quelques articles (13) parlent des possibles conséquences de la chaleur sur la santé des personnes âgées. À partir de la dixième semaine, l’intérêt se porte sur les personnes âgées mais la principale préoccupation des médias est la polémique portant sur la gestion politique de la crise. DISCUSSION
ANALYSE PAR SEMAINE La distribution des articles par semaine est présentée dans le tableau II. Leur nombre varie entre 12 articles la 1re semaine de juin et 419 la semaine du 18 au 24 août. Jusqu’à la 10e semaine (du 4 au 10 août), le mot « canicule » est principalement associé au divertissement, aux problèmes économiques et écologiques. Trois messages de prévention ont été repérés dans l’analyse manuelle : un message pendant la troisième semaine de juin, à la suite d’un communiqué de Météo-France ; un message le 8 juillet par le Professeur San Marco à Marseille ; et un communiqué de presse de la Direction Générale de la Santé (DGS) le 8 août.
Le choix et la sélection des sujets dans les médias dépendent consciemment ou inconsciemment des attentes du grand public ainsi que de divers groupes de pression. L’approche de ce thème « sensible » de santé publique qui est celui de la « canicule » n’a pas été traitée de façon prioritaire par les médias. Plusieurs hypothèses peuvent être envisagées pour expliquer la réponse inadéquate de la société française et des pouvoirs publics à la catastrophe sanitaire, et par conséquent sa couverture insuffisante par les médias. De plus, deux autres freins à la diffusion de messages de prévention peuvent être identifiés. Un frein conscient : le poids des groupes de pression économique et politique dont la place prédo-
TABLEAU II. — Analyse des semaines. Classes liées à la canicule et au coup de chaleur. Semaines
Nombre total d’articles
1
01/06-08/06
12
Actualités, faits divers
2
09/06-15/06
12
Actualités, faits divers, Sports
3
16/06-22/06
28
Économie, écologie, santé
4
22/06-28/06
49
Divertissement, sports, économie, écologie
5
29/06-05/07
21
Politique, sports
6
06/07-12/07
22
Sports, économie
7
13/07-19/07
51
Sports, économie, écologie
8
20/07-26/07
33
Sports, économie, écologie
Classes liées à la canicule et au coup de chaleur
9
27/07-03/08
43
Sports, divertissement, économie, écologie
10
04/08-10/08
186
Sports, économie, écologie
11
11/08-17/08
375
Santé publique, controverse politique
12
18/08-24/08
419
Controverse politique
13
25/08-31/08
348
Controverse politique, économie, écologie
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L. BOYER ET COLLABORATEURS
minante dans les médias laisse peu de place aux messages de santé publique. Il est clair que les différents pouvoirs agissent non seulement par les contraintes économiques qu’ils sont en mesure d’exercer mais aussi par les pressions qu’autorise le monopole de l’information légitime (les sources officielles notamment) [17]. L’autre frein évoqué est plus inconscient et concerne le poids de l’écologie. LA COUVERTURE MÉDIATIQUE DES PROBLÈMES DE SANTÉ
Les messages de prévention et l’impact de la chaleur sur la santé des personnes âgées, particulièrement avant le week-end du 9-11 août, n’ont pas réellement été pris en compte par les médias. Le premier message d’alerte a été donné la troisième semaine de juin, à la suite d’un communiqué de Météo-France. Le 8 juillet, des messages médicaux locaux sont diffusés par le Professeur San Marco à Marseille. Un communiqué de presse de la DGS a été diffusé tardivement le 8 août mais son contenu a été critiqué ; il se bornait à rappeler les risques découlant de l’exposition à la chaleur sans insister sur le caractère d’urgence [18]. Ces messages n’ont pas été largement repris par les médias nationaux. Ce peu de retentissement dans les médias n’est pas étonnant compte tenu du caractère local ou du contenu insuffisant des messages initiaux. Les informations délivrées par les médias favorisent l’immédiateté du spectacle aux dépens d’une réelle réflexion de santé publique qui aurait pu aboutir à une anticipation de cette hécatombe. Avant le week-end du 9-11 août, peu d’articles ou reportages portent sur les répercussions de la chaleur sur la santé. De façon chronologique, les médias ont d’abord retenu la santé des sportifs (Tour de France en juillet), puis celle des travailleurs, les décès dans les pays étrangers et la chaleur dans les prisons. Les médias s’intéressent ensuite au sort des animaux, des arbres, des ordinateurs, de façon concomitante à celui des personnes à risque (les personnes âgées, les sans domicile fixe, les enfants). Ce classement par ordre chronologique, et donc vraisemblablement par ordre d’importance pour les groupes d’intérêts ciblés par la presse, traduit bien la représentation de la vieillesse dans notre société.
Après le week-end du 9-11 août, les articles s’intéressant à la répercussion de la vague de chaleur sur la santé sont beaucoup plus nombreux. Les premiers signaux d’alerte sont donnés par la prise de conscience du caractère anormal de la situation par les sapeurs-pompiers de Paris, les difficultés dans les services d’urgence d’Îlede-France et la saturation rapide des chambres funéraires. Pour la première fois depuis le début de l’été, l’intérêt se porte sur les personnes âgées et sur la possibilité d’une véritable « hécatombe » qualifiée de « drame humain ». Mais il faut reconnaître que la principale préoccupation des médias est la polémique portant sur la gestion politique de la crise. Finalement, le sort des personnes âgées semble être secondaire par rapport à la recherche d’un responsable de ce drame (Institut de Veille Sanitaire, Direction Générale de la Santé, ministères, professionnels de santé…). Une définition imprécise de la vague de chaleur
Le premier problème est celui de la définition exacte du terme vague de chaleur. De nombreuses définitions existent et sont basées sur différents éléments météorologiques comme l’index thermique, les températures diurnes, les températures nocturnes, la température moyenne sur 24 heures [19, 20]. Plusieurs études ont démontré l’importance d’autres facteurs, c’est-à-dire le lieu d’habitation (ville), l’environnement proche, le type d’habitat et la période de l’épisode de chaleur (précocement ou tardivement pendant l’été) [21-23]. Cette imprécision se retrouve dans la presse. Le mot « canicule » est banalisé. Il est le plus souvent associé au sport, aux vacances, à la culture, à la télévision. Il est présent dans la presse dès le mois de juin alors que la « canicule » s’étend en réalité du 4 au 12 août. L’absence de mesures de prévention
Deux épisodes précédents de vague de chaleur ont eu lieu en France : en 1976 touchant une grande partie du pays (Sud-Ouest, Ile-de-France et Champagne) à l’origine d’une surmortalité de 6 000 décès selon l’INSERM et en 1983 concentré dans les Bouches-du-Rhône. La chaleur n’était déjà pas considérée comme un risque environnemental susceptible d’aboutir à une catastrophe sanitaire. À l’exception de Marseille, aucune mesure de prévention n’avait alors été
MÉDIAS ET SANTÉ PUBLIQUE
mise en place. À l’étranger, la ville de Chicago a su, en 1999, tirer profit de l’expérience de la vague de chaleur qui l’avait frappée en 1995 et réduire de moitié la surmortalité attendue [11]. Une population cible mal définie
La mortalité liée aux vagues de chaleur touche des personnes dispersées (à domicile, dans des maisons de retraite, des hôpitaux…), fragilisées, âgées, dont le décès est plus ou moins attendu, ce qui les rend difficilement identifiables. Ces morts sont souvent considérées comme naturelles. Les décès dus à la chaleur (coups de chaleur) sont une infime minorité devant les morts liées à la chaleur (pathologies antérieures aggravées) [13]. La chaleur est ainsi considérée comme un « tueur silencieux » [24]. LA LOGIQUE DES MÉDIAS À L’HEURE ACTUELLE L’intervention médiatique est vitale pour la protection de certains groupes à risque. Dans la mission d’information du public en matière de santé, il est devenu indispensable de considérer les médias comme des partenaires à part entière. Dans des situations d’urgence, les médias doivent fournir des informations fiables et précises à la population [25, 26]. Notre étude montre que l’information délivrée pendant la « canicule » a davantage consisté à diffuser des messages sensationnels et émouvants plutôt que des informations « d’intérêt public ». Si les médias ne peuvent pas être accusés du manque d’anticipation de cette catastrophe sanitaire, l’absence de relais des messages de prévention est plus critiquable [18]. Mais il n’en reste pas moins qu’il appartenait aux professionnels de diffuser plus de messages de prévention de qualité. Par exemple, il n’est pas étonnant que les médias n’aient pas relayé le message de la DGS, qui n’insistait pas sur le caractère d’urgence. Ceci souligne la nécessité d’une collaboration entre les professionnels de santé publique et les médias. Ils doivent fournir les informations nécessaires à la diffusion d’alertes en temps et en heures, ou de messages de prévention pertinents et opportuns [27, 28]. Plusieurs villes nordaméricaines, notamment Chicago, ont développé des systèmes d’alerte [10-12, 14, 15]. À Philadelphie, le système d’alerte s’assure que la télévision, la radio et les journaux soient en possession
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d’annonces (messages préventifs, messages d’alerte…) réalisées par des professionnels de santé. Des numéros de téléphones sont également mis en place pour le public [12]. Ces actions permettent de s’assurer que les médias accomplissent un rôle de service public. En France, des efforts doivent être développés pour favoriser une meilleure cohésion et davantage de collaboration entre les services de santé publique et les médias. Ces derniers doivent être sensibilisés aux dangers des populations à risque en amont d’une vague de chaleur. Ceci est d’autant plus fort que l’opposition entre les journaux offrant avant tout des nouvelles de préférence sensationnelles et des journaux proposant des analyses et des commentaires tend à s’atténuer. La pratique journalistique semble placée sous le signe de la vitesse et de la précipitation dans un contexte concurrentiel altérant ainsi sa capacité d’analyse. Cette collaboration pourrait ainsi être à l’origine d’une réflexion plus approfondie. Au niveau national, le « plan canicule » prévoit notamment que Météo-France peut déclencher « un avis de canicule » si certains indicateurs sont atteints pendant plusieurs jours. Météo-France est chargé d’informer le public sous la forme d’une carte de France signalant la survenue d’un épisode caniculaire. Des campagnes d’information préventive, par la diffusion de messages de recommandations sanitaires, sont menées par l’Institut National de Prévention et d’Éducation pour la Santé. La DGS a élaboré des recommandations et des conseils pour la population générale, pour la population à risque et pour des situations particulières comme l’activité sportive et le travail exposé. À Marseille, un site Internet a été mis en place avec des informations simples à destination du public [29]. Ce site mis en place en juin 2004 a reçu 671 visites en juin, 3 117 en juillet, 1 723 en août et 219 la première quinzaine de septembre. L’intérêt porté à ce site est manifeste dès le mois de juin. Les connexions proviennent de liens divers, touchant ainsi un large public : Météo-France, des sites gouvernementaux, le site de la mairie de Paris, un site de culture générale, un site de presse, des sites hospitaliers et un site consacré aux personnes âgées. Les médias ont accès à l’ensemble de ces informations. Mais leur rôle dans la diffusion de ces
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messages ne semble pas clairement défini. La communication en direction des médias et le partenariat des professionnels de santé publique avec la presse sont peu développés dans le « plan canicule ». Ce point reste encore à améliorer en vue de la gestion générale des problèmes de santé publique. LA FAIBLESSE DE LA SANTÉ PUBLIQUE EN FRANCE En France, les « affaires » comme celles du sang contaminé, de la vache folle, de l’amiante, de la « canicule »… se succèdent et traduisent la faiblesse de la santé publique [30, 31]. Elles n’ont pas conduit à une remise en question de notre politique en termes d’impact éducatif au niveau collectif, qui aurait pu prévenir le drame de cet été. Dans le cas du sang contaminé, cela peut s’expliquer par son versant émotionnel, qui a relégué au second plan une réelle analyse. Dans les cas suivants qui ne présentaient pas cette charge émotionnelle, il n’y a pas eu de véritable remise en question de notre politique de santé publique. Les décisions prises semblent relever plus de l’application du principe de précaution, bien souvent amalgamé à une volonté de protection politique [32]. Pour éviter que de tels drames ne se reproduisent dans le futur, il faut développer une véritable culture de prévention, à la fois au niveau collectif et au niveau individuel. Réhabiliter la santé publique suppose en premier lieu que l’on reconnaisse son importance et que l’on privilégie sa place dans la hiérarchie des priorités de l’État. Seule une culture de santé publique permettra au citoyen d’exercer un contre-pouvoir, c’est-à-dire de jouer un rôle actif et d’exercer un meilleur contrôle sur les déterminants de sa santé. LES GROUPES DE PRESSION ÉCONOMIQUE ET L’ÉCOLOGISME Sur ce fond de « catastrophe sanitaire » se dessine un conflit d’intérêt ou de rapport de forces, entre les préoccupations économiques et l’écologie, reléguant en arrière-plan les préoccupations de santé publique. Le poids de ces acteurs a occulté le traitement par les médias des messages de prévention à destination des personnes âgées. Les répercussions économiques de la sécheresse sont présentes à partir de la troisième
semaine de juin. La presse développe principalement les effets de la chaleur sur l’agriculture et la production d’électricité. Les problèmes des agriculteurs et des centrales nucléaires laissent peu de place aux problèmes de santé. Alors que les effets de la chaleur sur la santé sont bien connus, les journalistes ont accordé plus d’importance aux répercussions sur l’agriculture et l’électricité que sur la santé, principalement à la 10e et 11e semaine. Les hommes sont alors relégués loin derrière les plantes, le bétail et la production d’électricité : « Cinq sites nucléaires d’EDF affectés par la baisse du niveau des fleuves » (Les Échos, le 4 août 2003), « Le manque d’eau et la chaleur perturbent le réseau d’électricité » (Le Figaro, le 30 juillet 2003), « adieu poulet, dindon, cochon » (Libération, le 11 août 2003)… L’exacerbation de l’idéal de rentabilité dans nos sociétés est manifeste. Le domaine médiatique n’échappe pas à ce constat (logique de l’audimat, des ventes de journaux…) ; ceci pose la question de l’influence de groupes de pression économique et politique sur les médias. Dans cette revue de presse, le souci de l’environnement est particulièrement marqué. Deux formes d’écologisme s’opposent et sont à l’origine d’un débat qui s’est tenu au détriment de la santé publique : un écologisme anthropocentrique auquel il faut opposer un écologisme « profond » biocentrique ou écocentrique. Il faut néanmoins souligner que cette distinction théorique n’est pas aussi nette dans la réalité et qu’il existe plusieurs degrés entre ces deux extrêmes. La première forme qui s’esquisse est vraisemblablement celle partagée par la majorité des individus qui souhaitent éviter une dégradation de leur santé et de leur qualité de vie [33]. Les principaux thèmes abordés sont l’épuisement des ressources naturelles, l’effet de serre, le trou dans la couche d’ozone, les nombreux pics de pollution. À travers la nature, c’est l’homme qu’il s’agit de protéger. Le deuxième mouvement qui se dessine est plus radical. La principale préoccupation d’un certain nombre d’articles semble être le règne animal et le règne végétal. Ce n’est plus l’homme qui est le centre d’intérêt, mais bien la nature qu’on doit défendre : « les dérèglements pourraient être dus à des causes humaines » (La Croix, le 6 août 2003), « la climatisation ne
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rafraîchit qu’en réchauffant la planète » (Libération, le 9 août 2003)… Les animaux et l’environnement sont désormais inclus, au même titre que les hommes, dans la sphère des préoccupations morales : « Les animaux souffrent aussi… » (Le Monde, le 20 août 2003), « Des branches brisées par un excès de sève » (Le Monde, le 20 août 2003), « En montagne, les glaciers et les neiges éternelles sont mis à rude épreuve » (La Croix, le 13 août 2003)… D’autres informations plus légères ont été développées : « Les ours ont droit à des glaces aux maquereaux pour se rafraîchir… Et les cochons sont enduits de crème solaire » (Libération, le 5 août 2003). Cette dernière approche s’accompagne d’une dimension critique à l’égard de la société et du progrès ; d’ailleurs, la définition de la pollution contient la notion de source anthropique. La modernisation en faveur de l’amélioration de la qualité de vie des êtres humains (industrialisation, transport, climatisation…) se fait au détriment de la nature et des autres classes vivantes (réchauffement de la planète, pollution…). CONCLUSION
Les médias constituent la scène où s’élabore la conscience collective et politique en acquérant la visibilité aux yeux des citoyens et des politiciens [34]. Le rôle des professionnels de santé publique est d’être une ressource crédible et d’aider les spécialistes en communication à relayer et transmettre l’information au public. Pendant l’été 2003, les préoccupations de santé publique n’ont pas été reprises de façon prioritaire par les médias. Le poids prédominant d’autres acteurs (les lobbies économiques, écologiques…) a laissé peu de place aux messages de prévention. Les médias ont davantage développé la polémique portant sur la gestion politique de la crise que la protection des personnes à risque. Encore aurait-il fallu qu’ils disposent de messages sanitaires clairs et de bonne qualité émanant des professionnels. L’accessibilité de messages de qualité est un point important à améliorer. Il est nécessaire d’identifier et de comprendre les obstacles à l’accessibilité de ces messages auprès des populations vulnérables, isolées ou précaires. Les nouveaux moyens de communication comme Internet ne semblent pas adaptés à ces popula-
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tions. Des messages de prévention dans des journaux gratuits ou dans la presse spécialisée pour les personnes âgées par exemple pourraient être un moyen beaucoup plus efficace. Le drame de la « canicule » illustre la déchirure du tissu social et l’isolement urbain des plus âgés et des plus démunis. Les dangers potentiels liés à la chaleur encourus par les personnes âgées ne constituent pas à l’heure actuelle une priorité médiatique. Notre société laisse incontestablement à l’écart une population fragile dont le poids démographique est pourtant amené à grandir dans les années à venir. Dans cette époque tournée vers le progrès et la rentabilité, les personnes âgées représentent une charge pour la société aux dépens de la population active qui semble être la seule prometteuse. Il est impératif de s’attacher à resocialiser ces personnes âgées précaires qui vivent isolées, bien souvent sans le soutien d’un entourage attentif. RÉFÉRENCES 1. Basu R, Samet JM. Relation between elevated ambient temperature and mortality: a review of the epidemiologic evidence. Epidemiol Rev 2002; 24: 190-202. 2. From the Centers for Disease Control and Prevention. Heat-related deaths — Philadelphia and United States, 1993-1994. JAMA 1994; 272: 197. 3. Hémon D, Jougla E. Surmortalité liée à la canicule d’août 2003 — rapport d’étape. Estimation de la surmortalité et principales caractéristiques épidémiologiques. Rapport remis au Ministre de la Santé, de la Famille et des Personnes Handicapées le 25 septembre 2003. 4. Oechsli FW, Buechley RW. Excess mortality associated with three Los Angeles September hot spells. Environ Res 1970; 3: 277-84. 5. Ellis FP, Nelson F. Mortality in the elderly in a heat wave in New York City, August 1975. Environ Res 1978; 15: 504-12. 6. Smoyer KE. A comparative analysis of heat waves and associated mortality in St. Louis, Missouri 1980 and 1995. Int J Biometeorol 1998; 42: 44-50. 7. Katsouyanni K, Trichopoulos D, Zavitsanos X, Touloumi G. The 1987 Athens heatwave. Lancet 1988; 2: 573. 8. Sartor F, Snacken R, Demuth C, Walckiers D. Temperature, ambient ozone levels, and mortality during summer 1994, in Belgium. Environ Res 1995; 70: 105-13.
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