La sarcoïdose familiale: à propos de trois cas

La sarcoïdose familiale: à propos de trois cas

Re,, M&d Irtterne 1998 ; 19 : 199-202 0 Elsevier, Paris Communication La sarcoi’dose familiale S El Hassani, A El Maghraoui, Servicr de rhumarologi...

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Re,, M&d Irtterne 1998 ; 19 : 199-202 0 Elsevier, Paris

Communication

La sarcoi’dose familiale S El Hassani, A El Maghraoui, Servicr

de rhumarologie (Key

l3, h6pifal

le 12 septembre

1997;

br&ve

: h propos de trois cas R Bensabbah, N Hajjaj-Hassouni El A,yachi, accept6

CHU,

Rubat-Sal&,

le 2 dkcembre

Maroc

1997)

Introduction. - Les formes familiales de la harc(~ldose sent rares. Nous avons revu de faGon rktrospective 147 cas de sarcoi‘dose. toutes localisations confonducs, observCs au CHU Rabat-Sal6 durant une pkriode de 10 ans (1983.1993). Parmi ces cas, nous rapportons les observations de trois patients appartenant ?I une m&me famille et 1 trois gCnCrations successives. Observations. - Gas 2 ; la grand-m&e avait une sarco’idose 3 localisation pulmonaire. Gas 2: la fille prkntait des localisations cutan& articulaires et osseuses. Cus 3: la petite-fille avait une sarco’idose cutanCe et pulmonaire. Discussion. - La frkquence rtelle de la sarcdidose familiale est probablement sous-estim6e du fait du grand nombre des formes latentea. Une revue de la littkature nous a permis d’ktudier 43 families. II n’existe pas de diffkrence clinique entre la sarco’idose familiale et les autres formes. Nos trois observations vent dans ce sens. La prkpondkrance B I’intCrieur d’une famille de sujets de m&me sexe et de filiation m&e-fille est d&rite par la majorit des auteurs, elle lake supposer I’existence d’un facteur gCn&ique. Or. ni cette thkorie ni celle Cvoquant la possibilitk d’agent Ctiologique atteignant prkf@rcntiellement les sujets de la mhe famillc ne sont actuellement dCmontrables. II n’existe pas d’a\sociation forte reconnue avec un groupe HLA dans la sarcoydose familiale. Conclusion. - La rarete des formes familiales rend trtk difficile 1‘6nonc6e de thCories pouvant expliquer la pkdisposition famihale 0 1098. Elsevier. Paris. sarcciidose

familiale

/ sarcoidose

et g6nCtique

Summary - Familial sarcoidosis: three cases. Introduction. - Familial sarcoidosis is rare. We reviewed 147 cases of sarcoidosis, whatever their localization, diagnosed at Rabat-SalP LJni\wsim Hospital, during a period of 10 wars (19X.3-1993). Among these cases, we report those of three patients with sarcoidnsis. rn a same,fam~lp. The obsenxtions concern three.generations. Observatiuns. - Observation I : the grandmother presented with pulmonary strrcoidosis. Observation 2: the mother presented with ,sarcoitloai~ of’thc skin. ,joint and Lund. Observation 3: fhr daughter had cutaneous and pulmonary lot-alizations. Discussion. - The recdfi-equency o/,fitmilial sarcoidosis is probabljl underestimated because qf the big number of latent forms. A rewe+< (!f the lrterature allowed us to find 43 frrmilies M.ith .rarcwidosis. There iv no clir2ical dlflerence between familial sarcoidosis und usual fiwms of the di,waw. as confirmed b’ our findings. The preponderance of p&entJ of the same sex in the same family, like our mother-daughtr r filiutirm is, desti~ribed i7.y the ma,jorttv of the author.7. This leads IO .suppoAe the existence of genetic,factors. Neither this theorv nor the one ,sctggc,.stirry the pos.vhility for etiologic trgent that could perhaps a&&t the same per,cons in the .same ,ftrmily can be currently demonstrated. Anv a.5 yoc’icttion bvith an HLA group in thr~,familial cases of sarcoidosis is unlikely. Conclusion. - The writ>% offamilial sarcoic/osi.r,forms makes wry d@ult to establish theories regarding rhe,fumilia/ pr~,disr~c’sition. 0 1998. /-Jl.tn?er. Paris. familial

sarcoidosis

/ sarcoidosis

and genetics

Les formes familiales de la sarcoi’dose retrouvkes dans la littkrature sont rares. NCanmoins, leur existence a eu le mCrite de soulever le problkme que pose la pluI-alit6 des thkories approchant cette prkdisposition familiale. Nous rapportons trois cas de sarcdidosetouchant trois membres d’une m&me famille et appartenant a trois gCn&ations successives. L’existence des mariages consanguins dans cette famille now semble i?tre un facteur favorisant.

OBSERVATIONS La famille &dike prksente trois membres atteints dont la relation parentale est la suivante : m&e-fille-petite-fille (jigwe 1 j. Toussent originaires et habitant la ville de Rabat au Maroc. Cas

1

La m&e a tiCveloppC B 1’2ge de 50 ans une sarcoi’dose

S El Has:,ani

300

Fig

1. Arbre

et al

g&kalogique de la famille etudike montrant les membres atteints des 3 g&Grations

rnediastinopulmonaire de stade II. Elle a CtC traitke par cortirotherapie. L’evolution clinique sow traitement a CtC favorable. L’anciennete de l’observation explique la pauvrete des renseignements cliniques. Le diagnostic a et& une notion cl’interrogatoire, il n’y a pas eu de preuve histologique. Elle est actuellement decedee.

Cas 2 Sa fille a developlk 2 l’age de 54 ans un Crytheme noueux des cleux jambes avec arthralgies. .k l’examen clinique le genou gauche etait le siege d’une arthrite, et la radiographie des deux genoux Ctait normale. Le bilan biologique notait un syndrome inflarnmatoire avec elevation de la vitesse de skdimentation, la calcemie &it normale. L’intradermoreaction a la tuberculine etait negative. La radiographic des mains revelait quelques g&&s au niveau du trapeze et de la deuxieme phalange du cinquikme rayon gauche, temoin de l’atteinte osseuse. II n’y a pas eu de preuve histologique. L’Cvolution a Cte favorable sous faible dose de corticotherapie avec un recul actuel de 5 ans.

Cas 3 La petite-fille a dCvelopp6 g I’bge de 32 ans une lesion cutanee au niveau de la pyramide hasale de type angiolupoi’de dont la biopsie a montre un granulome Cpitheliogigantocellulaire saris r&rose. Le bilan biologique Ctait normal. L’in-

tradermortaction B la tuberculine Ctait nkgative. La radio graphie pulmonaire montrait des adenopathies mediastinalec avec un infiltrat pulmonaire parahilaire compatible avec un stade II. L’evolution sous traitement corticdide (30 mg/.j) etait marquee par l’amelioration de l’atteinte cutanee et la disparition des adenopathies mediastinales alors que l’atteinte parenchymateuse s’etendait sur la radiographic de thorax standard. La malade toujours suivie prend actuellement 15 mg/j de prednisone.

DISCUSSION Martenstein signale le premier cas de sarcoydose familiale en 1923 [ 11. Depuis, de nombreux Ccrits ont CtC consacres A ce sujet. La majorite des travaux concernent une seule famille, rares sont les articles faisant Ctat de plusieurs familles attcintes. Les formes familiales sont done rares, la frequence certainement sous-estimee du fait des cas asymptomatiques varie selon les auteurs entre 1,8 % pour Turiaf et 5 % pour Huan [2, 31. Entre 1983 et 1993, et parmi 147 observations recensees dans le centre hospitalier de Rabat-Sale, nous n’avons trouve qu’une seule forme

familiale.

La frequence

accrue

dc la sarco’i-

dose familiale chez les sujets de race noire est notee par de nombreux auteurs. Turiaf, en Ctudiant 12 familles atteintes de sarco’idose, trou\ae S,4 o/c de

La sarcoi‘dose

cas originaires dcs Carai’bes [2]. Sharma ttudie 16 familles dont neuf sont des Noirs americains [4]. La preponderance a l’interieur d’une m&me famille de sujets de mCme sexe qu’il s’agisse de collateraux directs ou de filiation parent-enfant est Cgalement d&rite [S]. Ceci s’observe dans la famille que nous rapportons. La frequence de transmission mereenfant est Cgalement une notion communement admise [6:]. Les observations faisant &at de plus de deux membres d’une m&me famille atteints de sarcoi’dose sont rares. Williams, en faisant une revue de la litterature, ne retrouve que dix cas publies d’atteinte de trois membres ou plus d’une m&me famille 171. L’etude de 93 observations de sarcoi’dose appartenant a 43 familles [l-4, 6, 8, 91 relevees de la litterature nous a permis de noter: l’atteinte de deux membres dans 36 familles ; l’atteinte de trois membres dans sepl familles ; la transmission mereenfant (garGon ou fille) 14 fois, pbre-enfant une seule fois, collateraux directs f&e-f&e, ou sceur-sceur ou frere-scour 24 fois, mari-femme une fois. La repartition selon la race n’a pu etre determike du fait du manque de ce renseignement dans la majorite des observations. Rien ne differencie les cas de sarcoi’dose familiale des autres formes de sarcofdose, aux plans clinique, biologique et evolutif [3]. La superposition de la date de declaration et de la presentation clinique n’a CtC mentionnee que par certains auteurs dent Huan, Scharma et Issartel [3, 4, 81. Pour Turiaf, Selross et Scadding [2, 10, 111 cette notion s’applique surtout aux jumeaux homozygotes, ce qui suggere la preponderance d’un facteur genetique par rapport au role Cventuel de l’environnement. En fait, le mecanisme de l’eventuelle predisposition familialc est diversement interprete. 11 laisse supposer deux Cventualites. La premiere est l’existence d’une exposition familiale a des agents Ctiologiques exogenes. La deuxieme est l’existence d’un facteur genetique influent. L’intervention d’un facteur exogent auquel seraient exposes les membres d’une m&me famille est evoquee devant la constatation de forme survenant chez un couple (mari et femme) n’ayant aucun lien de sang [4]. Cependant, l’echec de mutes les etudes essayant de rattacher la sarcoi’dose en general et familiale en particulier a une Ctiologic exogene, ainsi que l’existence d’observations chez des membres d’une m&me famille vivant pendant de longues periodes dans des lieux eloignes rendent peu vraisemblables la responsabilite unique de cette Cventualite [3]. La deuxieme Cventualite Cvoquant la possibilite de transmission genetique de la sarcoi’dose est interpretee differemment par les auteurs. .4insi, selon Heading et al [ 121, la distribution familiale observee dans les cas qu’ils rapportent. suggere une modalite de transmission multigenique,

201

familiale

tandis que pour James et al [9] cette transmission se ferait selon un mode recessif autosomique. Si on reprend l’arbre genealogique de la famille que nous avons Ctudiee, on retrouve l’existence de mariage consanguin avec une frequence importante, puisque retrouvee a trois generations successives. L,a consanguinite dans la sarco’idose serait-elle responsable de l’expression des formes genetiquement rnuettes et done recessives comme ce qui s’observe dans d’autres pathologies ‘? Or, l’absence d’etude genique et la diversification des conclusions gtnetiques rendent la reponse a cette question difficile. En fait, ni la theorie genetique ni celle de l’exposition a un agent exogene ne peuvent expliquer separement la maladie. On s’oriente actuellement plut8t vers une theorie immunogenetique. En effet, le desordre immunitaire observe dans la sarcoi’dose serait d’origine genttique et transmis de facon hereditaire sur un mode recessif. L’etude du systeme HLA, en &ant l’un des marqueurs genetiques les plus importants en pathologie humaine, constitue une facon d’approcher ce problbme. Malheureusement, les etudes dcs liens HLA-sarcoi’dose sont tres discordantes et de ce fait non concluantes. La majorite des auteurs notent la relative frequence des haplotypes B8 et DR.3, ainsi Breweton [ 13 ] note une frequence Clevee de HLAB8 dans les formes spontanement resolutives et dans les formes rhumatologiques. Gardner [ 141 retrouve I’acsociation HLA-B8, CW7 et DR3 chez les Anglais ayant une sarcoi’dose de bon pronostic. Krausse [ IS] met l’accent sur la frequence des formes articulaires chez les sujets d’haplotype DR3. Huan [3] en 1995 retrouve la notion deja notee par Gardner, a savoir l’association HLA-B8 et DR3 avec une sarcoi’dose de bon pronostic. CONCLUSION Le:s formes familiales sont rares. Cette ra.retC rend done tres difficile l’approche des theories pouvant expliquer cette predisposition familiale qui n’est d’ailleurs pas encore clairement Ctablie. REFERENCES 1 Martenstein H. Knochveranderunger bei Lupus pernio. %errtralbl Haut Geschl Kr 1923 ; 7 : 308.12 2 ‘Turiaf J, Battesti JP, Jeanjean Y. Fourestier V. Sarcoi‘dtrse famelisle : 26 cas dans 12 familles. NOUI~ Prrsse Mid 19’78 : 7 : 913. 5 3 Huan P. Hachulla E, Delaporte E, Piette F, Hatron PI’, Devullder B. Sarcoi’dose familiale : trois cas dans la mCme fratrie. Rev .MPd Inrrrnr 1995 ; 16 : 280-2 4 Sharma 0, Neville E, Walker AN, James DG. Familial sarcoIdosis: a possible genetic influence. Am NY Acad SC i 1976 ; :27x : X36-400

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S El Hassani et al

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11 Scading JG. Snrcoidosis. Londres: Eyre et bpottiswoodc: 1967 12 Heading VE, Weston D, Young RC, Hachymne! RI.. Familial sarcoidosis with multiple occurrences in eleven families: a possible mechanism of inheritance. Ann NY Acad S i 1976 ; 27X : 377-85 13 Breweton DA, Cockburn C, James DCO, James l)G. Neville E. HLA antigens in sarcoidosis. Clin Exp Imnmunr~l 1977 : 27 : 227-9 14 Gardner J, Henry GK, Hamblin A. Jones E. HLX associations in sarcoidosis: a study of two ethnic groups. 7%or-rrx 1984 ; 39 : 19-22 15 Krause A, Goebel KM. Class II MCH antigen iHLA DR3) predisposes to sarcoid arthritis. J Clin Lab Inrrnurrol 19X7 : 24 : 25-7