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Communications / Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique 57S (2009) S3–S59
Réduction de moitié du taux de mortalité maternelle en Tunisie au cours des dix dernières années : apport de l’épidémiologie clinique à la prise en décision en santé publique E. Hmida a , M. Craourc a , H. Chelli b , M. Gara b , M. Garbouj a , N. Boukraa c , A. Fourat d , T. Calvez e , P. Thonneau e,f a Direction des soins de santé de base, ministère de la Santé publique de Tunisie, Tunisie b Service de gynécologie-obstétrique, Tunis, Tunisie c Direction de la statistique, Tunisie d Unicef, Tunisie e Équipe d’accueil no 3694, université Toulouse, France f Institut pour la recherche et le développement, Tunisie Mots clés : Mortalité maternelle ; Épidémiologie ; Santé publique ; Pays émergents ; Tunisie Problématique.– Le niveau et l’évolution des taux de mortalité maternelle constituent, pour les pays émergents et en développement, des indicateurs essentiels du développement humain. Dans ce contexte, la Tunisie a mis en place, dès 1999, un programme national de réduction et de surveillance de la mortalité maternelle, impliquant l’ensemble du système de santé publique. Objectif.– Estimation de l’évolution du ratio et des principales causes de mortalité maternelle en Tunisie, de 1997 à 2007, incluant une enquête spécifique exhaustive, secteur publique et privé, pour l’année 2006. Méthodes.– Identification rétrospective des décès maternels à partir des registres des femmes décédées en âge de reproduction (l5–49 ans), enregistrés via le système mis en place par la Direction des soins de santé de base (DSSB ; ministère de la Santé publique) ; compilation et analyse des cas de décès (maternels versus non maternels) par des comités régionaux et un comité national ad hoc ; saisie et analyse des données (Epi-Info-Stata). Enquête spécifique dans les cliniques privées et les accouchements réalisés à domicile pour l’année 2006. Résultats.– La comparaison par période de trois années (1999–2001, 2002–2004, 2005–2007) montre, pour le secteur public, une réduction du nombre total de décès maternels passant de 175 à 150 en 2007 qui, rapporté au nombre de naissances vivantes, objective une réduction du ratio de mortalité maternelle de 40/100 000 en 1999–2001 à 36/100 000 en 2005–2007. Pour l’année 2006, l’addition des résultats obtenus par une enquête spécifique dans le secteur public et le secteur privé, objective un ratio de mortalité maternelle de 35/100 000 naissances vivantes. Conclusion.– Le ratio actuel de mortalité maternelle observé en Tunisie situe ce pays dans le peloton de tête des pays magrébins, résultat largement attribuable à la politique volontariste du gouvernement tunisien en faveur de la santé des femmes (scolarisation des jeunes femmes, légalisation de l’avortement). Ce résultat très positif, qui doit toutefois être modulé avec très probablement un enregistrement sous-estimé de l’ensemble des cas de décès maternels, permets de mesurer l’importance et l’utilisation de l’épidémiologie clinique dans les prises de décision en termes de santé publique et constitue une base de travail pour mettre en place, maintenant, des observatoires qualitatifs de la santé des femmes en Tunisie. doi:10.1016/j.respe.2009.02.111
Facteurs associés à l’observance du dépistage par coloscopie chez les frères et sœurs de patients atteints de cancer colorectal I. Ingrand a,b , M. Taouqi a , S. Dujoncquoy c , M. Beauchant d , V. Migeot b , P. Ingrand a,b a Inserm, CIC-P 802, France b Pôle santé publique, France c Réseau régional de cancérologie Onco-Poitou-Charentes, France d Service d’hépatogastroentérologie, université de Poitiers, CHU de Poitiers, France Mots clés : Cancer colorectal ; Dépistage ciblé ; Apparentés au premier degré ; Recommandations ; Modèles de prévention Objectif.– Malgré des recommandations internationales, le dépistage coloscopique chez les apparentés au premier degré de sujets atteints de cancer colorectal avant 60 ans est insuffisamment réalisé. Afin d’initier des interventions visant
à améliorer l’accès au dépistage, notre recherche combinant approches qualitatives et quantitatives avait pour objectif d’améliorer la connaissance des freins et des leviers au dépistage ciblé. Méthodes.– Deux études qualitatives étaient basées sur des entretiens individuels et de groupes avec des patients et leurs fratries, d’une part, avec des médecins généralistes et spécialistes, d’autre part. Une étude de cohorte rétrospective des patients opérés entre 1999 et 2002 dans deux départements de Poitou-Charentes a analysé les facteurs associés au dépistage de la fratrie selon une régression logistique avec effet cluster. Résultats.– Les entretiens ont confirmé la pertinence du modèle des croyances relatives à la santé et de la théorie de l’action raisonnée dans le contexte franc¸ais et leur aptitude à identifier les principaux facteurs psychosociaux intervenant dans le dépistage ciblé du cancer colorectal. Médecins, patients et fratries ont évoqué l’importance de communiquer entre eux. Les médecins ont souligné le rôle clef du patient index et la nécessité de l’accompagner dans la transmission de l’information aux apparentés. L’étude quantitative a inclus 172 frères et sœurs (74 fratries). Les facteurs indépendamment associés à l’observance du dépistage étaient : les recommandations de dépistage par un médecin, la discussion du dépistage avec sa fratrie, le peu d’obstacles ressentis pour la coloscopie et sa bonne accessibilité perc¸ue ainsi que l’appartenance à un groupe social. Conclusion.– La synthèse de ces études permet d’attendre une meilleure participation au dépistage ciblé par la sensibilisation des médecins à délivrer des recommandations, par l’éducation et l’accompagnement des patients dans la transmission de l’information à leurs apparentés, ainsi que par la prise en compte individualisée des facteurs psychosociaux. Remerciements.– Les auteurs remercient Victoria Champion pour l’autorisation d’utilisation de son échelle du modèle des croyances relatives à la santé, Laetitia Becq-Giraudon et Nicolas Mériau, attachés de recherche clinique, Véronique Ghadi, sociologue, ainsi que l’équipe pédagogique du Master 2 Recherche de l’Isped. Financement.– Cette étude a rec¸u le soutien financier de la Ligue nationale contre le cancer et de la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs sociaux. doi:10.1016/j.respe.2009.02.112
Impact de la chirurgie de l’épilepsie dans une cohorte d’enfants avec épilepsie partielle pharmacorésistante A. Jaussent a , M. Fohlen b , L. Vallée c , A. Arzimanoglou d , N. Villeneuve e , J. Motte f , C. Chiron g , J. Mancini h , A. Rougier i , A. de Saint Martin j , M.-C. Picot a , le Groupe de recherche en épileptologie (GRE) a Unité de biostatistiques et épidémiologie, CHU Arnaud-de-Villeneuve, Montpellier, France b Service de neuropédiatrie, fondation Rotschild, Paris, France c Service de neuropédiatrie, CHU hôpital Roger-Salengro, Lille, France d Service de neurologie, hôpital Robert-Debré AP–HP, Paris, France e Service de neuropédiatrie, centre Saint-Paul, Marseille, France f Service de neuropédiatrie, American Memorial Hospital, CHU Reims, France g Service de neuropédiatrie, AP–HP Necker–Enfants-Malades, Paris, France h Service de neuropédiatrie, AP–HM La Timone, Marseille, France i Service de neurochirurgie, CHU hôpital Pellegrin-Tripode, Bordeaux, France j Service de neurologie, CHU hôpital Civil, Strasbourg, France Mots clés : Cohorte ; Épilepsie enfant ; Qualité de vie ; Famille Contexte.– Aucune étude à ce jour n’a évalué les résultats de la chirurgie de l’épilepsie chez l’enfant en termes de retentissement sur la vie familiale. Objectifs.– Évaluer l’impact de la chirurgie de l’épilepsie dans une cohorte prospective d’enfants de moins de 16 ans présentant une épilepsie partielle pharmacorésistante potentiellement opérable. Méthode.– Cette cohorte a été constituée à partir de neuf centres d’épileptologie franc¸ais. Les caractéristiques cliniques de l’épilepsie, les données sociodémographiques, la qualité de vie (AUQUEI, OK-ADO ; Magnificat et Dazord, 1998) et le retentissement de l’épilepsie sur l’enfant et sa famille (échelle d’Hoare et Russel, 1994) ont été recueillies à l’inclusion puis à 12 et 24 mois après chirurgie chez les opérés et après inclusion sinon. Résultats.– Au total, 87 patients ont été inclus (40 opérés, 40 traités médicalement, cinq perdus de vue, deux inclus à tort). L’âge moyen à l’inclusion est de neuf ans (DS = 4,3). Le délai moyen entre le début de l’épilepsie et la chirurgie est de six ans (DS = 4,0). Parmi les enfants évaluables sur le plan neuropsycho-