Compte rendu de congrès/Proceeding of congress
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inciter à une surveillance épidémiologique accrue de ces phénomènes ainsi qu’à une utilisation mieux ciblée de cette classe thérapeutique au risque de se trouver dans quelques années face à l’émergence de souches multirésistantes difficile à combattre.
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http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2012.12.008
http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2012.12.009
Résistance des Aspergillus sp. aux azolés
Syndrome inflammatoire de reconstitution immune et infections fongiques invasives
F. Morio a,b a Laboratoire de parasitologie-mycologie, CHU de Nantes, Nantes, France b ´ partement de parasitologie et mycologie me ´ dicale, universite ´ De ´ s, EA1155—IICiMed, faculte ´ de Nantes, Nantes Atlantique universite de pharmacie, Nantes, France Adresse e-mail :
[email protected]. Les antifongiques azolés constituent une famille de choix pour la prise en charge des aspergilloses, occupant aussi bien une place en prophylaxie qu’à visée curative. Le mode d’action de ces molécules repose sur l’inhibition de la 14a-lanostérol déméthylase, codée par le gène CYP51A. La première description de souches cliniques résistantes d’Aspergillus fumigatus, principale espèce impliquée en médecine humaine, isolées de deux patients traités par azolés au long cours, remonte à la fin des années 1990 [1]. Ces dernières années, en même temps qu’un important remaniement taxonomique du genre Aspergillus, aboutissant à la description de nouvelles espèces et la notion de complexe d’espèces, un nombre croissant d’études ont rapporté l’émergence de souches résistantes d’A. fumigatus aux composés azolés [2,3]. Schématiquement, deux situations doivent être différenciées. D’une part la résistance dite naturelle vis à vis des composés azolés et, d’autre part, la résistance acquise résultant de modifications génétiques consécutive à la pression de sélection exercée par les azolés. La moindre sensibilité naturelle aux azolés est ainsi caractéristique de certaines espèces de la section Usti (comme A. calidoustus) mais également observée au sein de la section Fumigati (A. lentulus notamment). Toutefois, la prévalence de ces espèces est encore faible dans les infections invasives. La résistance acquise d’A. fumigatus aux antifongiques azolés est celle qui a attiré le plus d’attention. L’émergence de souches résistantes, consécutive à l’utilisation d’azolés au long cours est bien connue et repose sur la survenue de mutation(s) sur le gène CYP51A, principalement au niveau des codons 54 et 220. Cependant, ces dernières années, plusieurs centres ont rapporté une incidence accrue de souches cliniques d’A. fumigatus résistantes aux azolés [2,3]. Leur présence chez des patients n’ayant jamais reçu d’antifongiques a conduit à émettre l’hypothèse d’une origine environnementale de la résistance, fruit de l’utilisation croissante et massive de pesticides azolés en agriculture [2]. Plusieurs composés, utilisés en Europe depuis la fin des années 1990 et possédant une analogie structurale avec les antifongiques azolés sont incriminés. Fait important, la signature moléculaire de ces souches environnementales repose sur la présence d’une duplication en tandem dans la région promotrice associée à la substitution L98H (TR34/L98H), conférant un phénotype de résistance croisée aux azolés. À l’heure actuelle, ces souches ont été décrites dans plusieurs pays d’Europe et notamment en France, en particulier au cours de la mucoviscidose [2,4,5]. Enfin, bien qu’encore peu exploré, plusieurs études récentes ont également rapporté des cas de résistance acquise dans d’autres espèces comme A. flavus ou bien encore A. terreus [5,6]. La résistance aux azolés du genre Aspergillus constitue une problématique d’actualité. Les études à venir viseront à mieux apprécier la prévalence et les mécanismes participant à la résistance aux azolés pour une meilleur prise en charge des patients a risque. ´ fe ´ rences Re [1] Denning. et al. AAC 1997. [2] Verweij. et al. Lancet Infect Dis 2009.
Howard. et al. EID 2009. Burgel. et al. AAC 2012. Morio. et al. JAC 2012. Arendrup. et al. J Infect Dis 2012.
B. Rammaert ˆ pital NeckerService de maladies infectieuses et tropicales, ho ´ de mycologie mole ´ culaire, CNRS URA 3012, Enfants—Malades, unite Institut Pasteur, Paris, France Bien connu lors de la tuberculose chez les patients atteints par le VIH, le syndrome inflammatoire de reconstitution immune (IRIS) commence à être mieux appréhendé pour les champignons. L’IRIS est un processus inflammatoire qui se caractérise avant tout par un déséquilibre de la balance immunitaire pro/anti-inflammatoire. Il survient chez des patients immunodéprimés ayant une infection bactérienne, virale, parasitaire ou fongique. Que l’infection soit traitée ou non, ce processus apparaît au moment de la reconstitution des défenses immunitaires (introduction des antirétroviraux, sortie d’aplasie, diminution des doses de médicaments immunosuppresseurs). L’IRIS est alors responsable de l’apparition de nouveaux symptômes qui entraînent parfois un risque fonctionnel (par exemple, rejet de greffon) et même un risque vital. De nombreuses pathologies fongiques invasives telles que la cryptococcose, l’aspergillose, la pneumocystose ou l’histoplasmose sont pourvoyeuses d’IRIS sur des terrains aussi variés que l’infection par le VIH, la transplantation d’organe, la grossesse, les traitements par anticorps monoclonaux. . .Les candidoses chroniques disséminées chez des patients atteints d’hémopathies malignes seraient d’ailleurs également un modèle d’IRIS. Les traitements mis en œuvre vont de l’abstention thérapeutique lorsque les symptômes sont mineurs, à la corticothérapie ou autres anti-inflammatoires en cas de mauvaise tolérance ou lorsque le pronostic fonctionnel ou vital est engagé. Des questions restent en suspens concernant la spécificité de l’IRIS dans les infections fongiques : à quel moment faut-il diminuer l’immunosuppression ou introduire les antirétroviraux par rapport au traitement de l’infection pour éviter le risque d’IRIS ? Existe-t-il d’autres facteurs pouvant favoriser ce processus (génétiques, métaboliques) ? Quelle en est la physiopathologie exacte ? Comment optimiser la prise en charge diagnostique et thérapeutique des IRIS lors des infections fongiques ? http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2012.12.010
Persistance fongique et granulome : nouveau modèle d’étude in vitro P. Le Pape a,b a ´ partement de parasitologie et de mycologie me ´ dicale, EA1155De ´ de Nantes, Nantes, France IICiMed, universite b ´ dicale, CHU de Laboratoire de parasitologie et mycologie me Nantes, Nantes, France Les micromycètes sont dotés d’importantes capacités adaptatives leur permettant de survivre dans des microenvironnements divers et ainsi de coloniser ou d’infecter de nombreux tissus. Souvent abordée sous l’angle des biofilms (persister cells) et de la résistance aux médicaments, la notion de persistance fongique repose également sur la formation de granulomes au cours de certaines mycoses. En effet, ces granulomes d’origine fongique proviennent d’une réponse inflammatoire chronique secondaire à la persistance de l’agent pathogène (Cryptococcus, Histoplasma, Candida, Aspergillus) ou de l’un de ses constituants insuffisamment dégradés. L’architecture de ces formations est bien décrite mais certains mécanismes intimes de l’interaction entre l’agent pathogène et les réponses de
72 l’immunité innée et acquise ne sont pas complètement élucidés par les descriptions in vivo. Un modèle de granulogénèse mimant le granulome fongique de type epithélioïde et gigantocellulaire des classifications histopathologiques a été établi in vitro. Il reproduit le processus dynamique de phagocytose, recrutement cellulaire (macrophages, PNNs, lymphocytes CD4, CD8 et cellules NK) et transformation des macrophages en cellules géantes multinucléées autour d’éléments fongiques persistants. L’étude de la cinétique de la sécrétion des cytokines au cours de la granulogénèse devient alors possible. Du côté de l’hôte, l’association de ces manifestations granulomateuses à des polymorphismes génétiques permet des hypothèses sur la persistance fongique : aspergillose et déficit en NADPH oxydase (gp91phox) des phagocytes chez le patient atteint de granulomatose septique chronique (GSC), candidose mucocutanée chronique chez des patients présentant une anomalie de l’IL17 ou de son récepteur. Du côté du pathogène, la variabilité des espèces fongiques dans leur capacité à induire les granulomes est peu documentée. Aspergillus nidulans, quasi inexistant dans les aspergilloses invasives, occupe une place particulière dans la GSC. Dans le modèle in vitro, cette espèce induit fortement la réponse granulomateuse et contrairement à A. fumigatus, l’introduction de PNN dans le granulome réduit significativement cette induction. Les principaux récepteurs (PRR) engagés dans la reconnaissance des champignons sont les lectines de type C (Dectin-1, -2 et Mincle). Ils reconnaissent des glycanes pariétaux dont les b glucanes et les mananes qui stimulent la voie Th17. Ces glycanes induisent in vitro des granulomes en l’absence de tout pathogène viable, situation du modèle in vitro qui pourrait être explorée dans le cadre du syndrome de reconstitution immune (SRI). La place de la réponse granulomateuse dans l’histoire naturelle des mycoses reste peu étudiée malgré son importance chez le patient immunodéprimé et immunocompétent. Le modèle de granulome ouvre des perspectives sur la compréhension d’un processus dynamique et complexe de persistance. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2012.12.011
Mise au point d’un modèle murin de candidose disséminée hématogène à Candida glabrata à point de départ digestif R. Atanasova *, M. Tefit, J. Guitard, C. Fairhead, D. Mazier, C. Hennequin ´ Paris-6, Paris, France UMRS945, Inserm-universite *Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected].
L’origine des candidoses invasive est avant tout digestive. Ceci est particulièrement vrai pour Candida glabrata, qui semble moins fréquemment impliqué dans les contaminations de cathéters. La physiopathologie de la traversée de la barrière digestive vers le courant circulatoire est mal connue. Il est particulièrement frappant de voir que la majorité des modèles animaux de candidose disséminée utilise une injection intraveineuse des levures. De même peu de facteurs de virulence ont été décrits pour C. glabrata, qui contrairement à Candida albicans ne filamente pas, une caractéristique essentielle dans le virulence de ce dernier. Cependant, les gènes EPA (epithelial adhesins), qui forment une large famille de gènes subtélomériques, sont considérés comme des acteurs essentiels de la virulence de C. glabrata. Nous avons donc souhaité développer un modèle murin candidose disséminée hématogène à C. glabrata à point de départ digestif. La dissémination hématogène, objectivée par l’atteinte des organes profonds, était obtenue après un régime hypoprotéique de deux semaines, une inoculation des levures via l’eau de boisson et un traitement immunosuppresseur associant cyclophosphamide et méthotrexate. Après optimisation du modèle, une mortalité de 60 % 20 % était observée à j16 après infection, et de 100 % à
Compte rendu de congrès/Proceeding of congress j21. Le foie était atteint en premier lieu dès j7 post infection puis les reins et les poumons. Les hémocultures restaient négatives sauf dans un cas. Nous avons récemment utilisé ce modèle pour comparer la virulence de souches présentant des niveaux d’adhésion variables sur des entérocytes de la lignée Caco2 et montré que cette adhésion n’était pas prédictive de la virulence dans le modèle animal. Ce modèle peut constituer un outil pertinent pour l’étude de la physiopathologie des candidoses à C. glabrata. Ce travail a bénéficié du soutien DIM Île-de-France maladies infectieuses. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2012.12.012
Assessment of efficacy of current antifungals against Aspergillus fumigatus: The value of realtime bioluminescence imaging O. Ibrahim-Granet Cytokines & Inflammation Unit, Institut Pasteur, 28, rue du DrRoux, 75724 Paris cedex 15, France Background.— Despite major progress in management of invasive aspergillosis (IA), mortality remains at 30—50%. Combination therapy: polyenes + candins or candins + triazoles has been considered in order to reduce mortality rate. Combination therapy appears more active against IA than monotherapy. Our aim was the evaluation of treatment efficiency of antifungals such as liposomal amphotericin B (LAmB) [AmBisome, Gilead], anidulafungin (ANI), voriconazole (VOR) [Ecalta & Vfend, Pfizer], in a murine model of invasive aspergillosis using real-time bioluminescence imaging. Methods.— We constructed a bioluminescent A. fumigatus strain (Ibrahim-Granet 2010). With this strain, we followed disease progression in vivo after intranasal infection of cyclophosphamide treated mice. Efficiency of drugs was compared between monotherapy and different combinations. Results.— Best treatment success was obtained with LAmB. Eighty percent of mice infected with either 5 10E5 or 2.5 10E5 conidia survived the observation period. In contrast, all placebo treated animals died within 4 days with high signals from lung and sinus region. ANI and VOR were not effective at high infectious doses, but resulted in 66 and 60% survival at the lower infectious dose. No antagonism was observed in the combination of LAmB with ANI and this treatment resulted in 100% survival of mice infected with 2.5 10E5 conidia. LAmB combined with VOR was also more effective than monotherapy. Conclusion.— This study confirms for the first time the successful use of bioluminescence imaging to monitor treatment of IA. Results show that: — although given intraperitoneally, drugs are distributed to different sites of infection; — some drugs only seem able to control a moderate fungal burden under in vivo conditions; — the infectious dose used in model systems can strongly influence the results. http://dx.doi.org/10.1016/j.mycmed.2012.12.013
Mise en évidence d’une excrétion fongique aérienne au cours de l’infection de rats immunocompétents par Pneumocystis carinii. Évaluation de l’infection pulmonaire et de la réponse anticorps
J. Menotti a,*, A. Emmanuel a, C. Bouchekouk a, M. Chabe b, F. Choukri a, M. Pottier b, C. Sarfati a, E.M. Aliouat b, F. Derouin a a ´ Laboratoire de parasitologie-mycologie, EA 3520, universite ˆ pital Saint-Louis, AP—HP, Paris, France Paris-Didero, ho