Lacan et la modernité

Lacan et la modernité

Evol Psychiatr 2001 ; 66 : 2 15-222 0 2001 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS. Tous droits reserves Lacan await cent am Lacan et la mo...

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Evol Psychiatr 2001 ; 66 : 2 15-222 0 2001 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS. Tous droits reserves

Lacan await cent am

Lacan et la modernit P. Julia*

RhmC - L’itindraire de Jacques Lacan a Cte marque de plusieurs ruptures avec l’institution psychanalytique. Mais a leur occasion, la presentation publique de ce que lui a appris la clinique l’a amen6 a modifier la nosographie psychiatrique. C’est ainsi que parlant du sujet nC avec la modemite, il inventa une nouvelle structure. Or cette presentation s’est modilice profondement selon trois p&odes differentes. Ainsi, contrairement a ce qui se dit souvent, le parcours de Lacan, loin d’etre une ligne drone, a Cte fait de bifurcations successives, selon lesquelles i! a pris position face a la modemite. 0 2001 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS

Summary - Lacan and modernity. Lacan’s path was was marked by several breaks with the psychoanalytical institution. But during these times the public presentation of what he learned from the clinics brought the institution to change its psychiatric nosology. In this way, speaking to subject born in the era of modernity, that he invented a new structure. This presentation was profoundly changed during three different periods. Therefore, contrary to what is often said, Lacan’s path, far from being a straight line, was made of successive turns, according to which he took a position in the face of modernity.0 2001 Editions scientifiques et medicales Elsevier SAS

institution / moderuiti I narcissisme I paranoih / psychose I science

institution I modernity I narcissism I paranoia I psychosis / science

C ments qui marqubrent l’histoire de Jacques Lacan. On pourrait croire, 20 ans aprbs sa mort, que cela est bien termine. Mais l’apres-coup de son action fait

rises, eclats, effondrements, aleas, coups de theatre, tels furent les CvCne-

encore coup, imprevisiblement. On peut le dire aujourd’hui : il y eut trois ruptures que Lacan fut amen6 a accomplir lui-mCme : en 1953, en 1964, en 1980. Chaque fois le mCme enjeu : une cassure avec l’institution analytique pour que l’experience clinique cesse d’etre fondee sur le doctrinal promu et certifie par l’institution, mais qu’a l’inverse seule la praxis analytique puisse fonder la doctrine ainsi que l’institution, selon le vow freudien de la Luienunalyse. En 1953, Lacan rejoint Lagache et ses amis qui ont institue la Sock% francaise de psychanalyse. En effet, la position offkielle de la SociCte psychanalytique de

*PhilippeJulien, psychanalyste,membre de I’Associationpour une ecole de la psychanalyse, 5 me Berthollet, 75005 Paris, France. Tel. : 01 55 43 92 73 ; fax : 01 55 43 92 73. Recu le 17 janvier 2001 ; accept& le 29 janvier 2001.

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Paris Ctait d’inspiration psychotherapeutique et medicale, c’est-a-dire l’application a la pratique d’une theorie de l’identification idkale, instaurant un Moi fort selon une Ego-psychology en vue d’une bonne adaptation sociale. Lacan a l’inverse part de l’experience personnelle de l’inconscient et de ses formations, experience dont ensuite il rendra compte au tours de ses premiers seminaires. Ainsi il ne promeut la triple distinction du symbolique, de l’imaginaire et du reel que pour reactualiser I’invention freudienne toujours neuve du complexe d’CFdipe, a differencier de tout Ideal du Moi. Mais ce retournement selon la Laienanalyse ne sera pas reconnu par l’IPA, comme Lacan l’esperait. Son exclusion en 1963 l’amene done a une deuxieme rupture en fondant en juin 1964 une institution qui soit une Ccole, c’est-a-dire fondee sur le travail venant de la base a partir des questions posees par la pratique elle-m&me. Ainsi les deux colonnes sur lesquelles il souhaite que naisse cette Ccole sont le travail des cartels et le temoignage en tin d’analyse donne par des analysants occupant un jour la place d’analyste. Lacan le promeut en situant son seminaire hors Ecole ; et il repete dbs lors qu’il y parle en tant qu’analysant. Cette procedure fonctionne bien quelque temps, mais helas ! elle decline peu a peu a partir de 1975, de sorte que voila desormais que crest son seminaire public qui est mis par ses auditeurs au fondement meme de 1’Ecole. C’est la une catastrophe, que Lacan reconnait le 24 mars 1976 a la fin du Congres de Strasbourg sur (( Inhibition et acting-out B. Les orateurs n’ont fait que repeter son enseignement, au lieu de rendre compte de leur pratique ; et Lacan avoue : a A entendre les divers orateurs, j’ai eu ce sentiment d’etre comble [. . .] ; ca ne m’a pas satisfait ; ca m’a m&me perturb6 quant a l’utilite de ce que je fais. 1)En effet, il n’a entendu que (( des Cchos de ce qu’on peut appeler mon bavardage )) [ 11. De la vient la troisibme rupture, trois ans et demi apres : la dissolution de I’EFP qui n’est plus une Ccole. Au lieu de laisser ce carcan sur les Cpaules de ses membres, Lacan fait le vide, pour qu’a partir de ce vide s’engendre une Ccole qui soit de nouveau analytique. On en voit aujourd’hui les consequences : une creation multiple d’institutions dispersees de par le monde. Tel est le vrai destin de la psychanalyse, si elle est freudienne. Elle ne fait pas un ecclesial international comme la religion romaine, mais elle ne cesse de creer une rencontre entre analystes parlant entre eux comme analysants dans le champ de la psychanalyse en extension. Cette rencontre est analytique dans la mesure ou l’ecole a un caract&e cyclique de creation et de declin, d’invention et de dissolution. Place ir I’h5nement Or l’ecoute de la parole du sujet am&e Lawn a subvertir la nosographie psychiatrique qui distingue habituellement psychose et n&rose. 11y a une troisibme position, celle de l’homme de la modernite. C’est ainsi qu’en 1953 dans le Discours de Rome intitule (( Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse H,Lacan montre trois paradoxes, dans la mesure ou le d&sirhumain

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est le dCsir d’&re reconnu par le ddsir de 1’Autre dans l’accord de la parole ou dans la lutte de prestige, c’est-&dire dans le symbolique ou dans l’imaginaire [2]. Le premier paradoxe est celui de la folie psychotique : il y a langage sans parole, c’est-g-dire sans d&r de reconnaissance par 1’Autre. Le second est la n&rose bien montrde par Freud ; il y a langage certes, mais aussi parole qui, refoulke, fait retour dans les formations de l’inconscient (sympt8mes, r&es, actes manquCs, mots d’esprit) & reconnaitre dans et par leur dtkhifiement. Mais la nouveaut6, si l’on est fiddle B l’kcoute, est la naissance avec l’homme moderne d’un troisieme paradoxe : ou langage ou parole. Le premier p&e de la modernit

Le sujet de la civilisation scientifique et technologique perd son sens dans les objectivations du discours : La communicationpeut s’ktablirpour lui valablementdans l’aeuvrecommune de la science et dans les emplois qu’elle commande dans la civilisation universelle ; cette communication sera effective g l’inkieur de l’tnorme objectivation constitke par cette science et elle lui permettra d’oublier sa subjectivitk ([2], p. 282).

Sur ce point Lacan parle exactement comme Heidegger qui disait : a L’absence de pen&e (Gedunkenlosigkeit) est un hate inquiktant qui s’insinue partout dans le monde d’aujourd’hui N ([3], p. 133). La rationalitk technique du (( Comment faire ? )) efface la question du (( Pourquoi faire cela ? D et celle du (( Que suis-je done a le faire ? D. Bon bureaucrate, excellent gestionnaire, l’homo technicus possbde le savoir-faire de l’expert qui sait bien appliquer des rbgles communes et uniformes grdce &une absence de pen&e : pas d’idCologie, pas de vision globale, pas de sens de l’histoire. L’opCrationnel rapide, efftcace et hyper-spCcialisC exige une abstention d’ktats d’sme, une neutralit apathique, une insensibilitk d la singularit de tel ou tel cas. Cet universe1 abstrait fonde ti lui seul l’offlciel d’une communication anonyme et d’une informatique par ordinateur et par Internet. Hannah Arendt, ancienne Cl&e de Heidegger, a su reconnaitre en Adolf Eichmann lors de son pro& S Jkusalem, combien cet homme n’avait rien d’excentrique : Ce qui lui &ait arrivC pouvait B l’avenir arriver 1 n’importe qui : le monde civili& tout entier se trouvait devant le m&me problkme ([4], p. 399).

C’est la banalit du ma1 ; on est certes coupable selon une culpabilitk collective de l’histoire de son peuple, mais le sujet ne se reconnait pas responsable : il devait en bon technicien faire arriver les trains &l’heure g Auschwitz : Je ne me sens done pas responsable en mon for int&ieur [. . .]. J’Btais adapt6 g ce travail de bureau dans la section, j’ai fait mon devoir, conformkment aux ordres. Et on ne m’a jamais reprochk d’avoir manqut XImon devoir. Aujourd’hui encore, je dois le dire ([SJ, p. 161).

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Giinther Anders Ccrivant (( Nous, fils d’Eichmann D [6] montre trks bien g la suite de Lacan et de H. Arendt la prksence en chacun de nous d’un meme d&alage entre les effets techniques de telle fabrication et l’effet final des condquences, humaines. Le (( comment faire )) est sans rapport avec le (( pourquoi faire B. A cette absence de pen&es s’ajoutent la mondialisation du march& l’uniformisation des usages, le management purement gestionnaire et bureaucratique de rkglements, et enfin la robotique et l’informatique gCnCralisCepour un universe1 des savoirs. Le deuxi&me p&e de la modernit Mais face g ce langage objectivant s’affkme de plus en plus au XXe sikcle, non pas la parole d’un sujet, mais le Moi narcissique. C’est ou l’un ou l’autre. Ainsi au premier pale d’un universe1 abstrait vient s’opposer chez l’homme modeme un deuxikme p81e : I’identification g un Moi plus fort que jamais. Ce n’est pas sans raison que la premike recherche de Lacan conceme la visualisation de l’image de son propre corps. Elle s’est faite de 1936 g 195 1 selon les trois &apes suivantes : _ (( Tu es ce que je ne suis pas D. L’enfant a g sa naissance une vision morcelke de son propre corps : un bout de pied, un bout de bras. I1 est nC prdmaturkment en ce sens que c’est par la vision d’un autre de son entourage qu’il a la perception de l’image du corps humain en son unicit6 et en sa motricit6. _ (( Je suis ce que tu es D.Puis, au bout de quelques mois, c’est la phase du miroir. L’enfant se reconnait en l’image totale de son propre corps g&e ?Il’indusion de l’image de l’autre par identification. C’est la naissance du Moi en son narcissisme. - (( Tu n’es pas ce je suis )). Enfin naissent concurrence, rival&C,jalousie avec la connaissance de l’autre possCdant tel objet en position tierce. En effet, connaitre, c’est poser devant soi, lb-bas ; c’est objecter, jeter au-dehors. Lacan nomme la connaissance de son nom de parandiaque. C’est l’exclusion rkiproque : (( Ce n’est pas moi, c’est lui, c’est elle ! ~1. Tel est le triomphe du Moi par le dkpartage entre ceux que le Moi inclut et ceux qu’il exclut. C’est pourquoi le deuxibme pBle de l’homme du XXe sikcle est l’instauration d’un Moi collectif avec crispation identitaire excluant l’dtranger, le dissemblable, l’intrus. Ainsi Lacan pourra dire : Tous, tels que now sommes

ici, now sommes tous des racistes, tout le monde en plus le sait, tout le monde passe son temps ?Itout faire pour que pratiquement finisse la race, mais il est tout B fait clair que c’est absolument indkracinable’.

Ce processus fondateur du Moi fut la premibre avancke de Lacan. I1 le nommera Bpartir de 1953 du nom de relation imaginaire. Ce n’est ni l’illusoire, ni l’irrdel, ’ Le 14 octobre 1972,1 I’lhole belge de psychanalyse.

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mais l’identiticatoire comme effet de visualisation. Pas de dedans psychique sans dehors social.

Les rbponses de Lacan Face a cette nouvelle nosographie venant de la modemite, Lacan va repondre a partir d’un retour a l’invention freudienne. Mais il n’y a pas qu’une seule reponse comme peuvent le croire certains lecteurs. Lacan, en tant qu’analyste, n’a cesse d’apprendre du neuf de la bouche de ses analysants. C’est pourquoi sa reponse a la modemite n’est pas une ligne droite, mais un chemin qui ne cesse de bifurquer selon l’evenement nouveau qui advient. Ainsi face a la modemite, nous pouvons dans l’apres-coup ptkiodiser les reponses de Lacan selon trois temps. 1953-1963

: la v&it& par/e

La premiere reponse a la nosographie de 1953 sera heideggerienne avec le fameux discours donne QVienne en 1955 sous le titre (( La chose freudienne ou Sens d’un retour a Freud en psychanalyse B ([2], p. 401-36). Finie l’application d’une theorie preetablie a la demande du sujet. L’inconscient strictement individuel de tel sujet tree des syrnptomes, des r&es, des actes manques, en une parole faite de signitiants singuliers, propres a chacun et done absolument incomparables. Ce que l’analyste sait deja et par ailleurs, il doit l’oublier pour &outer ce que fait entendre la verite en un mi-dire irreductible. En effet, la verite est poesie en sa (
: un savoir sur la v&it&

L’dquivoque doit &re levee. Elle le sera en passant de Heidegger a Descartes. En effet la verite parle Je par les formations de l’inconscient. Elle parle, parle et parle en un mi-dire sans fin, dormant du sens et encore du sens : ca coule comme d’un

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tonneau per&. Jamais le sens, le dernier mot n’advient. L’incomprehensible demeure. Telle est la loi de la regle fondamentale : parlez Je. C’est l’analyse sans fin, sans limite, si l’on se contente du mi-dire de la verite. Lacan avec Freud &pond : la psychanalyse est une science, c’est-&dire un savoir a conquerir sur la verite. L’enjeu est de faire rCussir la mode&e, c’est-a-dire la demarche du sujet de la science par l’acquisition de ce savoir qu’est l’inconscient lui-meme. Mais comment peut-on parler du sujet de la science ? Le propre de la science est de se tenir d’elle-meme comme un savoir sans sujet. En effet, une fois constituee, une fois Ctablie et reconnue, la science n’a pas de nom propre, attache a tel savant, a tel sujet ; elle n’appartient a personne. Mais par contre, si l’on prend une science en sa naissance et son invention, alors il faut un sujet qui l’instaure. Telle est la demarche carthienne : un sujet comme correlat d’un savoir nouveau a promouvoir. Certes le savoir officiel a oublie ce sujet cartesien, mais celui-ci attend son retour. Et c’est exactement ce que la psychanalyse reprend : le retour de la methode cartesienne d’oii s’originent les Lumieres de la modernite. Quel est done ce chemin inaugure par Descartes et repris par la psychanalyse ? Tout d’abord il y a doute methodique des savoirs recus par la coutume et l’education. Ce n’est pas scepticisme, mais table rase, vide, retrait. Mais ce dire (( non )) ne suppose-t-i1 pas un sujet ? (( Je doute, done je pense )). Va-t-on en conclure qu’un sujet &tit dkjja la et qu’ensuite il pense ? Non, Lacan insiste sur ce point : la (( pensee )) est un signitiant qui est premier, et le sujet en est l’effet. 11faut done poser ceci : a Je doute, je pense, je pense quoi ? H (( done je suis )b).11n’y a pas d’Ctre du sujet ; celui-ci vient des signifiants : e done je suis P. Telle est la certitude du sujet : il est represente par tel signifiant, tel trait, celui d’oil il vient. Le sujet vient de l’acte, evenement ponctuel et evanouissant, comme l’ecrit Descartes : 11faut conclure et tenir pour constant que cette proposition : je suis, j’existe est dcessairement vraie toutes les fois oii je la prononce ([7], p. 38).

Ainsi, poursuit Lacan, le sujet de la science est divise : la oh il pense, il est represente par une suite de signifiants, un essaim de Sl , chaque signifiant le rep&entant aupres du signifiant manquant (S2) qui dirait son Ctre meme. Telle est la division du sujet : $, sujet bark. Et la psychanalyse est directement concemee : a Sa praxis, disait Lacan, n’implique d’autre sujet que celui de la science )) ([2], p. 863). Ce n’est pas desesperant. Au contraire, ce non-&e, cet impossible B savoir, est la condition de la naissance d’un sujet d&rant, s’identifiant a l’objet pulsionnel, a l’objet petit a, cause de ce qui lui manque. Done, fin de l’analyse par la place donnee au pulsionnel. Ainsi, avec l’homme modeme la deuxibme reponse de Lawn a partir de 1964 est le reel comme Ccart entre vCritCet savoir. 11n’y a pas de vrai sur le vrai, pas de metalangage : le savoir ne recouvre pas tout le dire-vrai. Cette faille est le reel

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meme comme dimension de la psychanalyse en reponse, non pas a la folie, ni a la n&rose, mais au sujet de la science nC avec la modemite. 1973-7979 : une nouvelle psychose

Lacan aurait pu se contenter de demontrer que
imaginaire, notre symbolique et notre r&l sont peut-he pour chacun de nous dans un &at de suffisante dksociation wur aue seul le Nom-du-P&e fasse nceud borromken et tenir tout $a ensemble [8] fjigure*l). s

Or qu’arrive-t-i1 si cette compensation comme quart Clement est d’ordre nevrotique ?

Figure 1.

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Lawn, le 8 janvier 1978, au Congr&s de Deauville, pose cette question : Pourquoiviendrait-ondemander1 un analyste le tempdrament de ses symptbmes ? Tout le monde en a, &ant don& que tout le monde est nkvros6 ; c’est pour ga qu’on appelle le sympGme, A l’occasion, ntvrotique. Et quand il n’est pas ndvrotique, les gens ont la sagesse de ne pas demander 21un analyste de s’en occuper.

Et c’est alors qu’il nomme du nom de psychose tout analysant : Ce qui prouvequandmCmeque ne franchit Ca, li savoir demander B l’analyste d’arranger ~a, que ce qu’il faut bien appeler le psychotique [9].

C’est vraiment 18 une nouvelle p&se&&ion de la psychose : A partir d’une forclusion du Nom-du-P&e, une supplCance nkotique qui fait tenir ensemble symbolique, imaginaire, rkel. Ainsi l’analyse a dCsormais pour fonction de pouvoir un jour laisser tomber ce quart ClCment devenu inutile, quand le noxd & trois ClCments a acquis sa propre consistance, g&e B la levee de la forclusion du Nom-du-P&e. Telle est la demike proposition de Lacan sur l’homme d’aujourd’hui. Lacan ne s’est pas content6 de la clinique ; il en a rendu compte en position d’analysant parlant, non pas &un analyste, mais ZId’autres analysants dans ce champ de la psychanalyse qu’est sa prksence publique avec le doctrinal, avec l’institutionnel et avec le social. Ddjja, le 2 mai 1962, dans le skminaire (( L’Identification )), Lacan afflrmait : Si

pour nous le sujet n’inclut pas dans sa dkfinition, dans son articulation premihre, la

possibiiit6 de la structure psychotique, aloes nous ne serons jamais que da alitnistes.

Pas d’immobilisme classificatoire, pas de nomenclature skgrdgative, mais du possible par suite de la rencontre de 1’CvCnementqui surgit, impr&isiblement.

II

RcFliRENCES

1 Lean J. Discours de cl&we du con&s de I’Ecole Fregdienne de Paris B Strasbourg. Let&s de l’Ecole Freudienne 1976 ; 19 : 555-6. 2 Lacan J. I&its. Paris : kditions du Seuil, toll. Le champ freudien ; 1966. 3 Heidegger M. L’exptrience de la pen&e. In : Questions III. Paris : Gallimard ; 1966. 4 Arendt H. Eichmann B JCrusalem. Rapport sur la banalit& du mal, Cd. fr. Paris : Gallimard ; 1966. 5 Brauman R Sivan E. &lone de la dksobkissance. Le pkcbs Eichmank Essai sur la responsabilitk Paris : Le Pommier, toll. Manifestes ; 1999.

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6 Anders G Nous, fils d’Eichmann. Paris : Editions Rivages ; 1999. 7 Descartes R. MBditation seconde, 4. In : Mkditations mCtaphysiques, 6d. fk Paris : Presses Universitaires de France ; 1968. 8 Lacan J. Stminaire du 11 fkvrier 1975. RSI (inkdit). Ici le Nom-du-Pbre est B lire comme P&e-du-Nom, P&e nommant. 9 Lacan J. Discours de cl6ture des assises de 1’8cole Freudienne de Pris g Deauville. Lettres de l’lkole Freudienne 1978 ; 23 : 181.