Disponible en ligne sur
ScienceDirect www.sciencedirect.com Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
Revue générale
Activité physique et nutrition dans la broncho-pneumopathie chronique obstructive Physical activity and nutrition in chronic obstructive pulmonary disease Frédéric Costes a,∗,b , Christophe Pison c,d,e,f,g a
b
Service de physiologie clinique et exercice, hôpital Nord, CHU de Saint-Étienne, 42055 Saint-Étienne cedex 2, France EA 4338, laboratoire de physiologie de l’exercice, université Jean-Monnet Saint-Étienne, 42000 Saint-Étienne cedex 2, France c Pôle thorax et vaisseaux, clinique universitaire de pneumologie, CHU de Grenoble, 38043 Grenoble cedex 9, France d Centre Henri-Bazire, 38134 Saint-Julien-de-Ratz, France e Inserm 1055, 38041 Grenoble, France f Université Grenoble Alpes, 38041 Grenoble cedex 9, France g European institute for systems biology and medicine, 69007 Lyon, France Rec¸u le 31 juillet 2014 ; rec¸u sous la forme révisée le 18 septembre 2014 ; accepté le 4 octobre 2014 Disponible sur Internet le 15 novembre 2014
Résumé L’état nutritionnel des patients présentant une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) a longtemps été négligé, hormis la prise en charge de l’historique cachexie au stade terminal de l’insuffisance respiratoire chronique. On distingue désormais différents phénotypes de patients selon les modifications de composition corporelle, ayant un impact sur les capacités physiques et la mortalité. Les causes de perte de masse maigre dans la BPCO ne sont pas complètement connues mais l’état inflammatoire, l’hypoxie et un hypermétabolisme représentent les facteurs majeurs. Des méta-analyses récentes ont montré les liens entre l’état nutritionnel des patients et leurs aptitudes physiques, même si ces relations sont complexes, ainsi que le bénéfice d’interventions nutritionnelles seules ou couplées à une réhabilitation respiratoire (intervention multimodale). Cette revue fait le point des avancées récentes concernant les relations entre l’activité physique et l’état nutritionnel dans la BPCO et confirme le potentiel des interventions multimodales pour améliorer la composition corporelle et l’autonomie de ces patients. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : BPCO ; Activités physiques ; Nutrition ; Réhabilitation nutritionnelle
Abstract The nutritional status of patients with chronic obstructive pulmonary disease (COPD) has long been neglected, except for the management of the historic cachexia associated with end-stage chronic respiratory failure. Different phenotypes of patients are now recognized according to the changes in body composition, which influence physical capacity and mortality. The causes of a loss of fat free mass are not completely understood but the main putative factors are an inflammatory state, hypoxia and a hypermetabolic state. Recent published meta-analyses pointed out the relationships between the nutritional status and the physical fitness, but these links appears complex and loose, as well as the benefit of nutrition interventions alone or coupled to a respiratory rehabilitation (multimodal intervention). This review focuses on recent advances regarding relationships between physical activity and nutritional status in COPD and confirms the potential of multimodal intervention to improve body composition and functioning. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. Keywords: COPD; Physical activities; Nutrition; Nutritional rehabilitation
∗
Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (F. Costes).
http://dx.doi.org/10.1016/j.nupar.2014.10.004 0985-0562/© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
1. Introduction La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) se définit par une diminution progressive et irréversible des débits aériens, liée à une inflammation chronique des bronches. La BPCO est maintenant reconnue comme une maladie systémique touchant de nombreux organes, dont le muscle squelettique [1]. La tolérance à l’effort est donc réduite par la limitation ventilatoire et la dyspnée associée, mais aussi par le mauvais fonctionnement des muscles locomoteurs. Néanmoins, l’activité physique régulière est reconnue bénéfique à l’état de santé des patients [2]. Alors que l’état nutritionnel des patients BPCO a longtemps été négligé, hormis la prise en charge de l’historique cachexie au stade terminal de l’insuffisance respiratoire chronique, des recherches récentes ont montré les liens entre l’état nutritionnel des patients et leurs aptitudes physiques ainsi que le bénéfice d’interventions nutritionnelles plus ou moins couplées à une réhabilitation respiratoire. Cette revue fait le point des avancées récentes concernant les relations entre l’activité physique et l’état nutritionnel dans cette maladie. 2. État nutritionnel dans la BPCO 2.1. Rôle de l’hypoxie et de l’inflammation chronique L’hypoxie chronique et l’inflammation de bas grade sont des états fréquemment retrouvés dans la BPCO. L’hypoxie tissulaire induit une production accrue de radicaux libres et une stimulation du facteur HIF-1 qui perturbent le fonctionnement cellulaire et, en particulier celui des mitochondries et de nombreux systèmes enzymatiques [3,4]. Par ailleurs, l’hypoxie réoriente le métabolisme vers une utilisation préférentielle des hydrates de carbone, associée à une résistance à l’insuline [5]. Une augmentation du taux plasmatique de TNF-␣ ou d’IL-6 a été mise en évidence chez des patients avec perte musculaire [6]. L’action de TNF-␣ sur le muscle est double : • en stimulant NFB il induit une protéolyse via la voie de l’ubiquitine/protéasome ; • il inhibe la biogenèse mitochondriale et le métabolisme oxydatif par action directe sur la voie PGC1-␣/PPAR, et il induit une transition de la typologie des fibres musculaires de I à II [7–9]. La disponibilité en acides aminés (AA), comme les acides aminés branchés, est également importante pour stimuler la synthèse protéique musculaire. Après l’absorption gastrique, une extraction splanchnique permet de contrôler la quantité d’AA disponibles pour l’anabolisme musculaire. Or, il a été récemment montré que cette extraction splanchnique était diminuée chez les patients BPCO par rapport à des sujets témoins, mais ne permettait pas de compenser le turn-over augmenté de ces AA (le taux plasmatique restant similaire à celui des sujets témoins). Ces résultats suggèrent une diminution de l’absorption intestinale, liée à l’état inflammatoire chronique retrouvé chez les patients BPCO [10].
337
En somme, chez le patient BPCO il existe un contexte susceptible de modifier l’utilisation des nutriments et de perturber le métabolisme énergétique pouvant conduire à une perte de masse maigre. 2.2. Dépense énergétique dans la BPCO Une diminution des apports caloriques a été montrée pendant les exacerbations de la maladie ou chez des patients très dyspnéiques, chez qui la déglutition et la digestion provoquent une désaturation en oxygène et aggravent la dyspnée. En dehors de ces situations, il ne semble pas exister d’anorexie dans la BPCO et les apports caloriques ont été retrouvés inchangés [11] ou augmentés chez les patients dénutris [12]. Par contre, la dépense énergétique [13] et le turn-over protéique sont augmentés chez les BPCO dénutris [14,15]. Cette augmentation paradoxale de la dépense énergétique est liée à la diminution du rendement musculaire périphérique, conséquence de la modification de la typologie musculaire vers des fibres IIb glycolytiques [16] et du rendement des muscles respiratoires. Le changement de la conformation du diaphragme et l’augmentation du travail respiratoire liée à l’obstruction bronchique sont des facteurs d’augmentation de la dépense énergétique notamment chez les patients avec emphysème et une distension pulmonaire marquée tant au repos qu’à l’effort. Une illustration de ce phénomène a été fournie récemment chez des emphysémateux après chirurgie de réduction pulmonaire, montrant une diminution de la dépense énergétique associée à la réduction de la distension pulmonaire et à une prise de poids significative [17]. La BPCO se caractérise donc par un état hypermétabolique pouvant expliquer la perte de poids et/ou de masse maigre si les apports sont insuffisants. 2.3. Évaluation et phénotypes des patients selon la composition corporelle La prévalence de la dénutrition est variable selon le paramètre utilisé pour la définir. En utilisant un indice de masse corporelle (IMC) inférieur à 20 kg/m2 , Hallin et al. [18] ont retrouvé 19 % de leurs patients dénutris et Thibault et al. [12] 14 %. Dans une cohorte multicentrique hollandaise de 389 BPCO en état stable, une prévalence de dénutrition (indice de masse maigre FFMI [masse maigre/taille2 ] inférieur à 17 kg/m2 chez les hommes et à 15 kg/m2 chez les femmes) de 27 % était retrouvée [19], plus fréquente chez les femmes, et indépendamment de la sévérité de la maladie. Par contre, selon le stade GOLD, une diminution du FFMI était retrouvée chez 4 à 35 % des 1898 patients de la Copenhagen Heart Study, avec une fréquence pouvant atteindre 50 % dans la classe 4 de Gold [20]. Au stade d’insuffisance respiratoire chronique, la dénutrition peut concerner jusqu’à 75 % des patients avec BPCO [21,22]. La prévalence d’une perte de masse maigre est plus fréquente chez les patients emphysémateux. Une mesure directe de la composition corporelle est donc recommandée dans la BPCO [23] ; elle permet notamment d’identifier un sous-groupe de patients ayant un poids normal mais une perte de masse maigre : 26 % dans l’étude de Vestbo et al. [20], et 15 % dans l’étude de Vermeeren et al. [19]. Le suivi de la composition
338
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
corporelle pendant sept ans a mis en évidence un déclin de masse maigre plus rapide que celui de la masse grasse [24]. Enfin, la diminution de masse maigre est plus souvent reliée à une ostéoporose dont la fréquence varie (de 9 à 69 % selon les séries) avec la sévérité de la maladie et la prise orale de corticoïdes. Une obésité est également de constatation fréquente chez les patients BPCO, 2 fois plus fréquente que dans la population générale [25,26], intéressant surtout les stades légers de la maladie. Il a été montré une redistribution de la graisse souscutanée vers le compartiment viscéral [27,28]. Ceci expliquerait l’augmentation du risque et des comorbidités cardiovasculaires dans la BPCO [29,30]. L’identification de ces modifications de composition corporelle est essentielle dans la prise en charge de la BPCO puisque la diminution de la masse maigre [20,31] ou du volume du quadriceps [32] est associée à un pronostic péjoratif. Deux larges études récentes ont également montré que l’IMC et le FFMI permettaient de différencier des phénotypes de patients ayant un pronostic différent [30,33]. La Fig. 1 résume les différents phénotypes de patients selon leur composition corporelle et les facteurs expliquant sa modification. Le terme sarcopénie, initialement réservé au processus de vieillissement, est désormais admis dans les maladies chroniques, dont la BPCO [34]. La sarcopénie se définit comme une perte de masse musculaire (FFMI inférieur à 17 [homme] ou à 15 [femme] kg/m2 , ou une diminution de la masse musculaire appendiculaire si une mesure de DEXA est réalisée) associée à une diminution de la force musculaire ou de la capacité d’exercice [35]. Une diminution de force musculaire ou d’aptitude physique sans diminution de la masse musculaire définit l’état de présarcopénie. La diminution de masse grasse associée conduit à la cachexie. En cas d’obésité (IMC supérieur à 30 kg/m2 ) préexistante à l’installation de la maladie chronique ou d’excès d’apport alimentaire, la diminution de la masse maigre associée à l’augmentation de la masse grasse aboutit à un état d’obésité sarcopénique. Même si la diminution de force musculaire ne suit pas exactement celle de
la masse maigre, la capacité d’exercice peut donc être atteinte dans ces états avec réduction de la masse musculaire. Le risque cardiovasculaire lié à l’accumulation du tissu adipeux est augmenté en cas d’obésité plus ou moins associée à une sarcopénie. Ceci concourt à augmenter la morbidité et la mortalité en cas de modification de la composition corporelle dans la BPCO, soulignant la nécessité de mesurer la masse maigre de fac¸on précise (impédancemétrie ou absorptiométrie biphotonique) chez ces patients. 3. Évaluation et déterminants de l’activité physique dans la BPCO 3.1. Atteinte dès le stade précoce de la maladie La mesure précise des activités physiques par actimétrie a permis de mieux identifier la quantité d’activités physiques réalisées par les patients BPCO dans la vie quotidienne (APQ), mais aussi leur intensité [36–38]. L’actimétrie consiste à enregistrer les mouvements corporels, en durée et en intensité de dépense énergétique, grâce à un accéléromètre plus ou moins couplé à une mesure de fréquence cardiaque ou de flux de chaleur. On a ainsi pu mettre en évidence une diminution des APQ des patients BPCO dès le stade précoce de la maladie (stade II de Gold). Watz et al. [39] ont mesuré un nombre de pas significativement réduit chez ces patients par rapport à des sujets sans obstruction bronchique (fumeurs sans obstruction bronchique). Cette réduction des APQ est d’autant plus marquée que la sévérité de l’obstruction bronchique est importante. Dans une cohorte de sujets issus du National Health and Nutrition Evaluation Survey, Park et al. [40] ont retrouvé une diminution de la durée moyenne des APQ par rapport aux sujets de même âge n’ayant pas de BPCO. La sédentarité était plus marquée et la durée moyenne des AP d’intensité moyenne à vigoureuse était de 6,4 minutes par jour contre 12,2 minutes pour les sujets sans BPCO. Cette durée et cette intensité des AP étaient très
Fig. 1. Différents phénotypes métaboliques avec le vieillissement et les maladies chroniques conduisant aux modifications de composition corporelle. D’après Biolo et al. [34] avec permission.
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
en-dessous des recommandations de santé publique dans la population générale. Parmi les facteurs explicatifs de la sédentarité, l’analyse retrouvait l’âge, le sexe féminin et l’augmentation de l’IMC (déjà à 29 kg/m2 en moyenne dans cette population Nord Américaine). La relation entre les APQ et l’IMC n’a pas été retrouvée dans d’autres études avec des populations européennes [41,42], sans doute en rapport avec un IMC plus bas dans ces études. Ainsi, l’IMC et le FFMI n’étaient pas significativement différents selon l’importance de la dépense énergétique quotidienne évaluée par questionnaire dans une cohorte multicentrique espagnole, mais étaient déterminés par la capacité de diffusion pulmonaire (donc l’importance de l’emphysème) et l’existence d’une inflammation chronique [43]. Néanmoins, une méta-analyse très récente conclut à un faible niveau de preuve des différents déterminants de l’activité physique retrouvés dans la littérature [44]. La conséquence de cette réduction des APQ est une augmentation du risque d’hospitalisation pour exacerbation de la maladie ou une diminution de la survie par rapport aux patients conservant une activité physique régulière [45,46]. Waschki et al. [47] ont conclu que l’activité physique était le facteur prédictif de mortalité le plus puissant dans la BPCO.
339
fréquente mais n’est pas influencée par l’index de masse maigre des patients [53]. De même, Natanek et al. [54] ont montré à partir d’analyses de biopsies du quadriceps que la diminution de DM6 ou de la consommation d’oxygène au pic de l’exercice (VO2 pic) n’était pas liée à l’atrophie des fibres (elle-même indépendante de l’index de masse maigre) mais à la transition de la typologie des fibres (I vers II). Enfin, l’effet de l’obésité sur la capacité d’exercice met en évidence des effets différents selon le type d’exercice. Pour les exercices comme le pédalage sur cyclo-ergomètre, on ne retrouve pas de diminution de la tolérance des patients BPCO obèses par rapport à ceux ayant un poids normal alors que DM6 est significativement réduite [55,56]. Chez les patients obèses, il existe des déterminants spécifiques de la capacité d’exercice puisque les relations négatives entre DM6 et l’IMC ou VO2 pic et le score de dyspnée ne sont retrouvées que chez les patients ayant un IMC supérieur à 30 kg/m2 [57]. Au total, la diminution de la masse maigre peut avoir un impact individuel sur la capacité d’exercice des patients BPCO, mais les études à plus grande échelle ne retrouvent pas ce facteur comme déterminant solide des performances physiques, et des études sont encore nécessaires pour mieux distinguer différents phénotypes de patients.
3.2. Impact de la dénutrition et de la diminution de la masse musculaire sur la capacité d’exercice L’importance de la diminution des capacités d’exercice des patients BPCO est mal expliquée par le degré d’obstruction bronchique, qui représente encore l’index de sévérité de la BPCO le plus utilisé. Par contre, la tolérance à l’exercice est fréquemment réduite chez les patients présentant une diminution de masse maigre ou une cachexie [48] mais la relation entre capacité d’exercice et état nutritionnel n’est pas encore claire. Ainsi, dans l’étude ECLIPSE, cohorte multicentrique européenne incluant 1795 patients, l’IMC et FFMI étaient similaires entre les patients ayant une distance de marche en 6 minutes (DM6) inférieure à 350 mètres et les autres ; en conséquence, les auteurs concluaient que la masse maigre n’était pas un déterminant significatif de la diminution de la distance de déambulation [49]. À l’inverse, d’autres équipes ont montré que la masse musculaire (et en particulier la masse maigre appendiculaire) prédisait la distance parcourue au test de marche de 6 minutes [50,51]. Andersson et al. [52] ont retrouvé que la vitesse de marche, la force musculaire du quadriceps et le FFMI contribuaient faiblement (20 % pour ces trois facteurs) à la variance de l’activité physique journalière mesurée par actimétrie. La moitié des patients inclus dans cette étude étaient considérés comme dénutris (diminution de FFMI) ; il se peut donc que le faible et inconstant effet prédictif de la masse maigre sur les capacités d’exercice dans la BPCO reflète le pourcentage de patients dénutris inclus dans ces études. L’amyotrophie du quadriceps s’accompagne d’une diminution de la force maximale volontaire de ce muscle, mais quand elle est rapportée à la masse musculaire la force du quadriceps n’est pas différente de celle de sujets sans amyotrophie. La diminution de l’endurance à l’exercice du quadriceps est
3.3. Effets de la réhabilitation respiratoire sur la capacité d’exercice Le bénéfice d’un ré-entraînement à l’effort chez le patient BPCO dans le cadre d’une réhabilitation respiratoire a été régulièrement évalué par des méta-analyses et il existe un niveau d’évidence élevé d’amélioration de la tolérance à l’effort [2]. En particulier, la vitesse de déambulation lors du test de 6 minutes augmente en moyenne de 50 m (excédant la différence cliniquement significative de 25 à 35 m). La capacité maximale d’exercice sur cyclo-ergomètre augmente de fac¸on plus modérée avec un gain de huit à douze watts de la puissance maximale atteinte et un gain de 10 à 20 % de VO2 pic. À l’exercice d’intensité modérée, on enregistre une diminution de la ventilation minute et de la fréquence ventilatoire et en corollaire, une moindre hyperinflation pulmonaire d’exercice et donc une mécanique ventilatoire plus favorable. Ces adaptations expliquent la diminution constante de la sensation de dyspnée à l’exercice. L’endurance à l’exercice (marche ou pédalage) est constamment augmentée de l’ordre de 80 %. Cette amélioration de la tolérance à l’exercice va de pair avec une meilleure qualité de vie objectivée sur des questionnaires spécifiques de la maladie et une amélioration d’un index pronostic composite incluant l’IMC, le VEMS, le score de dyspnée et la vitesse au DM6 (index BODE, Body Obstruction Dyspnea Exercise). On ne retrouve par contre aucun effet sur la fonction pulmonaire et le niveau d’évidence est faible pour une amélioration de la survie. Cet effet bénéfique persiste si le patient conserve une activité physique régulière mais disparaît sinon, avec une perte en trois à six mois des gains de tolérance à l’effort et en 12 mois de qualité de vie.
340
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
4. Interventions nutritionnelles Comme d’autres maladies chroniques, la BPCO est caractérisée par une forte prévalence d’anomalies de la composition corporelle, cachexie [58], sarcopénie et de plus en plus souvent obésité. Ces anomalies reflètent des interactions complexes gènes – environnement et conduisent à un statut fonctionnel dégradé, relativement indépendant du niveau de déficience de la fonction respiratoire et des échanges gazeux [59]. Les interventions nutritionnelles sont de mieux en mieux codifiées en cas de perte de poids, de maigreur tandis que des données et recommandations spécifiques sont beaucoup plus rares pour les patients avec BPCO compliquée d’obésité. L’objectif est fondamentalement d’augmenter l’autonomie des patients et singulièrement leurs APQ [2,23], facteur indépendant du pronostic vital [46].
4.1. Impact sur la performance et les activités physiques Après des décennies de scepticisme [60], les interventions nutritionnelles, principalement sur la base de compléments nutritionnels oraux (CNO) visant à restaurer la masse maigre, sont près d’être acceptées après deux méta-analyses positives rapportées en 2012, dont une [61] comportant 13 études [11,62–72] incluant 439 patients, jusqu’au 7 janvier 2010 et l’autre [73] 17 études [11,62–64,66–72,74–79] incluant 632 patients, jusqu’au 28 avril 2012. Dans la méta-analyse de Collins et al. [61], treize essais randomisés de soutien nutritionnel à type de conseils diététiques une fois, de CNO 11 fois et d’une nutrition entérale une fois, ont été identifiés. La quantité moyenne en protéines et en énergie a augmenté respectivement de 14,8 g et 236 kcal par jour avec un soutien nutritionnel. La méta-analyse a également montré une plus grande amélioration du poids corporel avec le soutien nutritionnel de 1,94 ± 0,26 kg (p < 0,001) sans que soit démontré de gain fonctionnel en dehors d’une augmentation modeste de la force de préhension dans quatre études chez 156 sujets. Trois études ont fourni un appui nutritionnel dans le cadre d’un programme de réadaptation à l’effort [69,70]. Les différences avec les métaanalyses antérieures négatives [60,73] s’expliquent en grande partie par une ré-analyse des données avec la prise compte, d’une part, des différences d’état nutritionnel entres les groupes avant intervention par rapport aux groupes témoins et, d’autre part, des modifications de l’état nutritionnel induites par les interventions comparées à celles observées dans les groupes témoins. La méta-analyse de Ferreira et al. [73] a montré chez les patients souffrant de dénutrition, n = 325 dans 11 études [62–64,66–69,71,72,76,79], un gain de poids statistiquement significatif de 1,65 kg [IC95 % : 0,14–3,16 kg] en faveur de la complémentation. L’analyse des changements de poids par rapport aux valeurs de base montrait une amélioration significative de 1,62 kg [IC95 % : 1,27–1,96 kg] avec la complémentation dans 14 des 17 études [62–70,72,76,77,79]. Cinq études regroupant 287 patients ont montré avec le soutien nutritionnel une amélioration significative par rapport aux valeurs de base du FFMI de 0,57 kg/m2 [IC95 % : 0,04–1,09] [69,76,79]. L’effet était supérieur chez les patients dénutris. Enfin, on notait un
changement de DM6 de 40 m [IC95 % : 22,7–57,3] dans quatre études [62,63,76,77,80]. À ce jour, de fac¸on assez étonnante, voire navrante, on ne dispose pas d’études d’interventions nutritionnelles sur les modifications des activités physiques quotidiennes telles qu’elles peuvent être mesurées par actimétrie par exemple. Les recommandations nutritionnelles pour les patients souffrant de malnutrition sont basées sur des études en aigu [81] et à moyen terme jusqu’à 24 mois maximum [73] en tenant compte de l’énergie nécessaire et la composition des CNO [82,83] et, plus largement, des recommandations génériques pour la sarcopénie [84]. En bref, un apport énergétique à 1,3 fois la dépense énergétique de repos (DER) est préférable à un apport à 1,7 fois DER chez les patients avec BPCO stable [82]. Les CNO doivent être à prédominance glucidique et enrichis en protéines (20 % de l’énergie totale) et en antioxydants. En outre, la qualité des protéines est également à considérer puisque les protéines de lactosérum, avec une quantité relativement élevée de cystéine, semblent plus efficaces. Enfin le volume des CNO doit être réduit afin de limiter l’accroissement du volume gastrique, ce qui peut compromettre les mouvements du diaphragme et provoquer une dyspnée postprandiale [82]. Ainsi, une complémentation de 125 mL trois fois par jour pendant huit semaines semble avoir une efficacité supérieure sur la prise de poids à un apport de composition similaire de 200 mL donnés trois fois par jour. Ceci s’explique aussi par la constatation que beaucoup de patients prennent les CNO au moment des repas au lieu de les prendre en collation comme cela leur a été prescrit [82]. 4.2. Réhabilitation nutritionnelle Dès lors que la dénutrition au cours de la BPCO relève de multiples mécanismes [85], les interventions nutritionnelles seules ne peuvent corriger toutes les anomalies liées à ces phénotypes complexes. L’European Respiratory Society (ERS), l’American Thoracic Society (ATS) dans des recommandations conjointes en 2006 et 2013, et la Société franc¸aise de pneumologie (SPLF) en 2010, ont recommandé la mise en œuvre d’interventions nutritionnelles dans le cadre de la réhabilitation respiratoire pour traiter et/ou prévenir la dénutrition et obtenir de meilleurs résultats chez tous les patients avec BPCO et singulièrement chez les patients dénutris [2,23,86]. Ces recommandations franc¸aises sont données dans le Tableau 1. Progressivement, ces recommandations sont passées d’opinions d’experts [86] à des recommandations fondées sur des essais contrôlés. À cet égard, parmi les 13 études d’interventions nutritionnelles sélectionnées pour la première méta-analyse de Collins et al. en 2012 [61], seulement trois interventions nutritionnelles étaient conduites dans un contexte de réhabilitation respiratoire [11,69,70]. Elles ont montré des améliorations significatives du poids et de la tolérance à l’effort par rapport aux dix autres études, confirmant la supériorité de ces interventions multimodales [61]. Dans la méta-analyse de la Cochrane 2012 [73], la question d’une complémentation orale combinée à la réhabilitation respiratoire par rapport à la complémentation orale seule a été analysée. Les cinq essais, qui ont inclus le ré-entraînement à l’effort [69,70,76,77,79], ont rapporté un
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347 Tableau 1 Recommandations de la Société de pneumologie de langue franc¸aise (SPLF) 2009 [23]. Une évaluation nutritionnelle est nécessaire au cours de la réhabilitation respiratoire des BPCO car elle participe à la définition du pronostic fonctionnel et vital ; G1+a L’évaluation nutritionnelle du BPCO comporte une histoire du poids sur les six derniers mois et un calcul de l’indice de masse corporelle (IMC) ; G1+ Un IMC inférieur à 21 engage le pronostic vital ; G1+ Une impédancemétrie est utile pour dépister une baisse de la masse maigre chez les patients dont l’IMC est compris entre 21 et 26 ; G1+ Il ne faut pas chercher à faire maigrir les BPCO ; G1− Le ré-entraînement par l’exercice implique de fac¸on systématique l’augmentation des apports nutritionnels, en particulier en cas de dénutrition, c’est-à-dire en cas d’IMC inférieur à 21, de perte de poids de 10 % dans les six derniers mois ou d’indice de masse maigre inférieur au 25e percentile ; G1+ Une complémentation orale couplée au ré-entraînement à l’effort est recommandée car elle est capable d’augmenter le poids et la masse maigre chez les BPCO dénutris ; G1+ G1 : « recommandation forte » ; G2 : « recommandation faible » ; + : « il est recommandé de » ; − : « il est recommandé de ne pas ». a Niveau de preuve et force des recommandations inspirés de la méthodologie GRADE.
changement statistiquement significatif du poids de 1,80 kg [IC95 % : 1,28–2,33 kg], par rapport aux neuf essais avec une complémentation orale seule où le gain de poids n’était que de 1,48 kg [IC95 % : 1,03–1,93 kg]. Dans les trois essais qui n’ont inclus que des patients dénutris [69,76,80], l’association du soutien nutritionnel au ré-entraînement à l’effort induit une plus grande prise de poids comparée à celle obtenue avec le soutien nutritionnel seul (2,31 kg [IC95 % : 1,09–3,36] contre 1,51 kg [IC95 % : 1,02–2,00]). Ces données montrent donc un effet anabolisant supplémentaire de l’exercice et l’importance de l’activité physique pour les patients atteints de BPCO. 4.3. Autres interventions à visée ergogénique Outre le ré-entraînement à l’effort, pierre angulaire de la réhabilitation respiratoire, et en association à une complémentation nutritionnelle, de nombreuses interventions ont fait leur preuve pour améliorer l’état nutritionnel des patients BPCO dénutris et à risque de dénutrition. Citons : l’arrêt du tabac [87], le contrôle de l’infection, la correction de l’hypoxémie et/ou de l’hypercapnie avec l’oxygénothérapie de longue durée et/ou la ventilation non invasive [88], la réduction du volume pulmonaire [89] ou la réduction de l’hyperinflation statique et dynamique par les broncho-dilatateurs à longue durée d’action [87]. De plus, l’administration d’autres substances a montré un effet bénéfique sur l’état nutritionnel et la capacité d’exercice. Ainsi, les acide gras poly-insaturés type oméga-3 potentialisent les effets de la réhabilitation. L’étude menée par Broekhuizen et al. [90] a montré qu’une dose orale de neuf grammes d’oméga3 à prendre chaque jour pendant huit semaines combinée à un ré-entraînement à l’effort améliorait les capacités d’exercice de fac¸on plus marquée par rapport au groupe bénéficiant d’un ré-entraînement seul [90], sans néanmoins de modulation de l’inflammation systémique. Dans une petite série, Sugawara
341
et al. [76] ont montré qu’un support nutritionnel enrichi en oméga-3, en association avec un exercice de faible intensité améliorait le poids, la capacité d’exercice et la qualité de vie, et diminuait la protéine C réactive (CRP) et la concentration plasmatique d’IL-6, IL-8 et TNF-␣, alors que ces marqueurs inflammatoires augmentaient dans le groupe témoin. Laviolette et al. [91] ont apporté pendant 16 semaines du lactosérum chez des patients BPCO et ont observé une amélioration de la capacité d’exercice (temps d’endurance de pédalage), de la fatigue et du contrôle des émotions, sans changement de la fonction musculaire du quadriceps, des marqueurs inflammatoires (CRP et IL-6), ou du niveau d’oxydation des protéines. Inversement, dans l’étude de Sugarawa et al. [77], la supplémentation en peptides du petit-lait associée à de l’exercice de faible intensité a permis de diminuer la CRP ainsi que différentes cytokines pro-inflammatoires (IL-6, IL-8 et TNF-␣). Les écarts dans les résultats obtenus dans ces deux études pourraient être liés à des différences dans l’intensité de l’exercice et à l’hétérogénéité des populations. L’administration d’acides aminés essentiels pendant 12 semaines chez des patients BPCO sévères a provoqué une augmentation impressionnante de la masse maigre de 3,6 kg avec une amélioration significative de la qualité de vie et de l’activité physique (nombre de pas journaliers) [92]. Cet effet positif a été confirmé par Baldi et al. [93]. D’autres aides ergogéniques telles que la créatine [94], la L-carnitine [95] ont permis une amélioration de la composition corporelle et de la tolérance à l’effort. Un stimulant de l’appétit comme l’acétate de mégestrol a été également testé dans la BPCO avec à la clé une augmentation de la masse maigre sans amélioration du temps d’endurance ou de la qualité de vie [96]. Néanmoins, un essai randomisé est en cours testant l’association d’acétate de mégestrol et de testostérone chez des patients BPCO cachectiques (R. Casaburi, communication personnelle). De la même manière, l’hormone de croissance a donné lieu à une amélioration de mesures anthropométriques, mais pas de la capacité d’effort [97]. La supplémentation en androgènes a donné lieu à de nombreuses études, voir Samaras et al. [98] pour revue. En effet, la BPCO est souvent une affection systémique dont l’expression clinique et fonctionnelle concerne préférentiellement des populations d’hommes et de femmes vieillissantes. L’âge des patients, un état inflammatoire systémique de bas grade, une hypoxémie intermittente ou chronique, associés à des comorbidités rendent assez bien compte d’un risque élevé d’hypogonadisme central. Six essais cliniques randomisés ont été publiés dans la BPCO entre 1998 et 2011 [99–104]. Globalement les études rapportent des résultats positifs en termes de concentration plasmatique d’androgènes, de force musculaire, sans amélioration de VO2 pic, ou de la qualité de vie avec, dans deux études, une augmentation du risque d’exacerbations [100,102]. Les effets sur la tolérance à l’effort et l’endurance, voire la qualité de vie ne sont significatifs que lorsque les androgènes sont couplés à la réhabilitation respiratoire [98–100,102]. Enfin, dans une étude randomisée en double insu chez 20 patients avec une BPCO sévère et dénutris, l’administration pendant trois semaines de ghréline en intraveineux, à la
Caractéristiques des patients, contexte
Dessin expérimental
n, groupe supplémenté/groupe contrôle, intervention
Critères de jugements Résultats
Schols, 1995 [69]
BPCO modérés à sévères, dénutris et non dénutris, en centre
Étude prospective, randomisée, double insu, 3 bras, contrôlée, 8 semaines avec réhabilitation pulmonaire pour tous, en centre
217, 2 analyses : dénutris et non dénutris, nutrition vs nutrition + placebo vs nutrition + undécanoate nandrolone
Poids, composition corporelle, force des muscles respiratoires ↑ poids, MM, force des muscles respiratoires chez les dénutris, avec intervention nutritionnelle avec un effet plus marqué sur la MM et la force des muscles respiratoires si les androgènes sont ajoutés
Burdet, 1997 [97]
VEMS 39 ± 13 % th., 77 ± 7 % du poids idéal th., ambulatoire
3 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
16, 8/8, injection sous-cutanée de 0,15 IU/kg rhGH
Statut nutritionnel, métabolisme de repos, force musculaire, tolérance à l’effort, dyspnée à 3 semaines et 2 mois ↑ MM chez les dénutris mais déclin DM6
Ferreira, 1998 [101]
IMC < 20, PImax < 60 % th., ambulatoire
27 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
17, 7/10, 250 mg de testostérone IM à j1 et 12 mg de Stanozolol oral/j
IMC, MM, mesures anthropométriques, force des muscles respiratoires, et capacité fonctionnelle à l’effort ↑ IMC, MM et des mesures anthropométriques des bras et circonférences des cuisses
Creutzberg, 2003 [108]
BPCO dénutris, ambulatoires
8 semaines étude prospective, contrôlée avec groupe témoin historique, avec réhabilitation
69/28, supplémentation orale 570 kcal/j
Poids, composition corporelle, fonction pulmonaire, force de préhension manuelle, forces des muscles respiratoires, test d’effort maximal, qualité de vie ↑ poids, MM, force de préhension manuelle, force des muscles respiratoires
Creutzberg, 2003 [100]
VEMS < 70 % th., en centre
8 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
63, 33/30, 50 mg de nandrolone décanoate IM
Composition corporelle, fonction musculaire, capacité d’exercice, statut de santé, paramètres érythropoïèse ↑ MM fonction musculaire et capacité d’exercice ; les androgènes contrecarrent les effets des corticoïdes systémiques
Steiner, 2003 [70]
BPCO dénutris et non dénutris, ambulatoire
7 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
85, 42/43, supplémentation orale, 570 kcal/j
Poids, composition corporelle, qualité de vie, force du quadriceps, force de préhension manuelle, test de la navette ↑ test de la navette et qualité de vie
Casaburi, 2004 [99]
VEMS < 60 % th., ambulatoire
8 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation dans 2 des 4 groupes
47, 100 mg/semaine énanthate de testostérone dans huile de sésame
Poids, composition corporelle, force muscle respiratoire ↑ MM
8 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
102, 51/51, AGPI 9 g./j, supplémentation orale 570 kcal/j si perte de poids ou dénutrition
Composition corporelle, test d’effort incrémental sur cyclo-ergomètre, test d’effort sous maximal sur cyclo-ergomètre, force isocinétique du quadriceps et marqueurs inflammation ↑ puissance pic effort, temps d’endurance sous maximal, pas de modification des paramètres de l’inflammation
12 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
38, 20/18, supplémentation créatine
MM, force des muscles périphériques, endurance à l’exercice et statut de santé ↑ tous paramètres à l’exception de la capacité d’exercice
Broekhuizen, 2005 [90]
Fuld, 2005 [94]
BPCO modérés à sévères, ambulatoires
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
Auteur, année
342
Tableau 2 Études nutritionnelles combinant des stimuli anabolisants et une réhabilitation pulmonaire chez des patients avec broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO).
Tableau 2 (Suite) Caractéristiques des patients, contexte
Dessin expérimental
n, groupe supplémenté/groupe contrôle, intervention
Critères de jugements Résultats
Faager, 2006 [109]
BPCO avec VEMS < 70 % th., ambulatoire
étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
23, 13/10, supplémentation créatine
Capacité d’exercice, fonction respiratoire Aucune amélioration significative
Borghi-Silva, 2010 [95]
BPCO modérés à sévères, ambulatoires
6 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
16, 6/6, L-carnithine 2 g orale/j
Statut nutritionnel, exercice tolérance à l’effort sur tapis, DM6, lactate sang, fréquence cardiaque, pression artérielle et force des muscles respiratoires Lactate sang, pression artérielle, saturation oxygène et fréquence cardiaque plus bas à niveau d’effort identique. Force musculaire inspiratoire et test de marche améliorés
Baldi, 2010 [93]
BPCO, perte de poids > 5 % sur les 6 derniers mois
12 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation
28, 14/14, 4 g. ×2/j d’acides aminés essentiels branchés
Poids, MM ↑ poids, MM, et corrélation entre MM et changements CRP, PaO2 et insulinémie à jeun dans les 2 groupes
Laviolette, 2010 [91]
BPCO
16 semaines, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation les 8 dernières semaines
22, 11/11, petit-lait quotidien
TEC, force du quadriceps potentialisée, section de la cuisse, CRQ, CRP ; IL-6, balance oxydants/antioxydants Amélioration spécifique à la semaine 16 du TEC, CRQ ; pas de modification de l’inflammation systémique et du niveau de stress oxydatif
Sugawara, 2010 [76]
BPCO modérées à sévères, dénutris, ambulatoire, à domicile
3 mois, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation à faible intensité
32, 16/16, CNO 400 kcal l/j, 60 % carbohydrates, 25 % lipides, et 15 %, oméga-3 AGPI 0,6 g, vitamine A 248 mg
Poids et composition corporelle, apports énergétiques, PImax, PEmax, DM6, force quadriceps, DER, CRP, TNF-␣, IL-6, IL-8 Amélioration de tous les paramètres
van Wetering, 2010 [80]
BPCO, VEMS 60 ± 16 % th., Pmax < 70 % th., dénutris et non dénutris, ambulatoire, à domicile
4 mois plus 20 mois ; étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation multidisciplinaire
199, 100/99, 39 sujets dénutris étaient randomisés pour CNO de 570 kcal/j
QRSG, dyspnée score MRC, temps d’endurance à puissance d’exercice constante, DM6, force des muscles respiratoires, perception de l’efficacité des interventions par les patients et les dispensateurs de soins Amélioration de tous les paramètres aux mois 4 et 24
Pison, 2011 [102]
Insuffisants respiratoires à domicile sous oxygène au long cours et/ou ventilation non invasive, à domicile
3 mois, étude randomisée, contrôlée avec un suivi à 1 an
122, 60/62, éducation thérapeutique + réhabilitation + androgènes oraux + compléments nutritionnels oraux 570 kcal/j versus éducation thérapeutique seule
DM6, CRQ, composition corporelle, capacité d’effort, fréquence exacerbation, survie Amélioration de tous les paramètres, dont qualité de vie chez les femmes, survie en per-protocole, excepté DM6
Sugawara, 2012 [77]
BPCO modérés à sévères chez des patients âgés, poids < 110 % poids idéal th., interventions à domicile
3 mois, étude prospective randomisée, double insu, contrôlée avec réhabilitation à faible intensité
34, 17/14, 400 kcal/j, protéines 20 % ; lipides 25 % ; hydrates de carbones 53,2 % ; fibres alimentaires 1,8 % ; peptides du petit-lait avec effets anti-inflammatoires et antioxydants, AGPI n-3 (n-6:n-3, 2:1), enrichi en vitamines A, C et E
Poids, composition corporelle, apport énergétique, Alb, CRQ, PImax, PEmax, DM6, force quadriceps, DER, CRP, TNF-␣, IL-6, IL-8 Amélioration de tous les paramètres
343
AGPI : acides gras poly-insaturés ; CNO : complément nutritionnel oral ; CRP : protéine C réactive ; CRQ : questionnaire respiratoire chronique, questionnaire de qualité de vie spécifique de la BPCO ; DER : dépense énergétique de repos ; DM6 : distance parcourue en 6 minutes ; IM : intramusculaire ; IMC : indice de masse corporelle ; MM : masse maigre ; MRC : Medical Research Council, stratification de l’importance de la dyspnée ; PEmax : pression expiratoire maximale ; PImax : pression inspiratoire maximale ; QRSG : questionnaire respiratoire de Saint-Georges, questionnaire de qualité de vie spécifique de la BPCO ; rhGH : hormone de croissance recombinante humaine ; TEC : temps d’endurance sur cyclergomètre ; th : valeur théorique.
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
Auteur, année
344
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
posologie de 2 g/kg par jour, a montré des effets remarquables sur la tolérance à l’effort et les paramètres cardio-respiratoires à l’effort avec une diminution de la dyspnée. 4.4. Réhabilitation multimodale L’objectif de la réhabilitation multimodale est d’établir un programme des différentes composantes de soins, autogestion, exercice, nutrition dans lequel plusieurs acteurs de santé, infirmières, médecins généralistes, kinésithérapeutes et pneumologues, collaborent pour assurer de manière efficace des soins de qualité [105]. Une méta-analyse Cochrane de 2013 a évalué l’efficacité d’une réhabilitation multimodale, impliquant au moins deux acteurs de santé et au moins deux composantes, sur la qualité de vie, la tolérance à l’effort et la fréquence des exacerbations [105]. Un total de 26 essais cliniques randomisés a été inclus impliquant 997 patients provenant de 11 pays différents avec un suivi variant de trois à 24 mois. Dans 68 % des cas les patients étaient des hommes avec un âge moyen de 68 ans et un VEMS à 44,3 % des valeurs théoriques. Les patients pris en charge via une réhabilitation multimodale ont amélioré de manière significative leur qualité de vie et leur DM6 de 44 m par rapport aux témoins. En outre, le nombre de patients hospitalisés plus d’une fois pour exacerbation a été réduit de 27 à 20 pour 100 patients avec une diminution significative de près de quatre jours de la durée des hospitalisations [105]. Le Tableau 2 montre les résultats des interventions multimodales nutritionnelles dans la BPCO et l’insuffisance respiratoire chronique. Pourtant, un nombre important de patients (jusqu’à 30 %) ne répondent pas à la complémentation nutritionnelle, et différentes causes de résistance à cette intervention ont été évoquées, parmi lesquelles l’inflammation systémique [106] et un contrôle épigénétique lié à l’hypoxie [107]. 5. Conclusions La BPCO est une maladie générale qui s’intègre dans un « syndrome chronique systémique inflammatoire ». En cas de dénutrition, définie par un IMC inférieur à 21 le pronostic vital est engagé comme dans la plupart des maladies chroniques d’organe où il est maintenant établi, qu’à l’inverse, la surcharge pondérale voire l’obésité sont protectrices. Les mécanismes de la dénutrition au cours de la BPCO associent à des degrés divers anorexie et/ou augmentation de la dépense énergétique, eux-mêmes secondaires à un désavantage mécanique, à l’inflammation, au stress oxydant, et à l’hypoxémie. La dénutrition a un retentissement majeur en termes de morbi-mortalité pour des degrés de déficiences respiratoires comparables. Au cours de la BPCO, elle doit être systématiquement recherchée lors de la réhabilitation respiratoire. Les interventions nutritionnelles dans la BPCO doivent être intégrées dans un programme de réhabilitation respiratoire où elles permettent de lutter contre la sarcopénie et d’accroître le bénéfice sur la tolérance à l’exercice et la qualité de vie de ces patients.
Déclaration d’intérêts Frédéric Costes a rec¸u des rémunérations pour des conférences des laboratoires Taeva France et Pierre Fabre Santé, des aides financières des laboratoires Boehringer Ingelheim France et Taeva France pour assister à des congrès médicaux au cours des 5 dernières années. Christophe Pison a rec¸u des fonds de recherche de Danone Nutricia Europe et bénéficié d’aides financières des laboratoires GSK France, AstraZeneca France, Boehringer Ingelheim France et Novartis France pour se rendre à des congrès médicaux au cours de ces 5 dernières années.
Références [1] Fabbri L, Rabe K. From COPD to chronic systemic inflammatory syndrome? Lancet 2007;370:797–9. [2] Spruit MA, Singh SJ, Garvey C, ZuWallack R, Nici L, Rochester C, et al. An official American Thoracic Society/European Respiratory Society statement: key concepts and advances in pulmonary rehabilitation. Am J Respir Crit Care Med 2013;188:e13–64. [3] Lundby C, Calbet JA, Robach P. The response of human skeletal muscle tissue to hypoxia. Cell Mol Life Sci 2009;66:3615–23. [4] Theije Cd, Costes F, Langen RC, Pison C, Gosker HR. Hypoxia and muscle maintenance regulation: implications for chronic respiratory disease. Curr Opin Clin Nutr Metab Care 2011;14:548–53. [5] Raguso CA, Luthy C. Nutritional status in chronic obstructive pulmonary disease: role of hypoxia. Nutrition 2011;27(2):138–43. [6] Pitsiou G, Kyriazis G, Hatzizisi O, Argyropoulou P, Mavrofridis E, Patakas D. Tumor necrosis factor-alpha serum levels, weight loss and tissue oxygenation in chronic obstructive pulmonary disease. Respir Med 2002;96:594–8. [7] Langen RCJ, Gosker HR, Remels AHV, Schols AMWJ. Triggers and mechanisms of skeletal muscle wasting in chronic obstructive pulmonary disease. Int J Biochem Cell Biol 2013;45:2245–56. [8] Remels AH, Gosker HR, Schrauwen P, Langen RC, Schols AM. Peroxisome proliferator-activated receptors: a therapeutic target in COPD? Eur Respir J 2008;31:502–8. [9] Remels AH, Schrauwen P, Broekhuizen R, Willems J, Kersten S, Gosker HR, et al. Peroxisome proliferator-activated receptor expression is reduced in skeletal muscle in COPD. Eur Respir J 2007;30(2):245–52. [10] Engelen MPKJ, De Castro CLN, Rutten EPA, Wouters EFM, Schols AMWJ, Deutz NEP. Enhanced anabolic response to milk protein sip feeding in elderly subjects with COPD is associated with a reduced splanchnic extraction of multiple amino acids. Clin Nutr 2012;31: 616–24. [11] Goris AH, Vermeeren MA, Wouters EF, Schols AM, Westerterp KR. Energy balance in depleted ambulatory patients with chronic obstructive pulmonary disease: the effect of physical activity and oral nutritional supplementation. Br J Nutr 2003;89(5):725–31. [12] Thibault R, Le Gallic E, Picard-Kossovsky M, Darmaun D, Chambellan A. Assessment of nutritional status and body composition in patients with COPD: comparison of several methods. Rev Mal Respir 2010;27:693–702. [13] Schols AM, Soeters PB, Mostert R, Saris WH, Wouters EF. Energy balance in chronic obstructive pulmonary disease. Am Rev Respir Dis 1991;143:1248–52. [14] Kao CC, Hsu JW-C, Bandi V, Hanania NA, Kheradmand F, Jahoor F. Resting energy expenditure and protein turnover are increased in patients with severe chronic obstructive pulmonary disease. Metabolism 2011;60:1449–55. [15] Engelen MP, Deutz NE, Wouters EF, Schols AM. Enhanced levels of whole-body protein turnover in patients with chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med 2000;162(4 Pt 1):1488–92.
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347 [16] Gosker HR, Kubat B, Schaart G, van der Vusse GJ, Wouters EF, Schols AM. Myopathological features in skeletal muscle of patients with chronic obstructive pulmonary disease. Eur Respir J 2003;22:280–5. [17] Kim V, Kretschman DM, Sternberg AL, DeCamp MM, Criner GJ. Weight gain after lung reduction surgery is related to improved lung function and ventilatory efficiency. Am J Respir Crit Care Med 2012;186:1109–16. [18] Hallin R, Janson C, Arnardottir RH, Olsson R, Emtner M, Branth S, et al. Relation between physical capacity, nutritional status and systemic inflammation in COPD. Clin Respir J 2011;5:136–42. [19] Vermeeren MAP, Creutzberg EC, Schols AMWJ, Postma DS, Pieters WR, Roldaan AC, et al. Prevalence of nutritional depletion in a large out-patient population of patients with COPD. Respir Med 2006;100(8):1349–55. [20] Vestbo J, Prescott E, Almdal T, Dahl M, Nordestgaard BG, Andersen T, et al. Body mass, fat-free body mass, and prognosis in patients with chronic obstructive pulmonary disease from a random population sample: findings from the Copenhagen City Heart Study. Am J Respir Crit Care Med 2006;173:79–83. [21] Schwebel C, Pin I, Barnoud D, Devouassoux G, Brichon PY, Chaffanjon P, et al. Prevalence and consequences of nutritional depletion in lung transplant candidates. Eur Respir J 2000;16(6):1050–5. [22] Cano NJ, Roth H, Court-Fortune I, Cynober L, Gerard-Boncompain M, Cuvelier A, et al. Nutritional depletion in patients on long-term oxygen therapy and/or home mechanical ventilation. Eur Respir J 2002;20(1):30–7. [23] SPLF. Recommandation pour la pratique clinique. Prise en charge de la BPCO. Mise à jour 2009. Rev Mal Respir 2010;27(5):522–48. [24] van den Borst B, Koster A, Yu B, Gosker HR, Meibohm B, Bauer DC, et al. Is age-related decline in lean mass and physical function accelerated by obstructive lung disease or smoking? Thorax 2011;66:961–9. [25] Eisner MD, Blanc PD, Sidney S, Yelin EH, Lathon PV, Katz PP, et al. Body composition and functional limitation in COPD. Respir Res 2007;8:7. [26] Steuten LMG, Creutzberg EC, Vrijhoef HJM, Wouters EF. COPD as a multicomponent disease: inventory of dyspnoea, underweight, obesity and fat free mass depletion in primary care. Prim Care Respir J 2006;15:84–91. [27] Furutate R, Ishii T, Wakabayashi R, Motegi T, Yamada K, Gemma A, et al. Excessive visceral fat accumulation in advanced chronic obstructive pulmonary disease. Int J Chron Obstruct Pulmon Dis 2011;6:423–30. [28] Rutten EPA, Breyer MK, Spruit MA, Hofstra T, van Melick PPMJ, Schols AMWJ, et al. Abdominal fat mass contributes to the systemic inflammation in chronic obstructive pulmonary disease. Clin Nutr 2010;29:756–60. [29] van den Borst B, Gosker HR, Koster A, Yu B, Kritchevsky SB, Liu Y, et al. The influence of abdominal visceral fat on inflammatory pathways and mortality risk in obstructive lung disease. Am J Clin Nutr 2012;96(3):516–26. [30] Vanfleteren LE, Spruit MA, Groenen M, Gaffron S, van Empel VP, Bruijnzeel PL, et al. Clusters of comorbidities based on validated objective measurements and systemic inflammation in patients with chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med 2013;187(7):728–35. [31] Schols AM, Broekhuizen R, Weling-Scheepers CA, Wouters EF. Body composition and mortality in chronic obstructive pulmonary disease. Am J Clin Nutr 2005;82(1):53–9. [32] Marquis K, Maltais F, Duguay V, Bezeau AM, LeBlanc P, Jobin J, et al. The metabolic syndrome in patients with chronic obstructive pulmonary disease. J Cardiopulm Rehabil 2005;25(4):226–32. [33] Burgel P-R, Paillasseur J-L, Peene B, Dusser D, Roche N, Coolen J, et al. Two distinct chronic obstructive pulmonary disease (COPD) phenotypes are associated with high risk of mortality. PloS One 2012;7:e51048. [34] Biolo G, Cederholm T, Muscaritoli M. Muscle contractile and metabolic dysfunction is a common feature of sarcopenia of aging and chronic diseases: from sarcopenic obesity to cachexia. Clin Nutr 2014;33:737–48. [35] Cruz-Jentoft A, Baeyens J, Bauer J, Boirie Y, Cederholm T, Landi F, et al. Sarcopenia: European consensus on definition and diagnosis. Report of the European Working Group on sarcopenia in older people. Age Ageing 2010;39:412–23. [36] Pitta F, Troosters T, Spruit MA, Probst VS, Decramer M, Gosselink R. Characteristics of physical activities in daily life in chronic
[37]
[38]
[39] [40]
[41]
[42]
[43]
[44]
[45]
[46]
[47]
[48]
[49]
[50]
[51]
[52]
[53]
[54]
[55]
[56]
345
obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med 2005;171: 972–7. Troosters T, van der Molen T, Polkey M, Rabinovich RA, Vogiatzis I, Weisman I, et al. Improving physical activity in COPD: towards a new paradigm. Respir Res 2013;14:115. Vorrink SNW, Kort HSM, Troosters T, Lammers J-WJ. Level of daily physical activity in individuals with COPD compared with healthy controls. Respir Res 2011;12:33. Watz H, Waschki B, Meyer T, Magnussen H. Physical activity in patients with COPD. Eur Respir J 2009;33:262–72. Park SK, Richardson CR, Holleman RG, Larson JL. Physical activity in people with COPD, using the National Health and Nutrition Evaluation Survey dataset (2003–2006). Heart Lung 2013;42:235–40. Garcia-Aymerich J, Felez MA, Escarrabill J, Marrades RM, Morera J, Elosua R, et al. Physical activity and its determinants in severe chronic obstructive pulmonary disease. Med Sci Sports Exerc 2004;36:1667–73. Moy ML, Reilly JJ, Ries AL, Mosenifar Z, Kaplan RM, Lew R, et al. Multivariate models of determinants of health-related quality of life in severe chronic obstructive pulmonary disease. J Rehabil Res Dev 2009;46:643–54. Garcia-Aymerich J, Serra I, Gómez FP, Farrero E, Balcells E, Rodríguez DA, et al. Physical activity and clinical and functional status in COPD. Chest 2009;136:62–70. Gimeno-Santos E, Frei A, Steurer-Stey C, de Batlle J, Rabinovich RA, Raste Y, et al. Determinants and outcomes of physical activity in patients with COPD: a systematic review. Thorax 2014;69:731–9. Garcia-Aymerich J, Lange P, Benet M, Schnohr P, Anto JM. Regular physical activity modifies smoking-related lung function decline and reduces risk of chronic obstructive pulmonary disease: a population-based cohort study. Am J Respir Crit Care Med 2007;175:458–63. Garcia-Aymerich J, Lange P, Benet M, Schnohr P, Anto JM. Regular physical activity reduces hospital admission and mortality in chronic obstructive pulmonary disease: a population based cohort study. Thorax 2006;61(9):772–8. Waschki B, Kirsten A, Holz O, Muller KC, Meyer T, Watz H, et al. Physical activity is the strongest predictor of all-cause mortality in patients with COPD: a prospective cohort study. Chest 2011;140:331–42. Maltais F, Decramer M, Casaburi R, Barreiro E, Burelle Y, Debigaré R, et al. An Official American Thoracic Society/European Respiratory Society statement: update on limb muscle dysfunction in chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med 2014;189: e15–62. Spruit MA, Watkins ML, Edwards LD, Vestbo J, Calverley PM, PintoPlata V, et al. Determinants of poor 6-min walking distance in patients with COPD: the ECLIPSE cohort. Respir Med 2010;104(6):849–57. Cesari M, Pedone C, Chiurco D, Cortese L, Conte ME, Scarlata S, et al. Physical performance, sarcopenia and respiratory function in older patients with chronic obstructive pulmonary disease. Age Ageing 2012;41:237–41. Ischaki E, Papatheodorou G, Gaki E, Papa I, Koulouris N, Loukides S. Body mass and fat-free mass indices in COPD: relation with variables expressing disease severity. Chest 2007;132(1):164–9. Andersson M, Slinde F, Grönberg AM, Svantesson U, Janson C, Emtner M. Physical activity level and its clinical correlates in chronic obstructive pulmonary disease: a cross-sectional study. Respir Res 2013;14:128. Franssen FM, Broekhuizen R, Janssen PP, Wouters EF, Schols AM. Limb muscle dysfunction in COPD: effects of muscle wasting and exercise training. Med Sci Sports Exerc 2005;37(1):2–9. Natanek SA, Gosker HR, Slot IGM, Marsh GS, Hopkinson NS, Man WD-C, et al. Heterogeneity of quadriceps muscle phenotype in chronic obstructive pulmonary disease (COPD); implications for stratified medicine? Muscle Nerve 2013;48(4):488–9755. Bautista J, Ehsan M, Normandin E, Zuwallack R, Lahiri B. Physiologic responses during the six-minute walk test in obese and non-obese COPD patients. Respir Med 2011;105:1189–94. Sava F, Laviolette L, Bernard S, Breton M-J, Bourbeau J, Maltais F. The impact of obesity on walking and cycling performance and response to pulmonary rehabilitation in COPD. BMC Pulm Med 2010;10:55.
346
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347
[57] Rodríguez DA, Garcia-Aymerich J, Valera JL, Sauleda J, Togores B, Galdiz JB, et al. Determinants of exercise capacity in obese and non-obese COPD patients. Respir Med 2014;108(5):745–51. [58] Evans WJ, Morley JE, Argiles J, Bales C, Baracos V, Guttridge D, et al. Cachexia: a new definition. Clin Nutr 2008;27(6):793–9. [59] Aniwidyaningsih W, Varraso R, Cano N, Pison C. Impact of nutritional status on body functioning in chronic obstructive pulmonary disease and how to intervene. Curr Opin Clin Nutr Metab Care 2008;11(4):435–42. [60] Ferreira IM, Brooks D, Lacasse Y, Goldstein RS, White J. Nutritional supplementation for stable chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database Syst Rev 2005;2:CD000998. [61] Collins PF, Stratton RJ, Elia M. Nutritional support in chronic obstructive pulmonary disease: a systematic review and meta-analysis. Am J Clin Nutr 2012;95(6):1385–95. [62] DeLetter M. Nutritional implications for chronic airflow limitation patients. J Gerontol Nurs 1991;17:21–6. [63] Efthimiou J, Fleming J, Gomes C, Spiro S. The effect of supplementary oral nutrition in poorly nourished patients with chronic obstructive pulmonary disease. Am Rev Respir Dis 1988;137:1075–82. [64] Fuenzalida CE, Petty TL, Jones ML, Jarrett S, Harbeck RJ, Terry RW, et al. The immune response to short-term nutritional intervention in advanced chronic obstructive pulmonary disease. Am Rev Respir Dis 1990;142(1):49–56. [65] Knowles J, Fauban M, Wiggs B, Chan-Yan C, Pardy R. Dietary supplementation and respiratory muscle performance in patients with COPD. Chest 1988;93:933–83. [66] Lewis M, Belman M, Dorr-Uyemura L. Nutritional supplementation in ambulatory patients with chronic obstructive pulmonary disease. Am Rev Respir Dis 1987;135:1062–8. [67] Otte K, Ahlburg P, D‘Amore F, Stellfeld M. Nutritional repletion in malnourished patients with emphysema. J Parenter Enteral Nutr 1989;13:152–6. [68] Rogers R, Donahoe M, Constantino J. Physiologic effects of oral supplementation feeding in malnourished patients with COPD: a randomized control study. Am Rev Respir Dis 1992;146:1511–7. [69] Schols AM, Soeters PB, Mostert R, Pluymers RJ, Wouters EF. Physiologic effects of nutritional support and anabolic steroids in patients with chronic obstructive pulmonary disease. A placebo-controlled randomized trial. Am J Respir Crit Care Med 1995;152(4 Pt 1):1268–74. [70] Steiner MC, Barton RL, Singh SJ, Morgan MD. Nutritional enhancement of exercise performance in chronic obstructive pulmonary disease: a randomised controlled trial. Thorax 2003;58(9):745–51. [71] Weekes CE, Emery PW, Elia M. Dietary counselling and food fortification in stable COPD: a randomised trial. Thorax 2009;64(4):326–31. [72] Whittaker JS, Ryan CF, Buckley PA, Road JD. The effects of refeeding on peripheral and respiratory muscle function in malnourished chronic obstructive pulmonary disease patients. Am Rev Respir Dis 1990;142(2):283–8. [73] Ferreira IM, Brooks D, White J, Goldstein R. Nutritional supplementation for stable chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database Syst Rev 2012;12:CD000998. [74] Ali T, Bennoor KS, Begum N. Effects of nutritional modification on anthropometry and lung functions of COPD patients. Chest 2007;132:532. [75] Kirschvink N, Fievez L, Bougnet V, Art T, Degand G, Smith N, et al. Effect of nutritional antioxidant supplementation on systemic and pulmonary antioxidant status, airway inflammation and lung function in heaves-affected horses. Equine Vet J 2002;34(7):705–12. [76] Sugawara K, Takahashi H, Kasai C, Kiyokawa N, Watanabe T, Fujii S, et al. Effects of nutritional supplementation combined with lowintensity exercise in malnourished patients with COPD. Respir Med 2010;104(12):1883–9. [77] Sugawara K, Takahashi H, Kashiwagura T, Yamada K, Yanagida S, Homma M, et al. Effect of anti-inflammatory supplementation with whey peptide and exercise therapy in patients with COPD. Respir Med 2010;106(11):1526–34. [78] Teramoto S, Yamamoto H, Yamaguchi Y, Tomita T, Ouchi Y. Effects of feeding a high-fat, low-carbohydrate nutritional supplement (Racol
[79]
[80]
[81]
[82]
[83]
[84]
[85] [86]
[87]
[88]
[89]
[90]
[91]
[92]
[93]
[94]
[95]
R), on lung function, dyspnea, HRQOL in patients with COPD. www.abstracts2view.com; 2004:C22; Poster: 522. 2004. van Wetering CR, Hoogendoorn M, Broekhuizen R, Geraerts-Keeris GJ, De Munck DR, Rutten-van Molken MP, et al. Efficacy and costs of nutritional rehabilitation in muscle-wasted patients with chronic obstructive pulmonary disease in a community-based setting: a prespecified subgroup analysis of the INTERCOM trial. J Am Med Dir Assoc 2010;11(3):179–87. van Wetering CR, Hoogendoorn M, Mol SJ, Rutten-van Molken MP, Schols AM. Short- and long-term efficacy of a community-based COPD management programme in less advanced COPD: a randomised controlled trial. Thorax 2010;65(1):7–13. Vermeeren MA, Wouters EF, Geraerts-Keeris AJ, Schols AM. Nutritional support in patients with chronic obstructive pulmonary disease during hospitalization for an acute exacerbation; a randomized controlled feasibility trial. Clin Nutr 2004;23(5):1184–92. Broekhuizen R, Creutzberg EC, Weling-Scheepers CA, Wouters EF, Schols AM. Optimizing oral nutritional drink supplementation in patients with chronic obstructive pulmonary disease. Br J Nutr 2005;93(6):965–71. Planas M, Alvarez J, Garcia-Peris PA, de la Cuerda C, de Lucas P, Castella M, et al. Nutritional support and quality of life in stable chronic obstructive pulmonary disease (COPD) patients. Clin Nutr 2005;24(3):433–41. Morley JE, Argiles JM, Evans WJ, Bhasin S, Cella D, Deutz NE, et al. Nutritional recommendations for the management of sarcopenia. J Am Med Dir Assoc 2010;11(6):391–6. Wagner P. Possible mechanisms underlying the development of cachexia in COPD. Eur Respir J 2008;31(3):492–501. Nici L, Donner C, Wouters E, Zuwallack R, Ambrosino N, Bourbeau J, et al. American Thoracic Society/European Respiratory Society statement on pulmonary rehabilitation. Am J Respir Crit Care Med 2006;173(12):1390–413. Qaseem A, Wilt TJ, Weinberger SE, Hanania NA, Criner G, van der Molen T, et al. Diagnosis and management of stable chronic obstructive pulmonary disease: a clinical practice guideline update from the American College of Physicians, American College of Chest Physicians, American Thoracic Society, and European Respiratory Society. Ann Intern Med 2011;155(3):179–91. Budweiser S, Heinemann F, Meyer K, Wild P, Pfeifer M. Weight gain in cachectic COPD patients receiving noninvasive positive-pressure ventilation. Respir Care 2006;51:126–32. Agusti A. Systemic effects of chronic obstructive pulmonary disease: what we know and what we don’t know (but should). Proc Am Thorac Soc 2007;4(7):522–5. Broekhuizen R, Wouters EF, Creutzberg EC, Weling-Scheepers CA, Schols AM. Polyunsaturated fatty acids improve exercise capacity in chronic obstructive pulmonary disease. Thorax 2005;60(5):376–82. Laviolette L, Lands LC, Dauletbaev N, Saey D, Milot J, Provencher S, et al. Combined effect of dietary supplementation with pressurized whey and exercise training in chronic obstructive pulmonary disease: a randomized, controlled, double-blind pilot study. J Med Food 2010;13(3): 589–98. Dal Negro RW, Aquilani R, Bertacco S, Boschi F, Micheletto C, Tognella S. Comprehensive effects of supplemented essential amino acids in patients with severe COPD and sarcopenia. Monaldi Arch Chest Dis 2010;73(1):25–33. Baldi S, Aquilani R, Pinna GD, Poggi P, De Martini A, Bruschi C. Fat-free mass change after nutritional rehabilitation in weight losing COPD: role of insulin, C-reactive protein and tissue hypoxia. Int J Chron Obstruct Pulmon Dis 2010;5:29–39. Fuld JP, Kilduff LP, Neder JA, Pitsiladis Y, Lean ME, Ward SA, et al. Creatine supplementation during pulmonary rehabilitation in chronic obstructive pulmonary disease. Thorax 2005;60(7):531–7. Borghi-Silva A, Baldissera V, Sampaio LM, Pires-DiLorenzo VA, Jamami M, Demonte A, et al. L-carnitine as an ergogenic aid for patients with chronic obstructive pulmonary disease submitted to wholebody and respiratory muscle training programs. Braz J Med Biol Res 2006;39(4):465–74.
F. Costes, C. Pison / Nutrition clinique et métabolisme 28 (2014) 336–347 [96] Weisberg J, Wanger J, Olson J, Streit B, Fogarty C, Martin T, et al. Megestrol acetate stimulates weight gain and ventilation in underweight COPD patients. Chest 2002;121(4):1070–8. [97] Burdet L, de Muralt B, Schutz Y, Pichard C, Fitting JW. Administration of growth hormone to underweight patients with chronic obstructive pulmonary disease. A prospective, randomized, controlled study. Am J Respir Crit Care Med 1997;156(6):1800–6. [98] Samaras N, Samaras D, Chambellan A, Pichard C, Thibault R. Pulmonary rehabilitation: the reference therapy for undernourished patients with chronic obstructive pulmonary disease. BioMed Res Int 2014;2014:2484–520. [99] Casaburi R, Bhasin S, Cosentino L, Porszasz J, Somfay A, Lewis MI, et al. Effects of testosterone and resistance training in men with chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med 2004;170(8):870–8. [100] Creutzberg EC, Wouters EF, Mostert R, Pluymers RJ, Schols AM. A role for anabolic steroids in the rehabilitation of patients with COPD? A double-blind, placebo-controlled, randomized trial. Chest 2003;124(5):1733–42. [101] Ferreira IM, Verreschi IT, Nery LE, Goldstein RS, Zamel N, Brooks D, et al. The influence of 6 months of oral anabolic steroids on body mass and respiratory muscles in undernourished COPD patients. Chest 1998;114(1):19–28. [102] Pison CM, Cano NJ, Cherion C, Caron F, Court-Fortune I, Antonini MT, et al. Multimodal nutritional rehabilitation improves clinical outcomes of malnourished patients with chronic respiratory failure: a randomised controlled trial. Thorax 2011;66(11):953–60.
347
[103] Sharma S, Arneja A, McLean L, Duerksen D, Leslie W, Sciberras D, et al. Anabolic steroids in COPD: a review and preliminary results of a randomized trial. Chron Respir Dis 2008;5(3):169–76. [104] Svartberg J, Aasebo U, Hjalmarsen A, Sundsfjord J, Jorde R. Testosterone treatment improves body composition and sexual function in men with COPD, in a 6-month randomized controlled trial. Respir Med 2004;98(9):906–13. [105] Kruis AL, Smidt N, Assendelft WJ, Gussekloo J, Boland MR, Ruttenvan Molken M, et al. Integrated disease management interventions for patients with chronic obstructive pulmonary disease. Cochrane Database Syst Rev 2013;10:CD009437. [106] Turan N, Kalko S, Stincone A, Clarke K, Sabah A, Howlett K, et al. A systems biology approach identifies molecular networks defining skeletal muscle abnormalities in chronic obstructive pulmonary disease. PLoS Comput Biol 2011;7(9):e1002129. [107] Creutzberg EC, Schols AM, Weling-Scheepers CA, Buurman WA, Wouters EF. Characterization of nonresponse to high caloric oral nutritional therapy in depleted patients with chronic obstructive pulmonary disease. Am J Respir Crit Care Med 2000;161(3 Pt 1):745–52. [108] Creutzberg EC, Wouters EF, Mostert R, Weling-Scheepers CA, Schols AM. Efficacy of nutritional supplementation therapy in depleted patients with chronic obstructive pulmonary disease. Nutrition 2003;19(2): 120–7. [109] Faager G, Söderlund K, Sköld C, Rundgren S, ATollbäck, Jakobsson P. Creatine supplementation and physical training in patients with COPD: a double blind, placebo-controlled study. Int J Chron Obstruct Pulmon Dis 2006;1:445–53.