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versus courte (< 10 jours). Ces deux groupes ont e´te´ compare´s sur les donne´es clinicobiologiques et les crite`res suivants a` j28 : mortalite´ ; re´cidive de bacte´rie´mie ; infection ou colonisation a` BMR ; autres infections. Re´sultats.– Six mille sept cent soixante-quatre he´mocultures ont e´te´ pre´leve´es, 572 e´taient positives dont 336 a` contaminants cutane´s. Parmi les 236 he´mocultures positives restantes, 76 ont e´te´ exclues (de´ce`s au cours de l’antibiothe´rapie, LATA ou donne´es manquantes). Au total, 160 he´mocultures positives correspondant a` 113 e´pisodes de bacte´rie´mies survenus chez 94 patients ont e´te´ e´tudie´es. Le de´lai de survenue me´dian de la bacte´rie´mie e´tait de neuf jours (0–64). La majorite´ des he´mocultures e´taient a` bacilles a` Gram ne´gatif (76 %). Les portes d’entre´e e´taient : 30 % primaires, 15 % infections lie´es au cathe´ter, 55 % lie´es a` un foyer infectieux pulmonaire ou autre. Parmi les 70 bacte´rie´mies pouvant eˆtre traite´es entre sept et 15 jours (exclus : staphylocoque dore´, empye`mes, abce`s profonds, endocardites, thrombophle´bite septique), 31 (44 %) ont be´ne´ficie´ d’une antibiothe´rapie courte (< 10 j) et 39 (56 %) d’une antibiothe´rapie longue ( 10 j) (Tableau 1). Il n’y avait pas de diffe´rence significative entre ces deux populations sur les donne´es cliniques, notamment de gravite´. Tableau 1
Choc septique a` j0 (%) Antibiothe´rapie initiale adapte´e (%) Mortalite´ (%) Re´cidives de bacte´rie´mie (%) Infections ou colonisations a` BMR (%) Infections a` autre germe (%)
Antibiothe´rapie courte < 10 jours (n = 31)
Antibiothe´rapie longue 10 jours (n = 39)
41 84
54 79
n.s. n.s.
4 3 3
18 0 28
p = 0,09 n.s. p = 0,02
6
21
p = 0,09
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l’e´tiologie la plus probable ont e´te´ note´es. L’e´volution de la tempe´rature, des leucocytes, de la C-re´active prote´ine (CRP) et les conse´quences selon l’e´tiologie en fonction de l’e´tiologie infectieuse ou non ont e´te´ analyse´es. Le bilan infectieux comportait syste´matiquement un set d’he´mocultures et un ECBU. Les autres examens bacte´riologiques e´taient demande´s en fonction de l’orientation clinique. Re´sultats.– Sur les 444 patients (pts) admis, 68 pts ont pre´sente´ 72 e´pisodes fe´briles (15,3 %, intervalle de confiance a` 95 % [IC 95 %] : 12,0–18,6 %). Les e´tiologies e´taient infectieuses dans 39 e´pisodes (54 %, IC 95 % : 42,5–65,5 %). Les trois e´tiologies infectieuses les plus fre´quentes e´taient une pneumopathie (n = 23), une infection profonde du site ope´ratoire (n = 6) et une infection urinaire. Les trois e´tiologies non infectieuses les plus fre´quentes e´taient un SIRS (n = 19), un SDRA (n = 8) et a` e´galite´ une ate´lectasie (n = 6) et un he´matome/syndrome he´morragique (n = 6). Compare´s aux 31 pts non infecte´s, les 37 pts infecte´s avaient un aˆge (61 17 vs 61 17 ans) et un IGSII (34 12 vs 31 16 ans) similaires. La me´diane d’apparition de la fie`vre e´tait plus tardive chez les pts infecte´s : 3 [2–6] vs 1 [0–3] jours (p = 0,01) et la dure´e de se´jour en re´animation plus longue : 14 [10,0–26,2] vs 6,0 [3,0–11,5] jours (p < 0,0001). La mortalite´ en re´animation e´tait similaire : 13,5 % vs 9,7 % (p = 0,72). Les courbes d’e´volution de la tempe´rature, des globules blancs et de la CRP ne diffe´raient pas significativement entre pts infecte´s et non infecte´s. Les courbes d’e´volution de la tempe´rature chez les pts infecte´s et non infecte´s sont repre´sente´es sur la figure.
Discussion.– Pour un grand nombre de bacte´rie´mies dont la dure´e de traitement antibiotique recommande´e varie entre sept et 15 jours, un traitement court (< 10 j) n’est pas infe´rieur a` un traitement long ( 10 j) en termes de morbi-mortalite´ et est associe´ a` moins d’e´mergence de BMR a` j28. Re´fe´rence [1] Minerva Anestesiol 2008;74:155–61. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2013.07.613 R532
Caracte´ristiques des e´pisodes fe´briles en postope´ratoire de chirurgie cardiothoracique : incidence, e´tiologies et conse´quences F. Ste´phan a,*, K. Hajjinouir b, L. Belhaddad b, E. Montagutelli b, A. Imbert a, B. E´douard b a Re´animation adulte, centre chirurgical Marie-Lannelongue, Le Plessis Robinson, France b Pharmacie, centre chirurgical Marie-Lannelongue, Le Plessis Robinson, France *Auteur correspondant. Introduction.– La survenue d’une fie`vre est un signe d’alerte pour le clinicien et entraıˆne ge´ne´ralement une batterie d’examens comple´mentaires afin d’affirmer ou d’infirmer une origine infectieuse. Le but de cette e´tude est de pre´ciser l’incidence, les e´tiologies et les conse´quences d’une fie`vre en postope´ratoire ainsi que son e´volution. Patients et me´thodes.– Nous avons conduit une e´tude prospective sur six mois afin de colliger tous les e´pisodes fe´briles de´finis par une tempe´rature 38,3 8C. Les caracte´ristiques des patients et
Discussion.– La survenue d’une fie`vre en re´animation concerne 15 % des pts, et une e´tiologie infectieuse est retenue dans la moitie´ des cas. La tempe´rature, les leucocytes et la CRP ne sont pas discriminants quant a` la possible e´tiologie. La survenue d’un e´pisode fe´brile d’origine infectieuse n’entraıˆne pas une surmortalite´. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2013.07.614 R533
Incidence et facteurs de risque associe´s a` l’infection a` Cytome´galovirus en milieu de re´animation B. Trabelsi a,*, M. Nasri a, Z. Hajjej a, R. Kaddour a, H. Gharsallah a, M. Ferjani a, S. Elasli b, M. Ben Moussa b a Anesthe´sie-re´animation, hoˆpital militaire, Tunis, Tunisie b Laboratoire de microbiologie, hoˆpital militaire, Tunis, Tunisie *Auteur correspondant. Introduction.– L’infection a` Cytome´galovirus (CMV) est une pathologie fre´quente en re´animation, toutefois le diagnostic demeure encore sous-estime´. Le but de cette e´tude est de de´terminer les facteurs de risque d’infection a` CMV en milieu de re´animation chez les patients non neutrope´niques.
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Patients et me´thodes.– E´tude re´trospective cas-te´moins, s’e´tendant de janvier 2010 jusqu’a` de´cembre 2012, incluant les patients hospitalise´s en re´animation chez qui une infection a` CMV a e´te´ diagnostique´e. L’antige´ne´mie CMV et la PCR CMV sont les deux moyens utilise´s pour le diagnostic. Les caracte´ristiques cliniques et les facteurs associe´s a` une infection a` CMV ont e´te´ e´tudie´s en analyse univarie´e. Les patients neutrope´niques ont e´te´ exclus de l’e´tude. Re´sultats.– Durant la pe´riode d’e´tude, 20 patients ont e´te´ recense´s et chez qui la recherche de CMV a e´te´ positive, soit un taux d’incidence de 17 pour 1000 admissions. Sur les 20 patients e´ligibles, seuls 12 patients (groupe CMV+ pre´le`vement positif a` Cytome´galovirus) ont e´te´ inclus car la collecte des donne´es chez les huit autres e´tait incomple`te. Les 12 patients inclus ont e´te´ apparie´s a` un groupe controˆle de 12 autres, tire´s au hasard parmi 46 patients chez qui la recherche de CMV e´tait ne´gative malgre´ une suspicion clinique (groupe controˆle CMV : pre´le`vement ne´gatif a` Cytome´galovirus). Les donne´es de´mographiques e´taient comparables entre les deux groupes. La mortalite´ e´tait comparable entre les deux groupes. Les facteurs associe´s a` l’infection a` CMV sont repre´sente´s dans le Tableau 1. Tableau 1 Facteurs de risque
Groupe CMV+
Groupe CMV
p
ˆ ge A Diabe`te Insuffisance re´nale chronique Utilisation de corticoı¨des Dose cumule´e de corticoı¨des Infection nosocomiale associe´e Transfusion de produits sanguins Score SOFA De´lai de diagnostic par rapport au de´but de la symptomatologie
58 [49 ; 78] 3 (25 %) 2 (17 %) 5 (42 %) 0 [0 ; 850] 2 (17 %) 4 (33 %) 4 [2 ; 5] 5 [3 ; 6]
58 [44 ; 68] 1 (8 %) 5 (42 %) 11 (92 %) 400 [300 ; 1270] 7 (58 %) 9 (75 %) 7 [5 ; 10] 11 [7 ; 28]
0,68 0,26 0,17 0,007 0,045 0,03 0,041 0,014 0,03
Au CHU de Toulouse, nous avons assiste´ a` l’e´mergence de souches de Staphylococcus epidermidis re´sistants au LIN (SERL), dans deux unite´s de re´animation polyvalente, et une unite´ de re´animation de spe´cialite´. Notre e´tude observationnelle a pour objectifs de de´crire les caracte´ristiques de la population porteuse de SERL, les caracte´ristiques phe´notypiques et mole´culaires de cette re´sistance, d’e´tudier la clonalite´ de ces souches et enfin de noter la quantite´ de LIN prescrite pendant cette pe´riode. Patients et me´thodes.– Nous avons re´alise´ une e´tude descriptive observationnelle incluant les patients du CHU de Toulouse chez qui un Staphylococcus spp. re´sistant au line´zolide a e´te´ identifie´ entre 2006 et 2012. La consommation du line´zolide au CHU et dans les services concerne´s a e´te´ note´e. Le me´canisme de re´sistance et la clonalite´ des isolats cliniques ont e´te´ recherche´s par le Centre national de recherche (CNR) de Lyon. Re´sultats.– SERL est isole´ chez 29 patients, dont 25 hospitalise´s dans les services de re´animation. Leur aˆge moyen est de 64,6 11 ans. Ils ont un score IGS II moyen a` l’entre´e dans le service de 50,6 16,6 et la dure´e moyenne d’hospitalisation est de 48 22 jours. L’exposition au LIN est mise en e´vidence chez 96 % des patients. L’e´mergence des souches re´sistantes coı¨ncide avec des pe´riodes de prescription de LIN couple´e avec des pousse´es e´pide´miques. La mutation de´tecte´e au niveau du ge`ne ARNr 23S est la T2504A. Les souches re´sistantes sont toutes issues d’un meˆme et unique clone. La de´termination des CMI au CNR-Lyon a mis en e´vidence des niveaux de re´sistance tre`s e´leve´s, a` 256 mg/L pour le LIN, a` 16 mg/L pour la teicoplanine et a` 1 ou 2 mg/L pour la vancomycine.
Discussion.– L’incidence des infections a` CMV en re´animation e´tait e´leve´e par rapport aux donne´es de la litte´rature [1,2]. Plusieurs facteurs de risque ont e´te´ identifie´s a` savoir l’utilisation des corticoı¨des, la transfusion de produits sanguins et un score SOFA e´leve´. Re´fe´rences [1] CID 2006;43:1143–51. [2] Chest 2005;127:233–41. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2013.07.615 R534
Re´sistance au line´zolide par mutation T2504A chez Staphylococcus epidermidis au CHU de Toulouse M. Grare a,*, B. Riu b, F. Laurent c, M. Archambaud a, J.-M. Conil b, K. Ouhammou b, S. Ruiz b, P. Cougot b, O. Fourcade b, B. Georges b a Laboratoire de bacte´riologie, Toulouse, France b Service de re´animation, poˆle anesthe´sie-re´animation, Toulouse, France c Centre national de recherche staphylocoque, Lyon, France *Auteur correspondant. Introduction.– La re´sistance au line´zolide (LIN) est un phe´nome`ne rare. Plusieurs e´tudes ont rapporte´ des cas d’infections sporadiques ou des e´pide´mies hospitalie`res a` SCN re´sistants a` cet antibiotique [1,2].
Discussion.– La mutation T2504A est une mutation rare, de´crite pour la premie`re fois en Gre`ce sur une souche de S. epidermidis chez un patient ayant rec¸u 20 jours de LIN pour une bacte´rie´mie [3] mais e´galement retrouve´e aux E´tats-Unis. Il s’agit probablement d’une disse´mination d’une souche monoclonale de SERL porteuse de la mutation T2504A, a` la faveur d’une pression de se´lection exerce´e par la prescription du line´zolide. L’utilisation raisonne´e du LIN associe´e a` des mesures d’hygie`ne strictes et la surveillance continue de l’e´mergence de telles souches re´sistantes permettront de pre´server l’efficacite´ du LIN. Re´fe´rences [1] Int J Med Microbiol 2011;301:354–8. [2] J Antimicrob Chemother 2008;61:901–7. [3] J Antimicrob Chemother 2009;64:206–7. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2013.07.616