Comment je fais une IRM de l’épaule ?

Comment je fais une IRM de l’épaule ?

Journal d'imagerie diagnostique et interventionnelle 2019;2:251–256 Comment je fais ? Comment je fais une IRM de l'épaule ? How to do a shoulder MR ...

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Journal d'imagerie diagnostique et interventionnelle 2019;2:251–256

Comment je fais ?

Comment je fais une IRM de l'épaule ? How to do a shoulder MR scan? G. Lefebvre S. Badr L. Sense K. Kasprzak X. Demondion A. Cotten

Service de radiologie et d'imagerie musculosquelettique, centre de consultation et d'imagerie de l'appareil locomoteur, CHU de Lille, 59037 Lille cedex, France Reçu le 29 mai 2019 ; accepté le 8 juillet 2019 Disponible en ligne sur ScienceDirect le 29 juillet 2019

RÉSUMÉ

MOTS CLÉS

Introduction. – L'exploration d'une épaule constitue une indication fréquente d'IRM, principalement dans le cadre de douleurs et/ou d'instabilité. Messages principaux. – Le protocole IRM recommandé est basé sur une combinaison de séquences dans les 3 plans en pondération T2 avec saturation du signal de la graisse et une séquence dans le plan sagittal en pondération T1 sans saturation de graisse. Les tendons de la coiffe sont analysés selon leur signal, leur épaisseur et leurs contours. Les pièges d'interprétation d'ordre physiologique ou technique doivent être évités. Les associations lésionnelles présentes dans les conflits et instabilités ainsi que certains tableaux clinico-IRM comme le syndrome de Parsonage-Turner ou la capsulite rétractile sont à connaître. Conclusion. – L'IRM est une modalité d'imagerie performante pour l'exploration des tendons de la coiffe des rotateurs de l'épaule et leur environnement.

Imagerie musculosquelettique IRM Épaule

KEYWORDS Musculoskeletal imaging MRI Shoulder

© 2019 Société française de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARY Introduction. – The exploration of shoulder is a frequent indication of MRI, mainly for pain and/or instability. Main messages. – The recommended shoulder MRI protocol is based on a combination of T2 weighted sequences with fat saturation in the 3 planes and a T1 weighted sequence in the sagittal plane. Tendinous ruptures are analyzed according to their signal, their thickness and their outlines. Pitfalls interpretation from physiological or technical order should be avoided. Combined MR signs present in the impingements and instability as well as the clinical and MRI features found in the Parsonage-Turner syndrome or adhesive capsulitis must be known. Conclusion. – MRI is a powerful imaging modality for the exploration of the tendons of the rotator cuff and their environment. © 2019 Société française de radiologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

INTRODUCTION L'exploration d'une épaule symptomatique constitue une indication fréquente d'IRM (Imagerie par résonance magnétique), principalement dans le cadre de douleurs et/ou d'instabilité. C'est notamment une imagerie

de choix pour rechercher une atteinte de la coiffe des rotateurs, affection constituant un enjeu de santé publique du fait de sa fréquence élevée et de son retentissement socio-économique. L'IRM de l'épaule est ainsi proposée pour le diagnostic lésionnel de la coiffe des rotateurs ouvrant droit à une reconnaissance en maladie professionnelle au titre

Auteur correspondant : Service de radiologie et d'imagerie musculosquelettique, centre de consultation et d'imagerie de l'appareil locomoteur, CHU de Lille, 59037 Lille cedex, France. Adresse e-mail : [email protected]

https://doi.org/10.1016/j.jidi.2019.07.003 © 2019 Société française de radiologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. 251

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Comment je fais ? des affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail (Tableau 57 du régime général). Nous aborderons successivement le protocole IRM recommandé, son adaptation à certaines situations particulières et une proposition de grille de lecture.

QUEL PROTOCOLE IRM EST RECOMMANDÉ EN ROUTINE ? Installation Le patient est placé en décubitus dorsal en position de repos avec le membre supérieur en rotation neutre ou latérale modérée (Fig. 1). En prévention des artéfacts de mouvements, une information est délivrée sur le déroulé de l'examen et sur l'importance d'une respiration calme en évitant les mouvements thoraciques amples et une installation confortable avec des éléments de maintien est utilisée. Une antenne dédiée à l'exploration de l'épaule permet une imagerie optimale de la région.

Séquences Les séquences en pondération DP/T2 avec un TE (Temps d'écho) intermédiaire (40–60 ms) et une saturation du signal de la graisse sont privilégiées pour l'évaluation tendineuse et la recherche d'épanchement et d'œdème. Dans le cas d'acquisition 2D, trois plans sont réalisés (Fig. 1) :  coupes axiales strictes du surplomb de l'articulation acromioclaviculaire jusqu'en dessous du récessus axillaire inférieur ;  coupes coronales obliques : orientation parallèle au corps de la scapula ou du tendon supra-épineux, incluant la tête de l'humérus et le processus coracoïde dans leur globalité ;  coupes sagittales obliques : orientation perpendiculaire aux coupes précédentes, incluant le deltoïde et le corps de la scapula. Une séquence en pondération T1 sans saturation du signal de la graisse est ajoutée dans le plan sagittal pour l'analyse des loges musculaires péri-scapulaires (Fig. 1). Le champ de vue maximal recommandé est de 16 cm. Les matrices minimales utilisées sont de 256  256. L'épaisseur de coupe maximale est de 3 mm, avec un intervalle de 10 %

Figure 1. Protocole IRM en routine (a-e); Séquences en pondération T2 avec suppression du signal de la graisse (b-d) : Coupe axiale (b) montrant un épanchement liquidien articulaire (flèche pleine), notamment dans la gaine du tendon du long chef du muscle biceps brachial et bursal sous-acromio-deltoïdien (flèche en pointillées) ; aspect normal des tendons muscles long chef du biceps brachial (TL), sub-scapulaire (SS), et infra-épineux (IE); Rupture transfixiante des fibres antérieures du tendon du muscle supra-épineux (astérisque noir) en coupes coronale (c) et sagittale (d) obliques; Trophicité normale des corps musculaires de la coiffe supra-épineux (SE), infra-épineux (IE), sub-scapulaire (SS) sur une coupe sagittale T1 de la scapula (e).

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[1,2]. Les séquences utilisées bénéficient des techniques d'accélération (imagerie parallèle, compressed sense) qui permettent une durée totale d'acquisition inférieure à 15 mn.

POINTS D'INTERPRÉTATION Un plan de lecture systématique selon une logique anatomique, et enrichie d'une lecture guidée par les renseignements cliniques, permet une interprétation fiable et complète. On analyse successivement [2,3] :  les tendons de la coiffe des rotateurs : tendons des muscles subscapulaire, supra et infra-épineux et du long chef du muscle biceps brachial. Le diagnostic de tendinopathie non calcifiante non rompue repose sur la présence d'un tendon d'épaisseur normale ou augmentée avec une augmentation de signal T2 d'intensité non liquidienne. Pour le tendon du long chef du muscle biceps brachial, on recherche des signes d'instabilité, notamment sa luxation médiale en dehors de la coulisse bicipitale. Les ruptures tendineuses se

Comment je fais ? caractérisent par des anomalies de signal T2 d'intensité liquidienne, plus ou moins étendues (Fig. 1). Ces ruptures peuvent être de diagnostic difficile du fait de leur orientation, leur taille ou leur ancienneté. On recherche alors des signes indirects comme un amincissement ou une déformation du tendon, une association avec une involution graisseuse musculaire, un double épanchement bursal et articulaire, ou des kystes osseux à leur insertion. La description doit préciser l'extension en épaisseur et en longueur, la rétraction éventuelle et la qualité des berges de la rupture tendineuse. Des atteintes musculaires ou articulaires (cf. infra) avancée constituent des critères de non réparabilité.  les corps musculaires : la modification de trophicité et la dégénérescence graisseuse sont appréciées sur une coupe sagittale T1 (Fig. 1). La classification de Bernageau et Goutallier est utilisée pour apprécier la dégénérescence graisseuse : pas de graisse visible (stade 0), quelques travées graisseuses visibles (stade 1), moins de graisse que de muscle (stade 2), autant de graisse que de muscle (stade 3), plus de graisse que de muscle (stade 4) ;

Figure 2. Associations lésionnelles classiques; Capsulite rétractile avec épaississement hyperintense T2 du récessus axillaire inférieur de la capsule (flèche blanche) (a) et infiltration de la graisse sous-coracoïdienne et épaississement du ligament coraco-huméral (astérisque noir) (b); Syndrome de Parsonage-Turner avec œdème des muscles supra (SE) et infra-épineux (IE) (c,d).

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Comment je fais ?  les surfaces cartilagineuses et régions sous-chondrales des articulations gléno-humérale et acromio-claviculaire ;  la cavité et capsules articulaires : aspect et abondance de l'épanchement articulaire, présence de corps étranger intraarticulaire ;

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 le labrum : appréciation de sa forme, de sa taille et de ses contours, recherche d'anomalie de signal de type liquidien (fissure) ou non (labrum dégénératif) ou de kyste paralabral. Les fissures sont décrites selon leur topographie et extension et sont distinguées des nombreuses variantes

Figure 3. Séquences additionnelles; Évaluation tendineuse et labrale en position ABER (a-c); Microkystes postérieurs (astérisque blanc) (b) ; subluxation postérieure avec chondropathie glénoïdienne et pathologie labrale postérieure avec kyste para-labral (astérisque noir) (c); Evaluation labrale et tendineuse en arthro-IRM (d-f) avec réalisation de coupes en pondération T1 avec saturation du signal de la graisse (e-f); Séquences pour l'étude du labrum (g-h) en pondération T2 EG (g) ; séquence DP SE (h) montrant une fissure postérieure et des microkystes péri-labraux (flèche blanche); Réduction des artéfacts de mouvement (têtes de flèches blanches) (i) par un remplissage radiaire de l'espace k (j).

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anatomiques (complexe de Buford, foramen labral et récessus sous-labral) ;  la graisse : recherche d'une infiltration inflammatoire compatible avec un conflit (cf. infra). Des associations lésionnelles classiques doivent être reconnues notamment en cas d'instabilité ou de conflit :  conflit subacromial : association d'une dépression de la face bursale du tendon supra-épineux en général par une compression lié à une enthésopathie du ligament acromiocoracoïdien épaissi ou une ostéophytose inférieure acromioclaviculaire, avec un épaississement de la bourse sousacromio-deltoïdienne satellite ;  conflit subcoracoïdien : association d'une réduction de l'espace coraco-huméral et d'une tendinopathie du subscapulaire ;  conflit postérosupérieur : tendinopathie postérieure du supra-épineux, géodes glénoïdiennes postéro-supérieures, kystes osseux huméraux postéro-supérieures, anomalies labrales postérosupérieures. Les nombreux pièges d'interprétation portent classiquement sur la signification de la variation de signal des tendons de la coiffe qui est liée soit à des phénomènes physiologiques (interposition fibreuse), soit d'origine technique (angle magique), ou pathologiques (rupture, dépôts calciques, enthésophytes). Certaines présentations radiocliniques sont parfois discordantes avec une symptomatologie clinique bruyante et un bilan initial d'imagerie (radiographie et échographie) peu contributif. L'IRM occupe alors une place de choix comme dans ces situations typiques (Fig. 2) :  la capsulite rétractile se manifeste par une raideur douloureuse de l'épaule. Si une IRM est réalisée, on observe des signes inflammatoires des structures capsulaires du récessus axillaire inférieur (épaississement, infiltration, augmentation de signal) et péricapsulaire (comblement du triangle graisseux souscoracoïdien, épaississement du ligament coraco-huméral) [2,4] ;  le syndrome de Parsonage-Turner est un tableau d'épaule pseudo-paralytique douloureuse de début brutal. L'IRM montre un œdème musculaire dans un même territoire d'innervation, fréquemment les muscles supra- et infra-épineux répondant au nerf supra-scapulaire. Il est très évocateur quand il atteint deux territoires d'innervation différente. Une compression nerveuse, notamment par un kyste paralabral, constitue un diagnostic différentiel qui pourra être éliminé par l'IRM (détection du kyste, œdème musculaire plus sélectif en aval de la compression) [2].

CIRCONSTANCES PARTICULIÈRES : COMMENT ADAPTER LE PROTOCOLE ? Évaluation tendineuse et ligamentaire Un examen en position d'abduction-rotation latérale (ABER) (Fig. 3), où l'on place la main derrière ou sous la tête, est proposé en particulier pour le diagnostic de lésion profonde du tendon supra-épineux, de lésions labrales ou capsulo-ligamentaires ou de conflit postéro-supérieur. A partir d'un repérage dans le plan coronal, une acquisition perpendiculaire au plan de la glène est alors réalisée grâce à des antennes « Flex » [5].

L'arthro-IRM (Fig. 3) offre une amélioration du contraste et une distension capsulaire pour une analyse plus fine de l'intégrité tendineuse, labrale ou cartilagineuse. Après l'administration sous guidage scopique de produit de contraste gadoliné, des séquences en pondération T1 avec saturation du signal de la graisse sont nécessaires conjointement à une séquence T2 avec suppression du signal de la graisse et une autre séquence en pondération T1 sans saturation du signal de la graisse [2].

Évaluation du labrum Des séquences en coupes fines centrées, en écho de gradient ou spin écho, sans saturation du signal de la graisse sont proposées pour l'exploration des pathologies labrales (Fig. 3).

Patients difficiles L'utilisation d'antennes différentes dites « Flex », est utile lorsque le patient ne peut être correctement placé dans l'antenne dédiée (obésité, lésion cutanée). En cas de patients agités ou présentant des difficultés respiratoires, à risque d'artéfacts de mouvements, les séquences basées sur un remplissage accéléré de l'espace k (remplissage radiaire) permettent de limiter les artéfacts (Fig. 3).

Injection IV de gadolinium L'injection de gadolinium n'est pas utilisée en pratique courante sauf pour le bilan de lésions tumorales osseuses et des parties molles. Elle n'est pas non plus systématique pour une suspicion de capsulite rétractile où le diagnostic reste très clinique et, si une lRM est réalisée, les signes capsulaires et péri-capsulaires sans injection sont généralement suffisants.

Points à retenir  L'IRM est performante pour l'analyse des tendons de la coiffe des rotateurs et de leur environnement.  Le protocole recommandé comprend 3 plans en pondération T2 avec un TE intermédiaire avec saturation du signal de la graisse et une séquence en pondération T1 sans saturation de graisse.  La description lésionnelle d'une rupture tendineuse précise son extension, sa taille, son siège, sa rétraction et les critères de non réparabilité.  Certaines associations lésionnelles font évoquer la possibilité d'un conflit et sont corrélées à la clinique.

Déclaration de liens d'intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d'intérêts.

RÉFÉRENCES [1] Boric I. Sports [Internet]. Sports Subcommittee Guidelines of MR Imaging of Sports Injuries. Disponible sur : https://www.essr.org/ subcommittees/sports/

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Comment je fais ? [2] Epaule. Cotten A, editor. Imagerie musculosquelettique Pathologies locorégionales. 2e ed, Elsevier Masson; 20175–97. [3] Mutschler C, Vuillemin V, Pradel C, Sobotka A, Brun V, Augereau B, et al. IRM de l'épaule dans la pathologie de la coiffe : quelles séquences ? Quelles limites ? In : L'épaule-SIMS 2005. Sauramps Médical ; p. 187–200. (Congrès thématique de Juin ; vol. Opus 43)

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G. Lefebvre et al.

[4] Chi AS, Kim J, Long SS, Morrison WB, Zoga AC. Non-contrast MRI diagnosis of adhesive capsulitis of the shoulder. Clin Imaging 2017;44:46–50. [5] Aydıngöz Ü, Özdemir ZM, Ergen FB. Demystifying ABER (ABduction and External Rotation) sequence in shoulder MR arthrography. Diagn Interv Radiol 2014;20(6):507–10.