Le profil cardiovasculaire dans l’arthrose : méta-analyse des événements et facteurs de risque cardiovasculaires

Le profil cardiovasculaire dans l’arthrose : méta-analyse des événements et facteurs de risque cardiovasculaires

Revue du rhumatisme 87 (2020) 162–168 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com Recommandations et méta-analyses Le profil cardio...

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Revue du rhumatisme 87 (2020) 162–168

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Recommandations et méta-analyses

Le profil cardiovasculaire dans l’arthrose : méta-analyse des événements et facteurs de risque cardiovasculaires夽 Sylvain Mathieu ∗ , Marion Couderc , Anne Tournadre , Martin Soubrier Service de rhumatologie, centre hospitalier universitaire Gabriel-Montpied, 58, rue Montalembert, 63003 Clermont-Ferrand, France

i n f o

a r t i c l e

Historique de l’article : Accepté le 24 juin 2019 Disponible sur Internet le 6 février 2020 Mots clés : Arthrose Cardiovasculaire Méta-analyse

r é s u m é Introduction. – Le risque cardiovasculaire élevé retrouvé dans la polyarthrite rhumatoïde ou l’arthrite psoriasique est en grande partie imputable à l’inflammation systémique. Dans l’arthrose (OA), la survenue d’une inflammation systémique a parfois été rapportée mais l’association entre arthrose et augmentation du risque cardiovasculaire reste à préciser. Cette méta-analyse avait pour objectif d’évaluer l’incidence des infarctus du myocarde (IM) et des accidents vasculaires cérébraux (AVC) mais également les facteurs de risque cardiovasculaire chez les patients OA. Méthodes. – Nous avons effectué une recherche dans les bases de données PubMed, EMBase et Cochrane Library afin de trouver des références d’intérêt publiées jusqu’au mois de juin 2018. Les incidences de l’IM et de l’AVC ont été calculées à l’aide d’une méta-analyse des proportions. Les différences relatives aux facteurs de risque de maladie cardiovasculaire entre les patients OA et les sujets témoins ont été exprimées sous forme de différences moyennes standardisées (DMS) selon la méthode de l’inverse de la variance. Résultats. – Les études analysées ont rapporté 227 IM chez 3550 patients arthrosiques (incidence, 7,5 % ; IC95 % : 3,0–13,8 %) et 616 IM chez 12 444 sujets témoins (incidence, 6,0 % ; IC95 % : 2,8–10,3 %). La métaanalyse des trois études longitudinales a révélé une augmentation significative du risque d’IM chez les patients OA (RR = 1,22 ; IC95 % : 1,02–1,45). Nous avons également retrouvé un risque d’AVC significativement élevé chez les patients OA (RR = 1,43 ; IC95 % : 1,38–1,48). En ce qui concerne les facteurs de risque de maladie cardiovasculaire, les patients OA affichaient un profil lipidique et glucidique pro-athérogène se traduisant par une élévation des concentrations en glucose, cholestérol total et LDL-cholestérol ainsi qu’un indice de masse corporel (IMC) élevé. S’agissant des marqueurs de l’athérosclérose, les patients OA montraient une majoration du risque de syndrome métabolique et une élévation de la vitesse de l’onde de pouls (VOP). Conclusion. – Les résultats de notre méta-analyse ont révélé un risque cardiovasculaire plus élevé chez les patients arthrosiques. Ces observations soulignent l’importance de la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire dans l’arthrose. ´ e´ Franc¸aise de Rhumatologie. Publie´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv ´ ´ es. © 2020 Societ

1. Introduction Le risque de maladie cardiovasculaire est nettement augmenté chez les patients atteints de maladies rhumatismales, notamment la polyarthrite rhumatoïde (PR) et la spondyloarthrite [1–8]. Le risque élevé de maladie cardiovasculaire est lié au profil pro-athérogène qui comprend la dyslipidémie mais également

DOI de l’article original : https://doi.org/10.1016/j.jbspin.2019.06.013. 夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc¸aise de cet article, mais la référence anglaise de Joint Bone Spine avec le doi ci-dessus. ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (S. Mathieu).

l’inflammation systémique [9–11]. L’arthrose est un rhumatisme ayant déjà été décrit dans certaines études comme étant une maladie inflammatoire, mais dans une proportion moindre que la PR [12,13]. Toutefois, il reste à déterminer si l’arthrose est également associée à un risque cardiovasculaire accru. Les données concernant le risque cardiovasculaire dans l’arthrose sont rares et parfois contradictoires. Veronese et al. ont récemment conclu que l’arthrose, en particulier l’arthrose des mains chez les femmes, était associée à un risque élevé de maladie cardiovasculaire [14]. À l’inverse, d’après Hoeven et al., les patients OA n’étaient pas plus à risque de maladie cardiovasculaire et l’association établie entre arthrose et maladie cardiovasculaire était en réalité liée à l’invalidité dans l’arthrose [15]. Les éléments de preuve actuellement disponibles sont insuffisants et le

https://doi.org/10.1016/j.rhum.2020.02.001 ´ e´ Franc¸aise de Rhumatologie. Publie´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits reserv ´ ´ 1169-8330/© 2020 Societ es.

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nombre d’études publiées évaluant le risque cardiovasculaire dans l’arthrose ne permet pas d’aboutir à des conclusions solides. Nous avons réalisé une méta-analyse afin d’augmenter la puissance statistique des données disponibles sur l’arthrose et la maladie cardiovasculaire. Notre objectif était d’évaluer de manière plus précise les événements cardiovasculaires (infarctus du myocarde et AVC) chez les patients OA et de comparer les profils de risque cardiovasculaire entre les patients OA et les sujets témoins. 2. Méthodes 2.1. Recherche de la littérature Nous avons recherché dans les bases de données PubMed, EMBase et le registre Cochrane des essais cliniques tous les rapports d’intérêt de langue anglaise ou franc¸aise publiés jusqu’au 19 juin 2018. Les termes de recherche suivants ont été utilisés dans PubMed : « arthrose[tiab] ET (cardiovasculaire[tiab] OU myocarde[tiab] OU AVC[tiab] OU intima[tiab] OU lipide [tiab] OU endothélial[tiab]) ». Nous n’avons fixé aucune limite de fac¸on à obtenir un maximum de références qui ont ensuite été incluses dans notre analyse ou exclues pour les raisons expliquées dans la section « Sélection des essais ». Nous avons également procédé à une recherche manuelle des références des articles identifiés. Pour finir, nous avons collecté les données issues des bases de données des résumés électroniques des réunions scientifiques annuelles de la Société franc¸aise de rhumatologie, de la European League Against Rheumatism (EULAR) et de l’American College of Rheumatology (ACR) de 2007 à 2018 en utilisant les termes suivants : « cardiovasculaire » OU « lipides » OU « intima » OU « infarctus du myocarde » OU « AVC » ET « arthrose ». Ont été incluses toutes les études observationnelles qui se sont intéressées aux événements cardiovasculaires tels que l’infarctus du myocarde ou l’AVC, et toutes les études cas-témoins portant sur les facteurs de risque cardiovasculaire (pression artérielle, glycémie, syndrome métabolique, IMC, profil lipidique, épaisseur intima-média et tour de taille) chez les patients OA et les sujets témoins. 2.2. Sélection des essais Un auteur (SM) a identifié les articles potentiellement intéressants après lecture du titre, des mots-clés et de l’abstract. À l’issue de cette première étape de sélection, les articles sélectionnés ont fait l’objet d’une lecture texte entier. Les critères d’exclusion étaient les suivants : commentaires, méta-analyses ou articles de discussion, rapports de cas et études incluant moins de 5 patients, absence de données concernant les facteurs de risque CV ou la maladie cardiovasculaire, patients non-arthrosiques, absence de texte entier disponible et données non exploitables pour l’analyse statistique (absence d’ET ou d’écart interquartile). Les études doublon ont été exclues. Nous avons défini les études doublon comme étant : • les études ayant le même auteur principal et les mêmes références dans les bases de données ; • les études ayant le même auteur principal, le même nombre de patients et les mêmes résultats ; • les études ayant le même auteur principal et portant la mention d’étude « en cours » ou « préliminaire ». Une même étude peut inclure différents groupes de patients OA (à titre d’exemple 2 cohortes composent l’étude de Inoue et al. : une cohorte de femmes et une cohorte d’hommes). Dans ce cas, l’étude a été incluse deux fois : une première fois pour l’arthrose de la main et une seconde fois pour la gonarthrose.

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Certaines études répondaient aux critères d’inclusion mais ont été exclues car leurs données n’étaient pas exploitables dans l’analyse. À titre d’exemple, une étude transversale peut rapporter le profil cardiovasculaire chez les patients OA mais ne peut être incluse dans notre analyse en raison de l’absence de groupe témoin permettant d’établir une comparaison. 2.3. Extraction des données Le recueil des données a été réalisé par un seul auteur (SM). À partir des études observationnelles, nous avons extrait le nombre d’IM et d’AVC, mortels ou non. À partir des études cas-témoins, nous avons enregistré les facteurs de risque CV reconnus : pression artérielle (PA) systolique et diastolique, le statut tabagique, la glycémie, le profil lipidique, l’IMC et le nombre de patients ayant un syndrome métabolique ou de l’hypertension. Nous avons également enregistré les marqueurs de l’athérosclérose subclinique, comprenant l’épaisseur intima-média et la vitesse de l’onde de pouls (VOP) [16,17]. 2.4. Analyse statistique Les variables continues ont été exprimées en moyenne pondérée ± ET. Nous avons calculé les incidences de l’IM et de l’AVC et la prévalence du syndrome métabolique par le biais d’une métaanalyse des proportions (méthode de l’inverse de la variance). Lorsque la durée du suivi était précisée, ces incidences ont été exprimées en 100 patients par années (p-a) d’exposition. La méthode de Mantel–Haenszel a été utilisée pour déterminer le risque relatif (RR) de l’IM, de l’AVC et du syndrome métabolique chez les patients OA comparativement aux témoins pour les études de type cas-témoins. Cette méthode a permis d’obtenir une estimation commune du RR avec un intervalle de confiance (IC) à 95 %. Dans les études longitudinales ou cas/témoins, nous avons extrait les données des groupes témoins. Ces derniers représentaient parfois des témoins sains et parfois des témoins atteints d’une autre maladie comme la goutte ou la polyarthrite rhumatoïde. Par conséquent, nous avons calculé les incidences ou le risque relatif pour le groupe témoin dans son ensemble ou, lorsque cela était possible, l’incidence pour les témoins sains uniquement. Concernant les variables continues, comprenant les facteurs de risque CV et l’épaisseur intima-média, les différences observées entre les patients OA et les témoins ont été exprimées par la différence moyenne standardisée selon la méthode de l’inverse de la variance – avec 0,2–0,8 indiquant une différence modérée et > 0,8 une différence importante. L’hétérogénéité statistique entre les résultats a été évaluée au moyen de I2 , un indicateur simple d’interprétation et qui représente la mesure la plus courante de la proportion d’hétérogénéité entre les études. Les valeurs de I2 sont comprises entre 0–100 %, avec une valeur < 25 % qui représente une hétérogénéité basse, entre 25–50 % une hétérogénéité modérée et > 50 % une hétérogénéité forte [18]. Selon cette méthode statistique, nous avons considéré l’existence d’une hétérogénéité lorsque la valeur p du test I2 était < 0,05. En cas d’hétérogénéité, nous avons utilisé des modèles à effets aléatoires ; dans le cas contraire, il s’agissait de modèles à effets fixes. Les analyses statistiques ont été conduites à l’aide du logiciel Review Manager Software, version 5.0 (Cochrane). 3. Résultats 3.1. Études éligibles Les recherches menées dans les trois bases de données ont permis d’obtenir un total de 2367 citations. Après lecture du titre, de l’abstract et du texte entier, seules 37 études ont été retenues.

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Nous avons identifié 42 références additionnelles concernant les paramètres cardiovasculaires chez les patients OA, mais dont les données n’ont pas été incluses dans la comparaison cas-témoins, principalement en raison de l’absence de groupe témoin. Deux études éligibles supplémentaires ont été identifiées après une recherche dans les bases de données des abstracts pour les comparaisons cas-témoins et trois autres par recherche manuelle (Fig. 1). Ont donc été incluses 42 études, regroupant un total de 24 501 311 patients et 116 124 120 témoins. Onze études étaient de type longitudinal (Haugen, Hsu, Kendzerska, Kluzek, Sheng, Smith, Veronese, Yang) dont trois sans groupe témoin (Damman, Hawker et Siviero). Les 31 études restantes étaient des études cas/témoins. Parmi ces 42 études, 32 incluaient des témoins sains, 6 des témoins atteints de PR et une des témoins souffrant de goutte. Nous avons clarifié quelles études contribuaient à quels résultats et détaillé leurs références dans l’annexe A, Tableau S1 [Voir la documentation supplémentaire en lien avec cet article et disponible en ligne].

3.4. Comparaison entre les patients arthrosiques et les témoins sains Le Tableau 1 présente la comparaison des facteurs de risque CV entre les patients OA et les témoins sains. Par comparaison avec les témoins sains, les patients OA affichaient des taux supérieurs de cholestérol total, LDL-cholestérol, triglycérides, glucose et hémoglobine glyquée. On retrouvait également chez les patients arthrosiques des valeurs plus élevées concernant la PA systolique, l’IMC, le tour de taille, l’index d’épaulement (Alx), la vélocité de l’onde de pouls (VOP) et l’inflammation systémique comparativement aux témoins sains. Le risque de syndrome métabolique était deux fois plus important chez les patients OA (RR = 2,08 ; IC95 % : 1,30–3,34) (Fig. 3). Aucune différence n’a été retrouvée entre les patients arthrosiques et les témoins sains concernant la pression diastolique, le HDL-cholestérol ou l’épaisseur intima-média (EIM). 3.5. Comparaison entre les patients arthrosiques et les témoins avec PR

3.2. Événements CV Parmi les études sélectionnées, 434 IM ont été rapportés au sein d’une cohorte totalisant 6244 patients OA, ce qui représente une incidence de 6,8 % (IC95 % : 3,9–10,5 %). La durée du suivi a été précisée dans cinq études longitudinales. L’incidence des IM pour ces 5 études sur l’arthrose s’élevait à 0,64/100 patients/années. Cinq études ont rapporté le nombre d’IM dans le groupe témoin, ce qui totalise 616 IM parmi 12 444 sujets témoins, et représente une incidence de 6,0 % (IC95 % : 2,8–10,3 %). L’incidence des IM dans les 4 études cas-témoins mentionnant la durée de suivi était de 0,40/100 p-a. Sur les 562 patients atteints de PR, 70 IM ont été rapportés, avec une incidence de 9,4 % (IC95 % : 0,001–34,8 %), 0,82/100 p-a. Dans trois études, 11 882 témoins sains ont rapporté 546 IM, ce qui représente une incidence de 4,6 % (IC95 % : 4,2–5,0 %). L’incidence des IM, dans les 2 études incluant des témoins sains et affichant la durée de suivi, était de 0,18/100 p-a. La méta-analyse des trois études longitudinales comparant la survenue des IM entre les patients OA (151 sur 2683) et les sujets témoins (546 de 11 882) a révélé une incidence significativement élevée des IM chez les patients arthrosiques comparativement aux témoins (RR = 1,22 ; IC95 % : 1,02–1,45) (Fig. 2). Dans sept études longitudinales (n = 52 591 patients), 9894 AVC ont été rapportés chez des patients OA, ce qui représente une incidence de 7,1 % (IC95 % : 2,2–14,5 %). L’incidence des AVC dans les 4 études sur l’arthrose avec durée du suivi était de 1,2/100 p-a. Quatre études ont rapporté un total de 7347 AVC chez les sujets témoins (n = 55 139), ce qui représente une incidence de 5,9 % (IC95 % : 0,8–15,0 %). L’incidence des AVC dans les 3 études castémoins avec durée du suivi était de 0,8/100 p-a. La méta-analyse des deux études longitudinales comparant la survenue des AVC entre les patients OA (9396 sur 46 088) et les sujets témoins (7324 sur 54 577) a révélé une incidence significativement élevée des AVC chez les patients OA comparativement aux témoins (RR = 1,43 ; IC95 % : 1,38–1,48) (Annexe A, Figure S1).

3.3. Profil de risque CV Parmi les patients atteints d’arthrose, l’âge moyen pondéré était de 62,4 ± 11,7 années et 61 % étaient des femmes. Environ 20 % étaient des fumeurs et 46 % recevaient un traitement pour l’hypertension. La PA systolique moyenne pondérée s’élevait à 126,5 ± 12,5 mmHg, et la PA diastolique à 75,7 ± 8,7 mmHg. L’IMC moyen pondéré était de 30,4 ± 4,3 kg/m2 .

Dans les six études comparant des patients OA avec des patients PR, nous n’avons retrouvé aucune différence significative entre les deux groupes concernant l’incidence de l’IM (76/876 patients arthrosiques versus 70/562 patients PR ; RR = 1,06 ; IC95 % : 0,74–1,53) ou de l’AVC (33/867 patients OA versus 23/562 patients PR ; RR = 1,24 ; IC95 % : 0,71–2,18). À noter également que les deux groupes ne présentaient pas de différence significative concernant les concentrations de LDL- ou HDL-cholestérol (Tableau 2). En revanche, les patients OA affichaient des taux plus élevés de cholestérol total et de triglycérides que les patients PR. 4. Discussion D’après les résultats de notre méta-analyse, les patients OA étaient plus à risque d’IM et d’AVC que les témoins sains. On notait également chez les patients OA une augmentation significative des marqueurs de l’arthérosclérose subclinique notamment la vélocité de l’onde de poul et l’Alx. Le risque cardiovasculaire accru chez les patients OA peut être causé par l’inflammation systémique qui se caractérise par une augmentation de la protéine C-réactive. Les patients OA avaient des taux de CRP plus élevés que les témoins sains (4,70 ± 3,03 versus 2,85 ± 1,48 mg ; p < 0,001). Les taux de CRP chez les patients OA correspondaient à une inflammation systémique moins marquée que celle retrouvée dans d’autres maladies rhumatismales comme la PR. Cependant, l’incidence des événements cardiovasculaires n’était pas significativement différente entre les patients PR et les patients OA. Il semblerait donc qu’une inflammation systémique, même faible, suffit à augmenter le risque cardiovasculaire. Le profil de risque cardiovasculaire des patients inclus pourrait être une autre explication possible. Parmi les patients OA, 20 % étaient des fumeurs et 46 % sous traitement contre l’hypertension. Les patients OA affichaient un profil lipidique pro-athérogène avec des taux élevés de cholestérol total et de LDL-cholestérol et un profil glucidique pro-athérogène avec des concentrations élevées en glucose et en hémoglobine glyquée. Les patients OA étaient plus à risque de syndrome métabolique et avaient un périmètre abdominal plus important, ce qui représente un indicateur significatif de risque cardiovasculaire. Xu et al. ont rapporté un risque élevé d’IM chez des patients obèses sains (IMC > 28 kg/m2 ) ayant un syndrome métabolique — une catégorie qui correspond aux patients OA [19]. Les patients arthrosiques ont également montré des concentrations élevées d’adiponectine et d’acides gras libres avec une plus forte incidence d’événements cardiovasculaires graves [20–22]. Le profil de risque cardiovasculaire observé chez les patients atteints

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Fig. 1. Organigramme des études incluses.

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Fig. 2. Comparaison du risque d’infarctus du myocarde entre les patients atteints d’arthrose (OA) et les sujets témoins.

Tableau 1 Facteurs de risque cardiovasculaire chez des patients souffrant d’arthrose (OA) et des témoins sains. Caractéristiques

N études n participants

Glycémie, g/L

N=8 n = 11,398 N = 11 n = 47,697 N=9 n = 12604 N = 17 n = 49,375 N = 13 n = 47,469 N=3 n = 2941 N = 16 n = 50,675 N = 12 n = 48,769 N = 16 n = 61,290 N=6 n = 36,745 N=3 n = 5390 N=2 n = 237 N=2 n = 237 N=5 n = 1159

Cholestérol total, mmol/L LDL-cholestérol, mmol/L HDL-cholestérol, mmol/L Triglycérides, mmol/L HBA1C, % PA systolique, mmHg PA diastolique, mmHg IMC, kg/m2 Tour de taille, cm EIM, cm AIx, % VOP, mm/s CRP, mg/L

OA, moyenne pondérée ± ET

Témoins, moyenne pondérée ± ET

Différence moyenne standardisée [IC95 %] ; effets fixes ou aléatoires (a )

Valeur p

I2 (%)

5,67 ± 0,32

5,57 ± 0,29

0,91 [0,46,1,35]a

< 0,001

97

5,74 ± 0,46

5,70 ± 0,49

0,20 [0,09,0,32]a

< 0,001

90

3,39 ± 0,40

3,17 ± 0,39

a

0,60 [0,30,0,90]

< 0,001

96

1,40 ± 0,18

1,38 ± 0,18

0,05 [−0,07, 0,18]a

0,41

93

1,44 ± 0,34

1,38 ± 0,37

0,67 [0,40,0,94]a

< 0,001

99

5,30 ± 0,25

5,20 ± 0,26

0,21 [0,14, 0,29]

< 0,001

55

0,41 [0,29,0,53]a

< 0,001

93

129,5 ± 5,7

129,1 ± 5,7

77,3 ± 3,7

78,5 ± 1,6

0,02 [−0,17, 0,20]a

0,85

97

26,9 ± 1,3

25,4 ± 0,8

0,30 [0,24,0,37]a

< 0,001

79

89,1 ± 1,5

85,2 ± 3,5

a

0,31 [0,13,0,48]

< 0,001

90

0,97 ± 0,10

0,97 ± 0,11

0,29 [−3,60, 4,19]a

0,88

100

25,0 ± 0,6

22,3 ± 1,1

0,28 [0,02, 0,53]

0,03

0

9,3 ± 0,1

8,3 ± 0,3

0,51 [0,25, 0,76]

< 0,001

0

4,70 ± 3,03

2,85 ± 1,48

0,34 [0,22, 0,46]

< 0,001

11

LDL : lipoprotéine de basse densité ; HDL : lipoprotéine de haute densité ; TC : cholestérol total ; IC : intervalle de confiance ; ET : écart-type ; HBA1C : hémoglobine glyquée ; PA : pression artérielle ; IMC : indice de masse corporelle ; EIM : épaisseur intima-média ; AIx : index d’épaulement ; VOP : vélocité de l’onde de pouls ; CRP : protéine C-réactive. a La méthode statistique utilisait les effets aléatoires. L’absence de symbole signifie que la méthode statistique utilisait les effets fixes.

d’arthrose est le même que celui retrouvé dans l’athérosclérose et la PR et pourrait être le principal responsable du risque cardiovasculaire accru dans l’arthrose. Les sociétés scientifiques recommandent désormais la prise en charge du risque cardiovasculaire au cours de la PR [23–25]. Malgré une mise en œuvre insuffisante de ces recommandations [26,27], le risque cardiovasculaire dans la PR diminue [28,29]. De la même manière, nos observations indiquent qu’il est important de sensibiliser les patients arthrosiques et les soignants à la recherche des facteurs de risque cardiovasculaire et à leur surveillance en cas de besoin. Des études supplémentaires seront toutefois nécessaires pour clarifier le rôle des facteurs de risque cardiovasculaire dans le développement de l’arthrose. À titre d’exemple, la consommation de tabac est impliquée dans la survenue de la PR mais ne semble pas intervenir dans le développement de l’arthrose et a même été considérée, il y a plusieurs années, comme un facteur de protection [30,31]. Notre étude comporte plusieurs limites. En premier lieu, elle semble ne pas apporter d’informations nouvelles. L’arthrose est considérée comme une maladie « grave » associée à une

mortalité élevée majoritairement liée aux maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, l’arthrose est associée au syndrome métabolique, qui se caractérise par une hypertension artérielle, une hyperlipidémie, un diabète de type 2 et une hyperuricémie, tous étant des facteurs de risque indépendants de complications cardiovasculaires thrombotiques. De plus, les personnes atteintes d’arthrose symptomatique des membres inférieurs (hanche et/ou genoux) conjuguent une activité physique limitée et la prise d’AINS pour calmer la douleur, deux éléments considérés comme des facteurs de risque indépendants d’événements cardiovasculaires thrombotiques. Cependant, ce manuscrit offre une synthèse quantitative de la littérature qui permet de mieux reconnaître et comprendre le risque cardiovasculaire dans l’arthrose. Seules trois études ont été incluses pour la comparaison avec l’incidence de l’IM et une seule de ces études présentait un échantillon de taille suffisante pour tirer des conclusions (n = 2453). Ainsi, le fait que les résultats proviennent majoritairement d’une large étude est bien sûr un inconvénient majeur. Cependant, ces quelques études sont la seule source d’information dont nous disposons dans la littérature ; c’est pourquoi nos résultats constituent les

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Fig. 3. Comparaison du risque de syndrome métabolique entre les patients atteints d’arthrose (OA) et les sujets témoins.

Tableau 2 Comparaison du profil lipidique entre les patients atteints d’arthrose (OA) et ceux de polyarthrite rhumatoïde (PR). I2 (%)

Caractéristiques

N études n participants

OA, moyenne pondérée ± ET

PR, moyenne pondérée ± ET

Différence moyenne standardisée [IC95 %] ; effets fixes ou aléatoires (*)

Valeur p

Cholestérol total, mmol/L LDL-cholestérol, mmol/L HDL-cholésterol, mmol/L Triglycérides, mmol/L

N=4 n = 29,321 N=3 n = 4576 N=3 n = 28,499 N=3 n = 28,499

4,92 ± 0,37

4,90 ± 0,35

0,19 [0,09, 0,28]*

< 0,001

2,76 ± 0,32

2,78 ± 0,27

−0,04 [−0,10, 0,01]

0,14

1

1,32 ± 0,10

1,36 ± 0,13

0,25 [−0,15, 0,64]*

0,23

99

1,54 ± 0,20

1,55 ± 0,29

0,09 [0,06, 0,13]

< 0,001

76

0

LDL : lipoprotéine de basse densité ; HDL : lipoprotéine de haute densité ; IC : intervalle de confiance ; ET : écart-type; *: analyse statistique utilisant un effet aléatoire et non pas fixe. C’est déjà précisé en haut de la colonne.

meilleures données actuellement disponibles. Notre méta-analyse a pour intérêt d’attirer l’attention sur l’augmentation du risque cardiovasculaire chez les patients OA et d’encourager les auteurs et investigateurs à mener d’autres études afin de confirmer nos résultats. À titre d’exemple, nous avons retrouvé que le risque d’IM ne différait pas entre les patients PR et OA, mais que l’analyse incluait uniquement deux études et un petit nombre de patients. Par ailleurs, le risque cardiovasculaire chez les patients PR dans ces deux études était faible comparativement à celui retrouvé dans d’autres études évaluant le risque d’IM dans la PR et qui ont rapporté un risque relatif d’IM proche de 1,5 voire 2 [32–34]. C’est pourquoi, les patients atteints de PR dans les deux études analysées ne sont probablement pas représentatifs de la population générale de patients PR, ce qui a pu conduire à sous-estimer la différence entre arthrose et PR dans notre étude. Une autre limite est liée au principe de la méta-analyse, en ce que le lecteur peut uniquement extraire les données rapportées dans les articles publiés. Nous avons identifié 42 références supplémentaires portant sur les paramètres cardiovasculaires chez les patients OA, mais aucune n’a été incluse car les données publiées n’étaient pas exploitables dans notre analyse, notamment parce qu’il s’agissait d’études transversales sans groupe témoin. Une autre limite est liée au biais de publication – les études ayant obtenu un résultat positif ont plus de chance d’être publiées que les études ayant obtenu un résultat négatif. Il n’est pas à exclure que certaines études ont rapporté une augmentation significative du risque cardiovasculaire chez les patients OA mais n’ont jamais été publiées ni même soumises. Cependant, nous avons recherché les abstracts d’intérêt présentés dans les congrès européens et américains de rhumatologie ainsi que les registres d’essais tels que le registre PROSPERO (registre prospectif des revues systématiques) mais n’avons retenu aucune autre référence. Dans l’ensemble, notre méta-analyse démontre que les patients OA semblent avoir un risque cardiovasculaire supérieur par

rapport aux témoins sains et un risque similaire à celui retrouvé chez les patients PR. Cela est en partie dû à la présence d’une inflammation systémique mais semble avant tout lié aux facteurs de risque cardiovasculaire comme la dyslipidémie et le syndrome métabolique. Les patients arthrosiques et les soignants doivent être sensibilisés à l’importance d’évaluer les paramètres cardiovasculaires dans l’arthrose. Récemment, des auteurs ont proposé une approche phénotypique de l’arthrose et analysé le rôle des facteurs environnementaux dans la pathogenèse de l’arthrose. La prévention primaire et la prise en charge adaptée de l’obésité et du syndrome métabolique pourraient permettre de ralentir la survenue et la progression de l’arthrose [35,36]. Contributions des auteurs Tous les auteurs ont participé à la rédaction de l’article ou à la révision critique du contenu intellectuel du manuscrit et tous ont approuvé la version finale avant sa soumission pour publication. Le Dr Mathieu a eu accès à l’ensemble des données de l’étude et assume la responsabilité de l’intégrité des données et de l’exactitude de l’analyse des données. Élaboration du design de l’étude : Mathieu, Couderc, Tournadre, Soubrier. Recueil des données : Mathieu. Analyse et interprétation des données : Mathieu, Couderc, Tournadre, Soubrier. Rôle de la source de financement Cette étude n’a bénéficié d’aucun soutien financier. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.

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S. Mathieu et al. / Revue du rhumatisme 87 (2020) 162–168

Annexe A. Matériel complémentaire Le matériel complémentaire (Tableau S1, Fig. S1) accompagnant la version en ligne de cet article est disponible sur http://www.sciencedirect.com et https://doi.org/10.1016/j.rhum.2020.02.001. Références [1] Avina-Zubieta JA, Thomas J, Sadatsafavi M, et al. Risk of incident cardiovascular events in patients with rheumatoid arthritis: a meta-analysis of observational studies. Ann Rheum Dis 2012;71:1524–9. [2] Polachek A, Touma Z, Anderson M, et al. Risk of cardiovascular morbidity in patients with psoriatic arthritis: a meta-analysis of observational studies. Arthritis Care Res (Hoboken) 2017;69:67–74. [3] Lauper K, Courvoisier DS, Chevallier P, et al. Incidence and prevalence of major adverse cardiovascular events in rheumatoid arthritis, psoriatic arthritis, and axial spondyloarthritis. Arthritis Care Res (Hoboken) 2018;70:1756–63. [4] Mathieu S, Gossec L, Dougados M, et al. Cardiovascular profile in ankylosing spondylitis: a systematic review and meta-analysis. Arthritis Care Res (Hoboken) 2011;63:557–63. ˜ [5] Castaneda S, Nurmohamed MT, González-Gay MA. Cardiovascular disease in inflammatory rheumatic diseases. Best Pract Res Clin Rheumatol 2016;30:851–69. [6] Mok CC, Ko GT, Ho LY, et al. Prevalence of atherosclerotic risk factors and the metabolic syndrome in patients with chronic inflammatory arthritis. Arthritis Care Res (Hoboken) 2011;63:195–202. [7] Eriksson JK, Jacobsson L, Bengtsson K, et al. Is ankylosing spondylitis a risk factor for cardiovascular disease, and how do these risks compare with those in rheumatoid arthritis? Ann Rheum Dis 2017;76:364–70. [8] Nissen CB, Hørslev-Petersen K, Primdahl J. Cardiovascular risk profiles in a hospital-based population of patients with psoriatic arthritis and ankylosing spondylitis: a cross-sectional study. Rheumatol Int 2017;37:113–20. [9] England BR, Thiele GM, Anderson DR, et al. Increased cardiovascular risk in rheumatoid arthritis: mechanisms and implications. BMJ 2018;361:k1036. [10] Mackey RH, Kuller LH, Moreland LW. Update on cardiovascular disease risk in patients with rheumatic diseases. Rheum Dis Clin North Am 2018;44:475–87. [11] Jafri K, Taylor L, Nezamzadeh M, et al. Management of hyperlipidemia among patients with rheumatoid arthritis in the primary care setting. BMC Musculoskelet Disord 2015;16:237. [12] Berenbaum F. Osteoarthritis as an inflammatory disease (osteoarthritis is not osteoarthrosis!). Osteoarthritis Cartilage 2013;21:16–21. [13] Rahmati M, Mobasheri A, Mozafari M. Inflammatory mediators in osteoarthritis: a critical review of the state-of-the-art, current prospects, and future challenges. Bone 2016;85:81–90. [14] Veronese N, Stubbs B, Solmi M, et al. Osteoarthristis increases the risk of cardiovascular disease: data from the osteoarthritis initiative. J Nutr Health Aging 2018;22:371–6. [15] Hoeven TA, Leening MJ, Bindels PJ, et al. Disability and not osteoarthritis predicts cardiovascular disease: a prospective population-based cohort study. Ann Rheum Dis 2015;74:752–6. [16] O’Leary DH, Polak JF, Kronmal RA, et al. Carotid-artery intima and media thickness as a risk factor for myocardial infarction and stroke in older adults. Cardiovascular Health Study Collaborative Research Group. N Engl J Med 1999;340:14–22.

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