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Conclusion Le spectre des MAI associées aux SMD avec trisomie 8 est dominé par la maladie de Behc¸et, mais d’autres manifestations dysimmunitaires variées peuvent également y être associées. La corticothérapie est souvent efficace, mais les thérapies d’épargne cortisonique sont souvent nécessaires et l’azacytidine pourrait être une alternative intéressante. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.03.349 CO077
Lymphocytose polyclonale à lymphocytes binucléés (LPLB) et critères du syndrome de fatigue chronique/intolérance systémique à l’effort : résultats d’une enquête auprès des patients du registre national des LPLB R. Morizot 1 , J.F. Lesesve 1 , X. Troussard 2 , J.D. De Korwin 3,∗ Services d’hématologie clinique et biologique, CHU de Nancy – hôpitaux de Brabois, Vandœuvre-lès-Nancy, France 2 Service d’hématologie, CHU de Caen Normandie, Caen, France 3 Département de médecine Interne, CHU de Nancy – hôpitaux de Brabois, Vandœuvre-lès-Nancy, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (J.D. De Korwin)
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Introduction La lymphocytose polyclonale à lymphocytes binucléés (LPLB) est une entité rare et encore mal comprise, survenant dans 90 % des cas chez des femmes fumeuses [1]. Les patients semblent souvent fatigués et polyalgiques mais la symptomatologie clinique reste imprécise. Le principal risque est la survenue d’un lymphome dans 3 % des cas [1]. La LPLB est définie par des critères biologiques : lymphocytose modérée et isolée, présence de lymphocytes binucléés, phénotype B polyclonal, expression du HLA-DR7 et présence d‘une duplication du bras long du chromosome 3 [1]. Dans le but de mieux cerner les caractéristiques de la fatigue associée à la LPLB et d’étudier ses relations avec le syndrome de fatigue (SFC), nous avons analysé les données d’une cohorte de malades issus de l’observatoire national des LPLB. Matériels et méthodes Le SFC a été défini selon les nouveaux critères d’intolérance systémique à l’effort (ISE/SEID) proposés en 2015 [2], en utilisant la liste de questions proposées par l’Institute of Medicine, traduites et validées par l’Association franc¸aise du syndrome de fatigue chronique (ASFC) [3]. Le questionnaire a été adressé par voie postale aux patients de l’observatoire national des LPLB. Résultats Sur les 50 patients sollicités, 32 (64 %) ont répondu. La population était constituée majoritairement par des femmes (28/32), d’âge moyen 51 ± 7 ans. Le tabagisme était constant (n = 32). Un contexte inflammatoire et/ou auto-immun était relevé dans 11 (34 %) cas (2 rhumatismes, 2 psoriasis, 4 thyroïdites auto-immunes, 1 diabète insulinodépendant, 1 cholangite biliaire primitive, 1 syndrome de Gougerot-Sjögren). Deux patientes présentaient une fibromyalgie. Aucun cas de lymphome n’était rapporté. Une fatigue était notée dans 28/32 (88 %) cas, sévère (100 %), chronique (96 % > 6 mois, 71 % > 3 ans), d’apparition progressive (78 %) et non améliorée par le repos ou le sommeil (91 %), dans un cas précédée d’une infection. Un malaise post-effort était décrit dans 27/32 (84 %) cas, une diminution des capacités cognitives dans 23/32 (72 %) cas, une intolérance orthostatique dans 22/32 (69 %) cas. Un syndrome douloureux (arthralgies, myalgies, céphalées. . .) était présent dans 29/32 (91 %) cas, diffus dans 45 % des cas. Les symptômes les plus invalidants étaient les douleurs, la réduction d’activité et un sommeil non récupérateur. Au total, 22/32 (69 %) patients répondaient aux critères symptomatiques ISE/SEID (fatigue chronique sévère + sommeil non
réparateur + malaise post-effort + troubles cognitifs et/ou intolérance orthostatique). L’hémogramme montrait une lymphocytose modérée (< 10 × 109 /L) avec 1–5 % de cellules binucléés parmi les lymphocytes. Le phénotypage immunologique était polyclonal IgM+ IgD+. Le caryotype montrait un chromosome iso3 (q10) ou une trisomie 3 dans 90 % des cas. Conclusion Cette étude indique que les patients porteurs d’une LPLB sont le plus souvent des femmes fumeuses, qui présentent une fatigue et des douleurs chroniques, et remplissent dans plus des 2 tiers des cas les nouveaux critères symptomatiques du SFC (ISE/SEID), ce qui soulève l’hypothèse d’une association morbide. Il paraît intéressant de déterminer la fréquence de la LPLB chez les patients présentant un diagnostic de SFC confirmé. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. Références [1] Cornet E, Lesesve JF, Mossafa H, Sébahoun G, Levy V, Davi F, et al. Leukemia 2009;23(2):419–22. [2] de Korwin JD, Chiche L, Banovic I, Ghali A, Delliaux S, Authier FJ, et al. Rev Med Interne 2016;37(12):811–9. [3] Campagne J, Fornasieri I, Bécavin F, Eginard M, Ribes J, De Korwin JD. Rev Med Interne 2016;37(S1):P.A68–9. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.03.350 CO078
Étude rétrospective monocentrique de la prévalence de l’anémie et des facteurs associés à l’anémie dans une population de patients atteints de la maladie de Rendu-Osler M. Bach-Bunner 1,∗ , L. Lacourreye 2 , F. Thouveny 3 , J. Lebigot 3 , F. Rouleau 4 , J. Boursier 5 , G. Urbanski 1 , C. Lavigne 1 1 Médecine interne et maladies vasculaires, CHU d’Angers, Angers, France 2 ORL et chirurgie faciale, CHU d’Angers, Angers, France 3 Radiologie et radiologie interventionnelle, CHU d’Angers, Angers, France 4 Cardiologie, CHU d’Angers, Angers, France 5 Hépatologie et gastro-entérologie, CHU d’Angers, Angers, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (M. Bach-Bunner) Introduction La maladie de Rendu-Osler (MRO) ou télangiectasie hémorragique héréditaire est une pathologie autosomique dominante à l’origine de multiples complications, notamment hémorragiques, pouvant être responsables d’une anémie. Nous avons voulu rechercher la prévalence de l’anémie et les facteurs associés à celle-ci. Patients et méthodes Étaient inclus tous les patients suivis au sein du centre de compétences de notre CHU entre janvier 2012 et juillet 2017 pour une MRO, confirmée génétiquement et/ou par les critères de Curac¸ao. L’anémie était définie par la présence d’une hémoglobine inférieure à 12,5 g/dL pour les femmes et inférieure à 13,5 g/dL pour les hommes. L’association aux variables suivantes a été étudiée : sexe, type de mutation génétique, âge au diagnostic, âge à l’inclusion, présence d’épistaxis récidivantes, âge de début, ancienneté et fréquence des épistaxis, numération plaquettaire, ferritinémie, présence de saignements digestifs ou gynécologiques, présence de malformation artério-veineuse et leur localisation (pulmonaire, hépatique, digestive, cérébrales, spinales, télangiectasies), survenue de complication (AVC, évènement thromboembolique veineux, HTAP, hyperdébit cardiaque, insuffisance cardiaque à débit élevé, hypertension portale, cholestase, abcès cérébraux, migraines), prise d’un traitement anticoagulant ou antiagrégant, la réalisation de sclérothérapie endonasale, présence d’une supplémentation martiale per os ou intraveineuse.
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Résultats Quatre-vingt-deux patients dont 54 femmes (65,9 %), d’âge médian de 50,66 [14–92] ont été inclus. Quarante-six patients (65,7 %) avaient une mutation du gène ALK1 et dix-huit (25,7 %) une mutation du gène de l’endogline. La prévalence de l’anémie était de 53,7 %. Les patients anémiés étaient plus âgés (p < 0,0001), avaient un diagnostic plus tardif (p = 0,011) et avaient plus souvent des épistaxis récidivantes (p = 0,04) et plus anciennes (p = 0,01). Il n’était pas retrouvé de différence selon l’âge de début des épistaxis ou selon la mutation. Les patients avec une anémie présentaient plus souvent des saignements digestifs (p = 0,024), une malformation artério-veineuse hépatique (p = 0,044) et un hyperdébit cardiaque (p = 0,031). La ferritinémie était diminuée en moyenne de 42 g/L dans le groupe anémie (p = 0,008 ; IC95 % [−73 à −11]). Ils bénéficiaient plus souvent d’une supplémentation martiale per os (p = 0,004) ou IV (p < 0,0001), d’un traitement anticoagulant ou antiagrégant (p = 0,035) et d’une sclérothérapie endonasale (p = 0,003). Discussion Il existe un biais important pour l’association retrouvée entre présence d’anémie et hyperdébit cardiaque au cours de la MRO, en effet l’estimation du débit cardiaque à l’échographie cardiaque est fonction de la fréquence cardiaque qui est fréquemment augmentée à l’occasion d’une anémie. De ce fait, un hyperdébit cardiaque peut être mis en évidence à l’occasion d’une anémie, de fac¸on indépendante à la MRO. L’association entre anémie et la présence d’épistaxis récidivantes était attendue, mais pas l’association avec la présence de malformation artério-veineuse hépatique. Cela pourrait suggérer une corrélation entre l’évolution de l’angiomatose au niveau de la microcirculation (télangiectasies nasales) et de la macrocirculation. La méthodologie de notre étude ne permet cependant pas de conclure et encourage à la réalisation d’autres études pour avancer dans la compréhension des mécanismes physiopathologiques dans la MRO. Conclusion L’anémie concerne près d’un patient MRO sur deux et est plus fréquente avec l’âge et en présence de malformations artério-veineuses hépatiques. Ce travail souligne l’importance du dépistage et du suivi de l’anémie dans cette population. Un dépistage et un traitement précoce de la maladie pourraient améliorer de fac¸on significative la qualité de vie des patients. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.03.351 CO079
Le syndrome périodique fébrile associé à des arthralgies et une gammapathie monoclonale : un nouveau syndrome auto-inflammatoire ? A. Terre 1 , A. Talbot 2 , J.B. Picque 3 , T. Hanslik 4 , M. Mahevas 5 , D. Boutboul 6 , G. Grateau 1 , S. Georgin Lavialle 1,∗ 1 Service de médecine interne, CEREMAIA, CHU Tenon, Paris, France 2 Immunologie clinique, hôpital Saint-Louis, Paris, France 3 Médecine interne, centre hospitalier d’Auxerre, Auxerre, France 4 Service de médecine interne, AP–HP, hôpital Ambroise-Paré, 9, avenue Charles-de-Gaulle, Boulogne-Billancourt, France 5 Médecine interne, hôpital Henri-Mondor, Créteil, France 6 Service d’immunopathologie clinique, hôpital Saint-Louis, Paris, France ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail :
[email protected] (S. Georgin Lavialle) Introduction Les maladies auto-inflammatoires (MAI) sont définies comme des maladies causées par un dysfonctionnement primaire du système immunitaire inné, et se caractérisent par un phénotype clinique relativement homogène comportant : une fièvre récurrente associée à des éruptions cutanées, des arthrites ou des arthralgies, des myalgies, des douleurs abdominales accompagnées d’un syndrome inflammatoire concomitants. Le syndrome de
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Schnitzler est aujourd’hui classé dans les MAI non-mendéliennes et est caractérisé par un début tardif, une fièvre périodique, une éruption urticarienne, des douleurs musculaires, articulaires ou osseuses, des adénopathies ainsi que la présence d’une gammapathie monoclonale IgM ou plus rarement IgG. L’objectif de ce travail était de décrire un nouveau syndrome auto-inflammatoire avec fièvre périodique associé à une gammapathie monoclonale et ne répondant pas aux critères du syndrome de Schnitzler. Patients et méthodes Étude rétrospective de patients avec gammapathie monoclonale et épisodes inflammatoires fébriles récurrents, ne remplissant pas les critères de syndrome de Schnitzler, adressés au centre national de référence des maladies auto-inflammatoires (CEREMAIA). Résultats Au cours des 10 dernières années, 750 patients ont été vus au CEREMAIA, parmi eux, 15 patients qui avaient une gammapathie monoclonale et une MAI définie ou une suspicion de MAI. Parmi eux, il y avait 2 fièvres méditerranéennes familiales (FMF), une cryopyrinopathie par mutation somatique, une vascularite hypocomplémentémique, syndromes de Schnitzler 1 perdu de vue. Seuls 5 ne remplissaient ni les critères du syndrome de Schnitzler, ni de MAI monogénique et ont pu être inclus dans notre étude. Il s’agissait de 3 hommes et 2 femmes, l’âge médian au début des symptômes inflammatoires était de 44 ans (allant de 30 à 71 ans). La fréquence médiane des accès était de 7 épisodes de fièvre par an (allant de 3 à 12) et la durée médiane des poussées sans traitement était de 6 jours (variant de 3 à 12). Les symptômes les plus fréquemment associés étaient : les myalgies (100 %), et les arthralgies (80 %). Aucun d’avait de douleur osseuse, abdominale ou d’arthrite ni d’éruption urticarienne. Aucune anomalie radiologique osseuse n’a été retrouvée. Un patient a présenté des épisodes de pleurésie exsudative pendant les accès sans cause retrouvée, y compris après biopsie pleurale. La gammapathie monoclonale la plus fréquemment trouvée était une IgG lambda (n = 3, 60 %), et le taux de la gammapathie varié de « de limite détectable » à 19,8 g/L avec une médiane de 6,6 g/L. Un patient avait une gammapathie biclonale IgG-kappa et IgM-kappa, avec prédominance pour l’IgG. Concernant la chaîne légère, le composant lambda était le plus fréquent (n = 3, 60 %). Tous les patients avaient une hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles et une CRP élevée avec un taux médian de 156 mg/L (variant de 84 à 250 mg/L) pendant les poussées. Pour ceux qui ont été testés pour des mutations des MAI monogéniques, aucune mutation des gènes des MAI monogéniques historiques n’ont été retrouvées. Aucun n’avait d’anticorps antinucléaire. Les traitements suivants ont été essayés sans efficacité : colchicine (2 patients) et corticoïdes (1 patient). Deux patients ont rec¸u une biothérapie anti-IL-1 à la demande (pendant les crises) avec une bonne efficacité mais une rechute après arrêt du traitement. Conclusion Il s’agit de la première série d’un nouveau phénotype auto-inflammatoire associé à une gammapathie monoclonale. Ce syndrome pourrait s’appeler syndrome périodique fébrile associée à des arthralgies et une gammapathie monoclonale (PFAGM) ou en anglais : periodic fever, arthralgia and clonal gammopathy (PFACG) syndrome. Toutefois, en l’absence de biomarqueur, ou de signature moléculaire spécifique, rien n’exclut qu’il constitue une forme incomplète de syndrome de Schnitzler. Des travaux complémentaires fonctionnels et génétiques sont nécessaires pour trancher. Déclaration de liens d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2018.03.352