Un cas d’adénome amphicrine récidivant de l’oreille moyenne

Un cas d’adénome amphicrine récidivant de l’oreille moyenne

Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 131 (2014) 255–256 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedir...

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Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 131 (2014) 255–256

Disponible en ligne sur

ScienceDirect www.sciencedirect.com

Lettre à l’éditeur Un cas d’adénome amphicrine récidivant de l’oreille moyenne夽 Recurrent neuroendocrine adenoma of the middle ear: A case report Le cas d’un patient de 27 ans présentant un adénome amphicrine récidivant de l’oreille moyenne gauche est décrit. Le patient a eu une exploration de la caisse du tympan par voie postérieure pour suspicion de cholestéatome de l’oreille moyenne. Cette intervention a permis l’exérèse d’un tissu tumoral. L’examen anatomopathologique est en faveur d’un adénome amphicrine. Six ans plus tard, le patient se plaint de l’apparition d’une hypo-acousie gauche. Un audiogramme est réalisé mettant en évidence une surdité de transmission unilatérale gauche évaluée à 40 dB. L’examen otoscopique retrouve une masse blanchâtre rétrotympanique. La tomodensitométrie du rocher met en évidence un processus tumoral arrondi, occupant l’attique et le mésotympan avec une suspicion de lyse ossiculaire (Fig. 1). Une exploration de caisse du tympan par voie postérieure permet l’exérèse de 2 foyers de récidive tumorale localisés au niveau de l’additus-ad-antrum et du mésotympan. Il existe une lyse partielle de l’articulation incudo-stapédienne, néanmoins la chaîne ossiculaire reste mobile et continue. La base d’implantation osseuse des lésions est fraisée. La chaîne ossiculaire est préservée. L’examen anatomopathologique met en évidence 2 foyers de récidive d’adénome amphicrine de 7 mm et 2 mm. Il n’est pas observé d’atypie cytonucléaire. Une étude immunohistochimique retrouve un marquage cellulaire avec les anticorps synaptophysine et chromogranine (Fig. 2). Un mois après l’intervention, il existe un gain audiométrique de 10 dB. À 3 ans de suivi, le patient ne présente pas de signe de récidive et le gain audiométrique est maintenu. L’adénome amphicrine de l’oreille moyenne est une tumeur bénigne très rare décrite en 1976 [1]. Une cinquantaine de cas ont depuis été décrits dans la littérature [2]. L’âge moyen lors du diagnostic est de 45 ans [2]. L’apparition d’une surdité de transmission unilatérale est le principal motif de consultation [2–4]. Les autres symptômes possibles sont une sensation de plénitude d’oreille, une

DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.anorl.2014.02.004. 夽 Ne pas utiliser pour citation la référence franc¸aise de cet article mais celle de l’article original paru dans European Annals of Otorhinolaryngology Head and Neck Diseases en utilisant le DOI ci-dessus. http://dx.doi.org/10.1016/j.aforl.2014.04.005 1879-7261/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Fig. 1. Tomodensitométrie montrant le processus tumoral autour de la longue apophyse de l’enclume. Les cellules mastoïdiennes sont comblées.

otalgie, des vertiges, un acouphène, une surinfection, une otorragie et une paralysie faciale [2–4]. La tomodensitométrie retrouve un processus tumoral non spécifique sans ostéolyse, localisé dans l’oreille moyenne, intimement lié à la chaîne ossiculaire et associé à un comblement des cellules mastoïdiennes. La lésion peut s’étendre à la mastoïde, au conduit auditif externe et à la trompe d’Eustache [2]. Le traitement repose sur l’exérèse chirurgicale [2,3,5]. Le risque de récidive est de 18 % à 22 % [2,3]. Lorsque la chaîne des osselets est atteinte, sa conservation majore le risque de récidive [2]. Il s’agit d’une tumeur bénigne présentant une double différenciation adénomateuse et neuro-endocrine [4,5]. La différenciation neuro-endocrine est mise en évidence en immunohistochimie par un marquage des cellules tumorales par la chromogranine A et la synaptophysine [2,4]. Les tumeurs bénignes neuro-endocrines ont été décrites sous une terminologie variée : adénome de l’oreille moyenne, tumeur amphicrine, carcinoïde ou adénocarcinoïde. Cette terminologie regrouperait une seule entité histologique avec néanmoins des degrés de différenciation glandulaire et neuroendocrine variables. Le terme de tumeur carcinoïde de l’oreille moyenne est choisi par analogie avec les tumeurs carcinoïdes intestinales ou bronchopulmonaires. La tumeur carcinoïde est la forme la plus agressive des adénomes de l’oreille moyenne [5].

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Lettre à l’éditeur / Annales françaises d’oto-rhino-laryngologie et de pathologie cervico-faciale 131 (2014) 255–256

Fig. 2. Mise en évidence des marqueurs immunohistochimiques chromogranine (a) et synaptophysine (b) en faveur d’une différenciation neuro-endocrine.

Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Références [1] Derlacki EL, Barney BP. Adenomatous tumors of the middle ear and mastoid. Laryngoscope 1976;86:1123–35. [2] Torske KR, Thompson LD. Adenoma versus carcinoid tumor of the middle ear: a study of 48 cases and review of the literature. Mod Pathol 2002;15: 543–55. [3] Ramsey MJ, Nadol Jr JB, Pilch BZ, et al. Carcinoid tumor of the middle ear: clinical features, recurrences, and metastases. Laryngoscope 2005;115: 1660–6. [4] Kebatchi S, Massi S, Franchi A, et al. Middle ear adenoma is an amphicrine tumor: why call it adenoma? Ultrastruct Pathol 2001;25:73–8.

[5] Aubry K, Sauvage JP, Puyraud S. Adénome amphicrine de l’oreille moyenne. À propos de 3 cas et revue de la littérature. Rev Laryngol Otol Rhinol 2006;127:145–9.

Y. Gobel C. La Croix E. Mornet R. Marianowski ∗ Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, hôpital Morvan, CHRU de Brest, 5, avenue Foch, 29200 Brest, France ∗ Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (R. Marianowski)