BORDEAUX – 15-17 SEPTEMBRE 2004
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Méthodes : Les effets irritatifs (respiratoires, oculaires) des polluants atmosphériques ont été évalués par un recueil de huit semaines auprès du réseau de médecins sentinelles. Les syndromes inhabituels étaient signalés par le Centre Antipoison. L’évaluation des traumatismes s’est appuyée sur diverses sources : traumatismes physiques, en particulier auditifs : Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information, Assurance Maladie (accidents du travail, base ERASME de consommation de soins), médecins spécialistes, dépistage (médecine scolaire, de PMI, du travail) ; traumatismes psychologiques : principalement médecins sentinelle et base ERASME. Résultats : L’impact limité des expositions environnementales, confirmé par la courte durée du pic de troubles irritatifs et l’absence de syndrome inhabituel, n’a pas conduit à recommander de mesure de protection de la population. La multiplicité des sources signalant des troubles auditifs et l’ampleur des nombres rapportés (~ 2 000 consultations), cohérentes avec l’effet attendu de la surpression acoustique générée, ont conduit à recommander un dépistage systématique des déficits auditifs. L’importance des traumatismes psychologiques, objectivée par l’ampleur et la concordance des pics de symptômes apparentés au stress aigu (~ 5 000 consultations) et de traitements psychotropes (~ 5 000 nouveaux traitements), a conduit à recommander un renforcement de la prise en charge psychologique. Conclusion : La mise en œuvre de recueil de données simples et de courte durée, ainsi que l’utilisation de données de systèmes d’information pérennes, peut permettre d’obtenir des informations suffisantes pour formuler des recommandations sanitaires dans les suites immédiates d’une catastrophe. Les conclusions s’appuient sur la convergence des résultats, en particulier sur la nature des troubles observés et les tendances temporelles.
P3-12 Enquête descriptive de la mortalité dans 13 villes françaises pendant la canicule de 2003 VANDENTORREN S. (1), SUZAN F. (2), MEDINA S. (1), PASCAL M. (1), MAULPOIX A. (1), COHEN J.C. (3), LEDRANS M. (1) (1) Département Santé-Environnement, Institut de Veille Sanitaire ; (2) Département de Maladies Chroniques, Institut de Veille Sanitaire ; (3) Météo-France. Objectifs : Le nombre de décès survenus pendant les vagues de chaleur n’a jamais été estimé en France jusqu’à la canicule exceptionnelle de cet été 2003. L’objectif de cette étude était de décrire les tendances journalières de mortalité dans 13 grandes villes françaises pendant la canicule. Méthodes : Les données ont été collectées du 25 juillet au 15 septembre de 1999 à 2003 auprès des registres d’état civil et des établissements hospitaliers. Les données météorologiques ont été fournies par Météo France. L’excès de mortalité a été calculé comme le (nombre de décès en 2003 — moyenne des décès de 1999 à 2002)/moyenne des décès de 1999 à 2002 durant la période de canicule, définie entre le 1er et le 20 août. Résultats : Dans chaque ville, les températures étaient supérieures à la norme saisonnière. La combinaison de températures maximales * 35 °C et minimales * 20 °C était exceptionnelle dans sept villes. Le nombre moyen quotidien de décès s’étendait de sept (Rennes) à 74 (Paris) et était toujours supérieur à celui des années précédentes. L’augmentation du nombre de décès journalier apparaissait après un délai de un à trois jours du début des fortes températures tandis que la décroissance du nombre de décès était concomitante à celui des températures. Le différentiel de mortalité calculé en 2003 par rapport aux années précédentes montrait un excès de mortalité dans les 13 villes, s’étendant de + 4 % à Lille à + 142 % à Paris. Les courbes épidémiques du nombre de décès enregistrés par les registres d’état civil et les hôpitaux étaient similaires dans les 13 villes. Conclusion : Cette première analyse descriptive montre des disparités sur l’impact sanitaire de la canicule selon les villes. Ces premières observations seront complétées par une analyse plus fine de la corrélation avec les données météorologiques et climatiques sur une période plus longue.
P3-13 Le drame sanitaire de la canicule en France : un manque d’anticipation DEBENSASON D., SAN MARCO J.L., DELAROZIERE J.C., BOUVENOT J. Laboratoire de Santé Publique, Faculté de Médecine, 27, bd Jean-Moulin, 13385 Marseille. Objectifs : En France, la canicule d’août 2003 a entraîné la mort de 14 802 personnes. La recherche des responsabilités a entraîné la mise en place de différentes missions d’information, qui feront la lumière sur le rôle du gouvernement et des organismes de santé publique. Les différents articles de presse et les communiqués, qui se sont succédés cet été, ont permis aux différents protagonistes concernés par cette catastrophe, de faire l’inventaire des failles et des points faibles de notre système sanitaire. Il semble que le souci d’anticipation et de prévention des effets de la chaleur ait été pratiquement absent, ainsi que la prise en compte des épisodes caniculaire antérieurs (1976 et 1983 en France) et surtout les expériences concluantes comme à Chicago lors des épisodes de 1995 et 1998. Méthodes : À Marseille, la canicule de 1983 avait entraîné 580 décès. Depuis cet épisode, des actions de prévention ont été initiées dans ce domaine qui, depuis 20 ans tentent de développer une « culture de la prévention » qui ne serait plus médicale mais destinée au public. Le système d’alerte est basé sur des indices météorologiques, prenant en compte les températures diurnes et nocturnes, et des actions de prévention sont alors déclenchées par les
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CONGRÈS DE L’ADELF
organismes sanitaires et relayées par les médias. Il s’agit de recommandations destinées plus particulièrement aux enfants jeunes et aux personnes âgées. Résultats : La répétition de ces messages pendant 20 ans a permis d’atteindre en grande partie les populations les plus fragiles. Cette expérience a permis d’organiser la prévention et, pour une part au moins, d’enregistrer en août 2003 une moindre mortalité dans notre département que dans les départements limitrophes.
P3-14 Conséquences de l’explosion de l’usine « AZF » sur la santé mentale des toulousains LAPIERRE K. (1), SCHWŒBEL V. (2), FATRAS J.Y. (3), HAROUCHI N. (4), CLEMENT S. (5), LANG T. (6), POUR LE COMITE DE SUIVI ÉPIDÉMIOLOGIQUE « AZF » (1) Institut de Veille Sanitaire, Toulouse ; (2) CIRE Midi-Pyrénées, Toulouse ; (3) Centre d’examen de Santé de la Haute-Garonne ; (4) Association « Les psy dans le quartier », Toulouse ; (5) Centre Interdisciplinaire d’Études Urbaines, Toulouse ; (6) Service d’Épidémiologie du CHU de Toulouse. Objectifs : Le 21 septembre 2001, l’explosion d’une usine d’engrais chimiques a fortement endommagé plus de 30 000 logements de la ville de Toulouse. Les conséquences ont été directes, immédiates sur la santé mais aussi indirectes avec un retentissement sur le travail, la vie familiale et sociale. L’objectif de ce travail était d’analyser l’ensemble de ces conséquences sur la santé mentale des toulousains. Méthodes : La zone d’étude était Toulouse divisée en deux zones : la zone proche de l’explosion (zone P) et la zone plus éloignée (zone E). Un échantillon stratifié de 2 206 logements a été constitué, 1 470 en zone P et 736 en zone E. Les enquêteurs devaient retrouver les personnes y résidant le jour de l’explosion. L’étude a été menée au premier trimestre 2003 en collaboration avec l’INSEE et des représentants d’associations de quartiers. La dépressivité a été mesurée par l’échelle auto administrée du Center for Epidemiologic Studies Depression Scale (CESD) et le stress post traumatique par l’Impact of Event Scale Revised. Résultats : Le taux de participation global était de 59,6 %. La prévalence de stress post traumatique était de 9,1 % chez les hommes et 19,3 % chez les femmes en zone P (vs 2,4 % et 8,1 %, respectivement, en zone E). La prévalence de la dépressivité ne diffèrait pas significativement selon la zone ni selon le sexe (hommes : 29,1 %, femmes : 26,3 %) mais elle était associée à l’existence de séquelles ou troubles résultant de l’explosion ainsi qu’à la présence d’antécédents de vie stressants. Conclusion : Ces premiers résultats soulignent l’ampleur et la persistance, à 18 mois, des conséquences de cette catastrophe sur la santé mentale des habitants de Toulouse. La zone proche, caractérisée par des indicateurs socioéconomiques peu favorables, présente une prévalence élevée de stress post traumatique.