Une tuméfaction digitale

Une tuméfaction digitale

La Revue de médecine interne 32 (2011) 48–49 Image Une tuméfaction digitale A mass of the finger M. Elqatni ∗ , J. Fatihi , S. Hammi , M. Jira , N. E...

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La Revue de médecine interne 32 (2011) 48–49

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Une tuméfaction digitale A mass of the finger M. Elqatni ∗ , J. Fatihi , S. Hammi , M. Jira , N. Elomri , Y. Sekkach , T. Ameziane , A. Abouzahir , D. Ghafir Service de médecine interne B, hôpital militaire d’instruction Mohammed V, Rabat, Maroc

i n f o

a r t i c l e

Mots clés : Tumeur brune Hypercalcémie Hyperparathyroïdie Keywords: Brown tumor Hypercalcemia Hyperparathyroidism

1. L’histoire Une femme, âgée de 43 ans, avec comme principal antécédent un ulcère duodénal, consultait pour une tuméfaction maxillaire droite avec amaigrissement et asthénie. L’examen clinique retrouvait une tuméfaction de la joue droite, douloureuse à la palpation sans signe inflammatoire évident, une de la main gauche, une de la jambe droite, associées à une boiterie gauche. Le reste de l’examen était normal. La biologie notait une hypercalcémie à 148 mg/l, une hypophosphorémie à 17 mg/l et hypercalciurie. Le taux de PTH 1–84 était de 8608 pg/ml (n : 9–55 pg/ml). Une radiographie de la main était faite (Fig. 1). Une échographie cervicale mettait en évidence un nodule hypoéchogène, homogène, bien limité, ovalaire, extralobaire inférieur gauche de 3,5 × 1,7 cm. Le scanner parathyroïdien montrait un volumineux adénome parathyroïdien gauche. L’ostéodensitométrie trouvait une ostéoporose. Il n’avait pas de lithiase rénale à l’échographie abdominale. Après traitement médical (réhydratation, diurétiques, bisphosphonates), l’adénome parathyroïdien était enlevé chirurgicalement avec des suites opératoires simples.

∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (M. Elqatni).

2. Le diagnostic Une tumeur brune osseuse. 3. Les commentaires L’hyperparathyroïdie primaire est le plus souvent asymptomatique et de découverte fortuite à l’occasion d’un bilan sanguin. Elle peut s’exprimer par des signes cliniques d’hypercalcémie et plus rarement par des tumeurs osseuses brunes qui sont liées à une ostéite fibrokystique. Ces tumeurs osseuses brunes sont uni- ou multifocales, les localisations les plus fréquentes étant les mandibules, le bassin, les côtes, les fémurs et les mains. Leur incidence est estimée à 3 % dans l’hyperparathyroïdie primaire [1]. Sur les clichés conventionnels, la tumeur brune réalise des plages de destruction osseuse bien limitées, parfois d’allure agressive, avec destruction ou soufflure corticale. Le scanner montre une masse tissulaire dont la densité se rehausse après injection de produit de contraste. La lésion est responsable d’une érosion et d’un remodelage osseux témoignant de son évolution lente [2]. Histologiquement, il s’agit d’une zone d’hyper résorption ostéoclastique contenant un tissu conjonctif inflammatoire hypervascularisé, des cellules géantes, des dépôts d’hémosidérine et des zones de tissu ostéoïde [3]. Le principal diagnostic différentiel des tumeurs brunes est constitué par les tumeurs à cellules géantes. Il n’y a pas de critères spécifiques même en anatomopathologie, seul le contexte clinicobiologique permet alors de faire la distinction entre ces deux types de tumeurs. Il est indispensable de faire le bon diagnostic, car les tumeurs à cellules géantes ont un potentiel de transformation maligne et

0248-8663/$ – see front matter © 2010 Société nationale française de médecine interne (SNFMI). Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.revmed.2010.04.008

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exposent à des métastases pulmonaires [4]. Le traitement des tumeurs brunes nécessite l’exérèse de l’adénome parathyroïdien ou l’exérèse des quatre parathyroïdes en cas d’hyperplasie. Après traitement, la régression des lésions osseuses est plus au moins complète associant sclérose, calcification et diminution du volume tumoral. Conflit d’intérêt Aucun. Références [1] Chammakhi-Jemli C, Saddoud N, Zouaoui W, Ben Gamra O, Mzabi H, Sehili S, et al. Quel est votre diagnostic ? J Radiol 2006;87:977–9. [2] El Abdi B, Berrkia I, Mohssine A, El Hassani MR, El Quessar A, Chakir N, et al. Tumeur maxillaire révélant une hyperparathyroïdie primitive : à propos d’un cas. J Radiol 2006;87:1705–7. [3] Hmamouchi I, Renard E, Thomas E, Missounga L, Cyteval C. Fracture sur tumeur brune secondaire à un adénome parathyroïdien ectopique associé à un déficit en vitamine D. J Radiol 2008;89:1109–12. [4] Jouan A, Zabraniecki L, Vincent V, Poix E, Fournié B. Un mode de découverte inhabituel d’hyperparathyroïdie primitive : hypercalcémie majeure et tumeurs brunes multiples. Rev Rhum 2008;75:289–91.

Fig. 1. Radiographie de la main gauche : lésion ostéolytique du quatrième métacarpien gauche.